Quelques rumeurs de ci de là avaient attiré, il y a presque un an, notre attention sur le premier album de Jack the Ripper "The book of lies". Il était alors questions de prestations scéniques singulières et d'un registre proche de celui de Nick Cave et ses Bad Seeds.

A défaut d'avoir apprécié les exploits scéniques, force était de constater que l'album ne décevait pas. Des chansons graves et poétiques, une musique tourmentée mais mélodique, des cordes, des claviers, des cuivres et une voix profonde et envoutante.

Avec "I'm Coming", les francais de Jack the Ripper progressent dans cette voie en trouvant leur propre style, s'écartant ainsi des références admirées.

Des textes étranges et ciselés nous plongent dans des univers dramatiques, hors du commun, dans les culs de basses fosses où baigne toute âme humaine. Tourmentés, mystiques, les héros de ces drames sombrent en quelques minutes, dans une descente aux enfers sans rédemption.

Bien qu'écrits en anglais, illustrés par les peintures chatoyantes du peintre brésilien Machado, l'univers musical de Jack the Ripper nous entraîne plutôt outre Rhin, dans l'Allemagne des années trente, aussi effrayante que fascinante, dans les cabarets berlinois où se retrouvent les milieux interlopes. Chaque texte est une histoire et nous fait voyager de l'Ange bleu, aux Damnés, de Hell à Sleepy hollow, dans ces atmosphères nocturnes où se réveillent les démons qui assaillent et tourmentent l'âme humaine.

"Martha" revisite le mythe de Marlène Dietrich à coups de violons rageurs et ressuscite un Ange Bleu androgyne. Mais Jack the Ripper est aussi capable d'ambiance plus intimiste à l'image de "Her Ghost" une ballade douce amère aux arrières gouts jazzy façon cabaret.

Une musique envoutante, sombre et mélodique, faite de calme et de tempête comme "Escape" ou "A portrait's gallery".

"Party in downtown" évoque également, non pas dans les propos mais dans la construction du morceau 16 horsepower. A n'en pas douter d'ailleurs, le chanteur est au moins aussi possédé par sa musique que David Eugene, Nick Cave et Stuart Staple réunis.

Jack The Ripper nous offre donc un album qui confirme largement nos attentes et nos espoirs.