Chef
de file incontestable du mouvement rock revival actuel, les White Stripes
ont explosé à la face du monde après plus de trois ans
d’anonymat – et deux albums, comme Blur en son temps –
avec l’affolant "White Blood Cells" porté par
une hype NMEsque sans précédent à la suite de celle des
Strokes.
Pour ce quatrième album, Elephant, enregistré
à Londres, plus question de compter sur l’effet de surprise pour
espérer faire des émules. A mesure que le temps passe depuis leur
phénoménal premier essai discographique en 1999, le duo de Detroit
s’éloigne du garage-blues basique : passages de clavier sur "De
Stijl" ou ambiances apaisées sur "White Blood Cells"
prouvant au passage les talents croissants de compositeur et d’arrangeur
de Jack White.
Pour ne pas faillir à cette évolution et faire taire les détracteurs
du groupe – fans de Yes devant l’éternel pour qui
une chanson en deux accords à la guitare ne saurait s’envisager
–, le nouveau simple du groupe (qui ouvre l’album : "Seven
Nation Army") est bâti sur une entêtante ligne de basse.
Quelque peu dérouté, l’auditeur revient en terrain connu
quatre minutes plus tard avec un "Black Math (le titre le plus
perforant du disque), dans la plus pure tradition du groupe de Detroit. Sur
les cinq morceaux suivants, l’intensité musicale retombe un peu
au profit de titres plus calmes proches de l’esprit du disque précédent
si ce n’est "There’s No Home For You Here" et
surtout le magnifique "In The Cold Cold Night" susurrée
par Meg (le plus beau titre de l’album).
Habitué – surtout au début – à des titres
quasi-wiresque dans la durée, le groupe se hasarde ensuite avec brio
au format long : "Ball And Biscuit", sorte de blues torturé
s’étirant sur plus de sept minutes durant lesquelles plane l’ombre
de Son House. Vient après "The Hardest Button To Button"
et son riff lourd, écrasant…. un énorme tube en devenir.
Le dernier quart semble être directement tiré de leur album éponyme
tant ne subsistent que l’urgence et la violence ("Hypnotise"
ou "Girl You Have No Faith With Medi") qui faisaient auparavant
la marque de fabrique du groupe. Dans le même esprit – mais dans
un style différent (Blind Willie McTell au hasard) –,
le dernier titre "It’s True That We Love One Ano",
chanté en duo entre Jack et Meg, apporte la cerise sur le gâteau.
Au final, le duo de Detroit a fait plus que transformer l’essai avec
cet "Elephant", peut-être pas son disque le plus jubilatoire,
mais incontestablement sa plus grande réussite… tout en gardant
des paroles très primesautières et un jeu de batterie des plus
simpliste …. la classe
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