Beaucoup d’entre vous connaissent sûrement Matt Elliott pour ses dernières œuvres : du folk ascétique et sombre parfois rehaussé de violons qui ne sont pas sans rappeler les musiques tziganes…
Bien avant cela, il y a une bonne dizaine d’années, le bonhomme s’escrimait avec quelques autres formations aventureuses à hisser le post rock britannique parmi le meilleur et le plus inventif. A cette époque, Matt Elliott habitait à Bristol, une ville surtout réputée pour sa scène trip hop… Avec quelques autres groupes (Flying Saucer Attack, Disco Inferno ou encore Hood avec lesquels il travaillera sur leur magnifique Rusted Houses, Forlorn Valleys) il prendra la tangente et s’aventurera vers cet "après le roc" qui semblait ouvrir d’excitantes perspectives musicales…
Son projet Third Eye Foundation, souvent labellisé post rock a d’ailleurs rien d’un groupe de rock et encore moins d’un groupe de post-rock classique… Au milieu des années 90, une autre scène en plein essor commence à mettre tous les jeunes londoniens à genoux : la Drum’n Bass et la Jungle… Mais Matt Elliot n’est pas du genre suiveur et il va concocter dans son coin une Drum’n’Bass de contrebande, frelatée, dérangeante…
Le seul lien avec la Drum’n Bass est la rythmique épileptique si caractéristique au genre… Pas de Mc pour rapper sur les beats concassés du bonhomme : les morceaux sont parcourus de guitares stridentes, triturées et bien souvent effrayantes. Le travail sur les textures et les guitares ne sont pas sans rappeler les expériences de Kevin Shields et My Bloody Valentine…
Collected Works - An Overview s’emploie à regrouper le meilleur des travaux du projet de Matt Elliot, en piochant dans les trois albums sortis à l’époque. La sélection des morceaux de Ghost est impeccable, avec notamment l’excellent mais angoissant "Semtex"… Le choix des morceaux de You Guys Kill Me a dû être un véritable casse tête, tant cet album était incroyable et peu commun à l’époque.
Les trois derniers morceaux de cette compilation offre le côté le plus humain et abordable de la musique de Matt Elliott que l’on sent en pleine transition (sur l’album Little Lost Soul)… Les machines semblent domptées, les textures angoissantes laissent place à de jolis arpèges cristallins, de gracieuses voix féminines se font entendre ("Lost").
Une compilation non exhaustive, car la musique de ce défricheur de musique bizarroïde mérite une investigation plus poussée. |