Comment ne jamais changer tout en ne cessant d'être meilleur d'album en album? Une question qui, on s'en doute un peu d'entrée de jeu, indique qu'il y a peu de chance que je critique violemment le dernier album du duo écossais. En effet si on aimait déjà le groupe, Monday at the hug & pint est vraiment terrible!

Ainsi d'une part ils n'ont jamais vraiment changé, ils sont bien restés les mêmes : Aidan écrit toujours des textes personnels, incisifs, crus (ô combien) et introspectifs dénués de complaisance et interprétés avec un désenchantement viscéral communicatif. Malcolm compose toujours en relation étroite avec son alter-ego cette musique slow-core intimiste, original et forte qui est devenu une marque de fabrique de l'univers Arab strap. Cette base commune reste ainsi identique ne serait ce que par son incarnation humaine, cette arabstrap's-touch qu'on reconnait en deux souffles et pourtant incernable.

Par ailleurs l'évolution est très nette depuis Philophobia et même depuis le dernier et magnifique Red Thread notamment du point de vue musical. En effet ce qui marque et réjouit le plus avec ce nouvel album c'est la luxuriance et la variété du nouvel habillage sonore qui ne dénature pas l'originalité du groupe mais la renforce : c'est assez inattendu et même presqu'à craindre a priori et pourtant ça fonctionne complètement!

A la source de cette nouvelle richesse sonore de nombreuses collaborations notamment avec Barry Burns des joyeux terrorristes soniques de Mogwai (qu'on adore) ou le jeune Conor Oberst de Bright Eyes (qu'on adore) qui avait, on se le rappelle, effectué la première partie du dernier concert parisien du groupe au Divan du monde : l'amitié entre eux était déjà à fleur de peau et s'était formalisée en rappel par un "Afterwards" en duo d'anthologie et sans concession qui restera à jamais dans les annales de ce qui peut se faire de mieux pour nous renverser le coeur et c'est aussi pour ça qu'on aime Arab Strap. On note ainsi en passant que le groupe est sensationnel en concert et on se réjouit du fait que Malcolm évoque dans une interview pour Froggy Delight un éventuel prochain concert parisien à la Guinguette Pirate que les lecteurs bien inspirés éviteront de rater pour leur plus grand bonheur.

Ainsi le disque est passionnant de bout en bout, multiforme dans les recherches sonores et dans les ambiances générales des morceaux, c'est un album structuré et vivant qui ne peut PAS être ennuyeux et qui est évident à la première écoute et addictif dès les suivantes. Mêmes les morceaux inattendus dans le répertoire original et donc a priori cloisonné du groupe sont de vrais bonheurs. On regrettera peut être anecdoctiquement juste les petites bizarreries de The Red Thread comme "3.26AM". Et puis il est un peu court aussi (45 minutes). A vrai dire il est dur de retrouver à en redire, si vous n'étiez pas allergiques au précédent j'ai dû mal à imaginer qu'on puisse ici être déçu.

Inutile de faire plus long et d'en rajouter pour maquiller derrière des périphrases cette évidence : c'est pour moi le meilleur album du groupe, et sans doute aussi un des meilleurs dans les bacs depuis longtemps!

A découvrir absolument!