Pour certains, la découverte de The Shins remonte à leur lumineuse deuxième réalisation, Chutes To Narrow, en 2004. Pour d’autres, il aura fallu attendre le décevant Garden State ayant magistralement relancé le premier opus Oh Inverted World ! Enfin, bon nombre ont tardivement pris le train en marche grâce à la bande son de quelques envahissantes séries américaines …

Qu’importe ! Ce soir, ces futiles différences s’estompent, tout le monde se voyant remis sur un pied d’égalité. Initialement annoncée à la Maroquinerie puis programmée au Trabendo, c’est finalement à l’Elysée Montmartre que se déroule la première véritable date française des Shins.

Avec une première partie de choix : Viva Voce. Malheureusement, le duo américain ne convainc à moitié. Sur scène, l’efficacité de leur premier album a disparu, la majorité des titres d’ailleurs aussi … Rien de franchement inoubliable au final.

Les choses sérieuses tardent donc à commencer. Avec un enjeu de taille, car depuis près de cinq ans, aucun groupe pop n’arrive à la cheville des Shins. Autant évacuer d’emblée les sujets d’échauffements. Oui, nombre de subtilités ou d’arrangements manquaient à l’appel au long de leur prestation.

Tout d’abord pour cause d’élagage volontaire de la part des musiciens. Le reste étant imputable à une balance manquant singulièrement de finesse : guitares et voix de James Mercer mixées bien trop haut au dessus des choeurs. En résumé, un gros son bien rock ayant pour effet d’uniformiser les chansons.

Pour le reste, ne boudons pas notre plaisir, ce set des Shins fut absolument remarquable. Démarrage en trombe sur les quatre premiers titres du nouvel album : "Sleeping Lessons" porté a cappella par l’impressionnante voix de James Mercer, un "Australia" figurant haut la main dans leur high five, "Pam Berry", majestueusement sabrée mais toujours aussi saillante et "Phantom Limb", le premier extrait. Digne, à ce stade, d’une soirée "ATP Don’t Look Back" intitulée"‘The Shins perform "Wincing The Night Away".

Pour le reste, il y en aura pour tous les goûts entre highlights du dernier ("Split Needles", "Turn On Me"), tripotée du deuxième ("Kissing The Lipless", "Mine’s Not A High Horse", "So Says I", "Gone For Good" ou encore "Saint Simon" noyé dans la masse). Sans oublier l’incontournable "New Slang". Aucune baisse de régime, l’Elysée Montmartre, à dominante féminine, ne peut que se prosterner devant les américains.

Les bonnes choses ont souvent une fin : le rappel pointe déjà son nez. Entame idéale sur le "Caring Is Creepy" ouvrant Oh Inverted World ". Dans la foulée - et contre toute attente -, les Shins se lancent dans une époustouflante relecture de "Someone I Care About" des Modern Lovers. Un dernier petit titre et puis s’en vont.

Soixante-dix minutes de haute volée, les Shins viennent de passer haut la main leur examen de passage ! Vivement la prochaine fois !