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Thurston Moore - Nurse with wound - Flipper - Richard Youngs - Taurpis Tula - Islaja - Melvins - Gang of four - Dinosaur Jr  (Angleterre)  Du 8 au 10 décembre 2006

Présentation. Nightmare Before Christmas, le cauchemar avant Noël en version française. Non pas le film d’animation de Tim Burton, mais le fameux Festival All Tomorrow’s Parties.

Petit retour en arrière pour les néophytes. En 1999, Belle & Sebastian invitent des groupes et organisent leur propre festival dans un camp de vacances en Angleterre. L’année suivante, l’idée se voit reprise : le premier festival All Tomorrow’s Parties vient de naître.

Depuis, près d’une quinzaine de manifestations se sont déroulées pour lesquelles Tortoise, Mogwai, Slint, Autechre, Sonic Youth, Shellac, Devendra Banhart, Shins, Mudhoney … se sont prêtés au jeu. Souvent exigeante, parfois obscure, la sélection des groupes invités demeure totalement atypique, faisant d’ATP un festival à part dans le paysage. Exceptions faites de quelques infidélités à New-York et Los Angeles, ces rassemblements à taille humaine (2000 personnes) se déroulent à Camber Sands en rase campagne anglaise, non loin de la mer, au sud-est de Ashford.

Eu égard à la situation géographique et aux conditions climatiques, les spectateurs ainsi que les groupes sont logés dans de jolis petits chalets tout confort (cuisine, chauffage, salle de bain …). Cerise sur le gâteau, la programmation de la télévision présente dans les hébergements est également réalisée par le curateur du festival.

Comme ces deux dernières années, une édition spéciale du festival est organisée début décembre : le Nightmare Before Christmas. Et cette année, c’est Thurston Moore qui s’y colle.

Affiche clairement délimitée entre crème de la scène noise actuelle (Plurient, Wolf Eyes, Hair Police …), légende de la scène grunge (Flipper, Melvins, Dinosaur Jr ), de la scène noise-hardcore (Dead C, Negative Approach, Nurse With Wound …) ou légendes tout court (Stooges, MC5, Sonic Youth …). Sans parler d’une multitude de formations folk, expérimentales souvent quasi impossibles à voir … en France tout au moins. Bref le guitariste de Sonic Youth a mis les petits plats dans les grands.

Changement logistique notable pour cette nouvelle édition avec un déménagement à proximité de Bristol, à Minehead précisément, dans un camp de vacances d’une taille trois fois supérieure à Camber Sands. Avec un programme plus que copieux : une soixantaine de groupes en trois jours …

L’endroit possède trois salles de spectacle : la Center Stage (environ 3000 personnes), la salle Reds (à peu près 1500 personnes) et le Crazy Horse (aux alentours d’un millier de places). Dernière précision, les deux groupes phares du line-up (Sonic Youth et les Stooges) se produiront à deux reprises mais chaque spectateur ne pourra les voir qu’une seule fois. Le jour imposé d’office suivant la couleur du bracelet reçu à l’entrée.

Voilà pour les présentations. Place à l’action.

Premier jour.

Des heures que l’on roule, que l’on s’enfonce chaque kilomètre plus en direction de Minehead. Et l’heure du début du festival approche à grands pas. Fort heureusement, tout s’emballe : le Bultins Holiday Centre pointe le bout de son nez. A peine la voiture garée, objectif retirer les bracelets et prendre possession du chalet. Enfin pas vraiment le temps de lambiner, les concerts s’apprêtent à débuter.

Les sacs posés, on rallie au pas de course la grande scène pour Nurse With Wound.

Véritables légendes affiliées au courant indus, plus prolifiques encore que notre JL. Murat national, NWW fricote depuis plus de vingt-cinq ans avec les aspects déviants de la musique rock : noise, indus, krautrock … Compte tenu de l’orientation du week-end, le set des anglais sera plutôt du genre drones noise. Globalement sympathique mais on s’attendait clairement à mieux, étant donnée la réputation qui les précédait.

Au même endroit arrivent ensuite les séminaux Flipper formés à San Francisco à la fin des années 70.

Premier groupe à propos duquel le terme grunge fut utilisé, référence ultime de feu Kurt Cobain, Flipper fait à juste titre figure de parrain du défunt mouvement de Seattle. Clin d’œil ultime, Chris Novoselic (à peu près méconnaissable entre sa calvitie et son embonpoint) assure la basse pour cette tournée anglaise. Profondément ancrés dans leur époque, les morceaux de Flipper restent fort efficaces malgré un aspect un peu désuet. En effet, comme souvent avec ces groupes cultes instigateurs d’un mouvement, on reste un peu sur sa faim tant les héritiers ont poussé loin leurs expérimentations.

Translation dans la foulée vers la plus petite des trois scènes, le Crazy Horse, pour Richard Youngs.

Cultissime chanteur folk auteur de trop rares apparitions, la prestation de notre homme sera uniquement vocale sous la forme d’une succession de poèmes incantatoires d’une dizaine de minutes. Une apparition magnifique, forcément déroutante et atypique qui aurait probablement gagné à se voir agrémenter de quelques instruments. Pour l’heure, pas vraiment le temps de se lamenter, à peine celui de retraverser le site pour les Melvins. Et là … premiers contacts avec ce qui restera comme le pire souvenir de ce week-end, à savoir ces interminables queues avant de pénétrer- si l’on a de la chance - dans les salles. Après quinze minutes sans avancer d’un poil, de guerre lasse, on choisit de rappliquer avec un peu d’avance au Crazy Horse.

Tant pis pour les Melvins, on se consolera avec Taurpis Tula.

Psychédélisme moderne peut-on lire dans le descriptif fourni à l’entrée. Psychédélique certes, mais dans le sens premier du terme. En effet, la musique du trio part dans tous les sens, chacun des musiciens donnant l’impression de jouer dans son coin. Mention spéciale à Leigh Murray déchirant des accords sur sa pedal steel. Heavy psychédélique semblerait plus approprié : Blue Cheer rodant parfois dans les parages.

Dans la foulée, concert des Stooges pour les bracelets rouges, tandis que la majorité des bracelets jaunes se ruent vers Deerhoof au détriment de Islaja. On aurait volontiers opté pour les premiers mais il fallait compter une bonne demi-heure de queue pour rentrer. Et les sets de Deerhoof sont habituellement brefs. L’histoire se répète, on abandonne donc une seconde fois devant l’étendue de la file pour revenir au Crazy Horse.

Et Islaja dans tout ça ? Trop occupés à fulminer contre les organisateurs, on a presque oublié de prêter attention à cette formation norvégienne genre Bat For Lashes, récemment auteur d’un deuxième album sur Ecstatic Peace, le label de Thruston Moore.

Arrivent dans la foulée, les Charalambides, groupe folk américain formé par Tom et Christina Carter.

Dépouillée, élimée, râpée, brute, la musique du duo ne s’éloigne jamais vraiment de la musique traditionnelle américaine que seule des références appuyées à John Fahey ou Robbie Basho viennent arrondir. Remarquable concert, la chair de poule dans le dos et tout …

Direction dans la foulée vers la scène Reds pour Dominick Fernow aka Plurient.

Fer de lance de la nouvelle scène noise new-yorkaise, déjà remarqué lors du No Fun festival à NYC au début de l’année ou à Sonic Protest à Montreuil, Plurient représentait incontestablement un des sommets de cette première journée. T-shirt moulant à manches longues, jean serré, gros godillots, gants noirs, cheveux tombant sur le visage, Dominick Fernow se place dos au public. Et ne se retournera jamais. Rivé à son micro, Plurient hurle, triture ses machines, se tord dans tous les sens, en plein transe, comme possédé.

L’intensité de sa prestation est telle que cette dernière s’achève au bout de vingt-cinq minutes. Cette rage, cette tension sourde toute en retenue demeure totalement fascinante. Impossible de rester de marbre face à un artiste faisant preuve d’un tel investissement.

Encore sous le choc d’un tel spectacle, celui des néo-zélandais de Dead C paraît presque fadasse.

Pris en cours de route, leur set ne convainc en effet qu’à moitié. Dommage, car leur présence hors de leur île natale constituait aussi un highlight de cette journée. Deux mètres devant, c’est un Lee Ranaldo visiblement aux anges qui joue au petit reporter, appareil à photo autour du cou. Une première journée inégale, globalement mitigée, parfois proche du Nightmare (groupes cultes décevants, problèmes de places dans les salles …) mais ayant néanmoins réservé d’excellentes surprises.

Deuxième jour.

Compte tenu des problèmes logistiques rencontrés la veille, l’organisation annonce, sous la forme d’un tract glissé sous la porte des chalets, que les Melvins et Deerhoof rejoueront un deuxième set en début d’après-midi. On ne peut que louer la bonne volonté des organisateurs.

A l’instar de Flipper, les Melvins occupent, plus de vingt ans après leur formation, une place de choix dans le paysage et l’histoire de l’indie rock US.

Tour à tour précurseurs du mouvement grunge (Kurt Cobain avait en vain tenté d’intégrer le gang), défricheurs de nouveaux territoires musicaux, auteurs de collaborations de rêve (le guitariste Buzz Osborne en membre de Fantomas avec Mike Patton …), les Melvins, tel Sonic Youth, n’ont jamais pris le temps de se reposer. Malheureusement, comme les précédentes fois, on quitte le concert avant la fin, un brin mitigé. Sans véritablement pouvoir expliquer pourquoi … Trop lourd ? Pas assez de subtilité dans les titres ? Possible … avec deux guitares heavy et deux batteries jouant peu ou prou la même chose.

Changement radical d’ambiance avec le retour des inclassables Deerhoof, désormais réduit en trio.

Quel bonheur que ces hymnes pop bubble-gum electro délurés portés par la voix enfantine de Satomi Matsuzaki ! Stereolab rencontre Blonde Redhead au pays des Schtroumpfs en quelque sorte. Seul déception, à peine plus de trente minutes de show …

Du lourd maintenant avec Hair Police.

Entre Plurient et Wolf Eyes. A la formation originale (basse-batterie-machines) s’est joint John Olson de Wolf Eyes au saxophone. Musicalement totalement différent de ce que l’on avait pu entendre ou voir de leur part, cette prestation vaudra surtout par l’énergie déployée, digne d’un concert rock. De quoi rendre les concerts noises plus facilement accessibles.

Un crochet par la grande scène pour assister à la dernière chanson de Wooden Wand. Vraiment trop de groupes à voir durant trois jours … pas le temps de se reposer, les organismes commencent à fléchir.

Au Crazy Horse, arrivent Double Leopards, une vraie réjouissance en perspective.

Grosse déception pour le coup, pas ou peu de présence scénique, juste des musiciens triturant leurs machines. Non franchement, le noise sans l’énergie passe difficilement en concert.

De Sun City Girls, on conservait un souvenir plutôt déçu de leur prestation à l’ATP Slint.

Mais l’irrégularité demeure une des marques de fabrique du groupe de Richard Bishop. Et ce 9 décembre fut une soirée d’enfer entre morceaux inspirés, exécution parfaite et blagues savamment distillées durant les intermèdes. Etonnant qu’un producteur avisé n’ait pas encore jeté son dévolu sur eux tant le groupe possède de potentiel et serait capable, en arrondissant quelques angles de casser la baraque. Ce qu’ils refuseraient certainement de faire tant leur philosophie DIY a été érigée en étendard depuis près d’un quart de siècle.

Pas de répit ensuite avec Gang Of Four pour un set copie conforme de celui de la Cigale aux Inrocks.

Carrés à la limite de la froideur, les quadras égrènent les tubes repris en chœurs par un public anglais surexcités. Les "Damaged Goods", "Ether" et autres tubes de Entertainment ébranlent la fosse, faisant véritablement l’effet d’une bombe.

Réapparu pour d’obscures raisons financières, les vétérans grunges de Dinosaur Jr n’en finissent plus de hanter les raouts rock majeurs ces dernières années.

Reformé dans son line-up original (avec Lou Barlow et Murph), le trio a fière allure et entend bien racheter ces longues années de silence. Avec force décibels. Lou Barlow demeure incontestablement le plus classe, impeccable à la basse et au chant. Difficile d’en dire autant de Jay Mascis : tignasse grise et tombante, mouvements ralentis, le guitariste/chanteur a perdu de sa superbe. Le sourire aux lèvres, on se remémore cette méchante blague de Steve Albini à Primavera en juin dernier : "Hier soir, je suis allé voir Dinosaur Jr, il y avait une serpillière qui traînait sur scène". Ne crachons cependant pas dans la soupe, ce set de Dinosaur Jr. aux allures de best of se boit comme du petit lait : "Freak Scene", "Tarpit" ... Ne reste plus qu’à attendre une reformation de Sebadoh ?

Choix cornélien pour la clôture de cette soirée, entre des Sonic Youth déjà vu une dizaine de fois et les extraordinaires Comets On Fire, à ce jour désespérément invisibles dans l’hexagone.

En réalité, on a vite fait de trancher pour les seconds. Malgré une trentaine de minutes de retard à l’allumage, le set des californiens tiendra toutes ses promesses. Remarquable fusion entre le Crazy Horse et le Allman Brothers Band, Comets On Fire convoque l’esprit des dinosaures des années 70 entre riffs grassouillets et lumineuses balades au piano ; sans jamais tomber dans la vulgarité. Sur scène, oubliés le son produit et les parties calmes de leur répertoire : ce ne sont que riffs, grondements de voix, transpiration ... De quoi faire passer les Kings Of Leon pour Simon & Garfunkel.

Plus tard, s’ajouteront à la formation originale Chris Corsano ou encore Derek Stanton de Awesome Color pour un final apocalyptique. Le temps de sortir, des affiches tapissent déjà les murs : Gang of Four et Dinosaur Jr rejoueront respectivement en fin de soirée et le lendemain pour ceux n’ayant pu pénétrer dans les salles.

Devant la quantité de spectateurs ayant déserté l’endroit, on choisit de se reprendre une deuxième rasade de Gang Of Four. Pas franchement une idée lumineuse : plus de destruction de micro-ondes sur "He’d Send In The Army", le groupe- plus particulièrement John King - est complètement cuit. Accueil mitigé dans ces conditions. Et Andy Gill de conclure par un "Merci beaucoup. Vive la France !!". Retour au chalet, un petit "Chien Andalou" de Buñuel, une bière et au lit.

Troisième jour.

Coup de massue au réveil avec l’annonce de l’annulation de Jackie-O-Mothefucker. Un brin désoeuvré, les traits tirés, on se dirige vers la grande scène pour rejoindre des spectateurs parcimonieusement dispersés en attendant le deuxième set de Dinosaur Jr. Pas grand-chose à ajouter tant celui-ci ressemble à celui vu la veille. Enfin, on passe toujours un très bon moment.

Pour la suite, place à Bark Haze, duo monté par Andrew MacGregor et Thruston Moore, creusant dans ce sillon rock noisy que le leader de Sonic Youth affectionne tant.

Jolie surprise en ce dernier jour avec une soirée spéciale Michigan sur la grande scène : Aaron Dilloway, Awesome Color, Wolf Eyes, Negative Approach, Stooges, MC5/DKT. Un rêve éveillé en quelque sorte à l’exception de la reformation bancale des protégés de John Sinclair, ratable au moindre prétexte.

Depuis son départ de Wolf Eyes, Aaron Dilloway ne semble pas vraiment avoir chômé. Perdu au milieu de la scène, assis derrière ses machines, chemise de bûcheron, notre homme dispensera un set intéressant, rempli de nouvelles pistes, de nouvelles expérimentations noises. Plutôt très convaincant.

Rapide coup d’œil aux Skaters avant de revenir sur la Centre Stage. Dos au public, recroquevillé sur leurs machines, le duo californien propose une succession de drones noises. Le genre de musique extrêmement exigeante, difficile à pénétrer après quelques minutes.

On trace notre route jusqu’à Awesome Color, prometteuse formation de Ann Arbour signée sur Ecstatic Peace, qui envoie du bois une heure durant. Sévèrement. Amusant également de constater à quel point le groupe semble avoir digéré ses références "‘Michigan" : la sauvagerie des Stooges, la méchanceté du MC5, les riffs crades à la Bob Seger, parfois même la chaleur du son de basse des productions Motown … Une vraie révélation.

On avait laissé Wolf Eyes au Point Ephémère en pleine finition de leur dernière livraison Human Animal.

Fan terminal devant l’éternel, Thurston Moore réserve à ses favoris une place de choix sur la grande scène. Sans l’affluence qui va avec malheureusement. Les Wolf Eyes ont parait-il été au lit de bonne heure la veille. Et de dispenser au sommet de leur forme un set riche, violent, tendu, empli d’une rage sourde. Au risque de dérouter ou de faire fuir ceux qui n’auront pas fait l’effort.

Dépassées les reformations de dinosaures (Stooges et MC5/DKT) prévues en clôture, le véritable évènement de cette soirée spéciale demeure sans conteste le retour de Negative Approach.

Autour de nous, personne ne les a évidemment jamais vus, ni ne sait à quand remonte leur dernière date en Europe. Dès les premières notes, une faune venue de nulle part investit les premiers rangs pour provoquer un pogo d’une violence inouïe. Oubliées les habituelles bousculades bon enfant, ici coups de pied et bourre-pifs sont dispensés à tout va. Jusqu’au moment où un furieux viendra briser une chaise au milieu de ce beau bordel, refroidissant du même coup les plus téméraires.

Des circonstances atténuantes sont néanmoins à prendre en compte, car sur scène, le groupe pilonne sévère. Les titres, ultra courts et d’une brutalité sans pareille, extraits de leur carrière météorite sont enchaînés sans le moindre temps mort. Une magistrale leçon de hardcore par l’un des groupes fondateurs du mouvement avec Minor Threat et Black Flag. Posté sur le côté de la scène, un parterre de musiciens contemple les évènements avec satisfaction.

Ambiance nettement plus détendue dans la foulée avec Six Organs Of Admittance au Crazy Horse, dont on ne peut que déplorer les trop rares apparitions en France.

Ben Chazny reçoit ce jour le renfort de John Moloney (Sunburned Hand Of The Man) et Keith Wood (Hush Arbors). En formation électrique, Ben Chazny lorgne forcément plus vers ses opus récents (The Sun Awakens en tête) que vers ses premiers efforts.

Après un chouette morceau avec Sir Richard Bischop de Sun City Girls, direction la Centre Stage pour les Stooges.

Leurs concerts parisiens et autres festivals ces dernières années furent certes excellents, mais on les aurait volontiers zappés pour Jackie-O-Motherfucker ce soir. Devant la défection de ces derniers, c’est presque à reculons que l’on fait la queue (encore) pour l’iguane et ses sbires. Grave erreur … car contre toute attente, le quatuor de Detroit va donner un concert monstrueux.

Pas forcément meilleur que le premier Zenith, mais au moins avec des conditions de son et de confort d’enfer (pas franchement compliqué dans l’absolu). Toujours aussi peu d’originalité dans la setlist - exception faite d’un correct extrait de leur nouvel album prévu pour mars 2007 - : mêmes titres qu’à l’accoutumé, même ordre à quelques inversions près, même interventions calculées … On aimerait les Stooges plus audacieux.

Qu’importe, on se régale avec toujours autant de plaisir de ces titres inaltérables : "1969", "1970", "TV Eyes", "I Wanna Be Your Dog" … Il va sans dire que devant un tel show, les spectateurs deviennent complètement dingues, des verres de bière encore pleins volent au dessus du public dans une ambiance digne d’un rassemblement de bikers. Histoire de ne pas gâcher la fête, on file à peine "Fun House" achevée, en direction du Crazy Horse pour deux happenings d’excellente facture avec No-Neck Blues Band tout d’abord suivi de Sunburned Hand Of The Man.

Loin du set un peu brouillon de Primavera, No-Neck Blues Band proposera une performance arty très hippie dans l’esprit.

A l’intar de Grace Slick, la chanteuse arrivera seins nus avant de se revêtir dès le deuxième titre. Les autres membres ne restent pas de marbre, chacun arborant un déguisement des plus extravagants. Et le groupe de partir dans de longues pièces, rythmées par les incantations de sa chanteuse ; Damo Suzuki ou la Yoko Ono de son "Plastic Ono Band" n’étant jamais très loin. Pas évident, pour les non adeptes d’établir la limite entre improvisation (bordée ou non) et compositions.

Charge enfin à Sunburned Hand Of The Man de clore dans le chaos ces trois jours de festival.

A la formation originale (déjà à géométrie variable) s’est joint une kyrielle de musiciens traînant dans le coin. Plus d’une douzaine sur la petite scène. Deux batteries, un violoncelle, deux basses peut-être, au moins trois guitares, des chanteurs … Dans la grande tradition des happenings, la performance, majoritairement basée sur des improvisations, s’avère autant visuelle qu’auditive. Un des membres s’amuse avec un buste de mannequin sur lequel est fixé une tête, un autre confie des branches d’arbres au public. Un chanteur, dandy efféminé aux cheveux rouges coupés au carré, ajoute quelques voix sur le foutoir ambulant. Thruston Moore, à gauche de la scène n’en perd pas une miette. Rappel du même tonneau. Rideau.

Epilogue.

Les mauvais souvenirs de queues reviennent à l’esprit de prime abord. Mais ces problèmes bassement logistiques ne peuvent en aucun cas occulter la qualité de ce week-end. Les organisateurs trouveront forcément une solution (moins de groupes, moins de spectateurs, généralisation des bracelets de couleurs …).

Globalement, ATP a parfaitement bien géré son évolution vers une manifestation de plus grande ampleur tout en conservant sa marque de fabrique, étrange mélange de pointures cultes et bizarreries, où artistes et spectateurs se mêlent sans barrières.

Vivement le printemps avec deux nouvelles éditions : la première en avril organisée par The Dirty Three et la deuxième en mai conjointement entre les membres de l’association ATP et les spectateurs, ces derniers devant remettre une liste de leurs dix favoris une fois le pass acheté.

 

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