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Sunday Drivers, Calc, Delgados, Moby, Suede, Calexico  (Benicassim)  7 aout 2003

Jeudi 7 août

Premier jour sur place et déjà premiers concerts à l’occasion de la soirée d’ouverture qui s’établit cette année dans l’enceinte du festival en lieu et place du Vélodrome de Benicassim qui l’avait vu débuter neuf ans auparavant.

Pas de grosses têtes d’affiche, mais l’occasion de découvrir de nouveaux artistes comme les espagnols de Sunday Drivers. Comme leur origine ne l’indique pas, ils s’adonnent à une pop à l’anglaise sous forte influence Travis, Stereophonics (avant tout pour le jeu de scène du chanteur) ou Ocean Color Scene n’ayant sur ce concert rien à envier à ceux pré-cités, au contraire. Histoire d’agrémenter sa prestation, le groupe se fend d’une reprise de "The Weight" du Band : un seul conseil pour ces conducteurs du dimanche, s’embarquer sur un rafiot et demander l’asile musical chez nos voisins britons où ils seraient sans l’ombre d’un doute reconnus à leur juste valeur.

De Calc subsistait ce semi-ratage de l’Olympia en première partie de Supergrass, où les cinq bordelais, crispés par l’enjeu, avaient délivré une prestation sans grand relief. Visiblement beaucoup plus en jambes sous le soleil ibérique, le groupe s’est montré assez efficace dans l’interprétation d’extraits de ses trois albums illuminés de la superbe voix de Julien Pras. Pourtant, le meilleur moment restera sans conteste la relecture de "Starman" de David Bowie (millésime Ziggy 72), repris en chœur par un public espagnol toujours très chanteur.

  Le combo suivant, Deluxe, très excitant sur papier, déçoit un peu, non par leur très efficace jeu de scène, mais plutôt par l’utilisation pas forcément très heureuse des claviers allant d’un orgue sixties (dans le meilleur des cas) à des nappes de synthé à l’effet pas toujours très judicieux. Reste néanmoins une prestation agréable, ponctuée par une inattendue reprise de "Baba O’Riley" des Who qui démontre une fois de plus, l’intérêt devant être porté à la scène rock espagnole.
Malheureusement, la suite avec Budapest, sorte de clone des infâmes Coldplay, s’avèrera pénible au possible, évoluant entre du sous-Radiohead aux mélodies d’une faiblesse inouïe, aux riffs mille fois entendus le temps d’une bien trop longue heure de show.


Seule formation déjà bien établie, Pernice Brothers donnera la meilleure prestation de cette soirée. En effet, en dépit du parti pris rock gommant la finesse de certaines compositions, le groupe conclut en beauté cette soirée d’ouverture, notamment grâce à la voix de son leader Joe Pernice (ex-Scud Mountain Boys), lançant en quelque sorte musicalement le festival.


Vendredi 8 août

La communauté de festivaliers entre enfin en effervescence ce vendredi avec le lancement véritable de cette édition 2003. Une fois les repères et la mesure pris de l’endroit – agrandi depuis l’an passé –, il est temps de se diriger vers le Fiberfib.com pour les premiers shows.
C’est devant une audience quasi nulle que débute Bondage, formation espagnole armée de très efficaces guitares démontrant que la nouvelle vague rock a également déferlé sur les côtes ibériques. Pas originale pour deux sous et fortement influencée par les années soixante, leur musique possède un côté très instantané, immédiatement jouissif comme en témoigne l’amoncellement de spectateurs devant la scène. Voici un festival qui débute bien avec des surprises là où on ne les attend pas forcément.

Arrive le tour de la belle Beth Orton au look sherilcrownesque avec bermuda et chapeau de cow-boy. Dorénavant plus connue pour ses collaborations diverses (Ryan Adams, Beck ...) que pour ses projets solo, son set, dont on pourra déplorer la brièveté, mêlant titres de son dernier-né ("Daybreaker") et chansons plus anciennes s’avèrera d’une bienfaisante fraîcheur surtout grâce aux musiciens de qualité l’accompagnant.

Les absents ont toujours tort, c’est bien connu, bienheureux sont donc les veinards à avoir assisté au set de Daniel Johnston, imposante figure mythique de la scène alternative américaine et également parrain du mouvement antifolk new-yorkais. C’est guitare sous le bras, arborant un no-look total (jogging gris informe et ignoble polo orange moulant avec grâce son imposante brioche), qu’il se présente au Fiberfib.com. Aucun débordement ne sera à mentionner tout au long de ce show lo-lo fi – comme le soulignait Loopkin à Mains d’Oeuvres –, composé de chansons époustouflantes dont lui seul possède la science de l’interprétation : "Babyyyy !! you make me crazyyyy !!!".

Le spectacle est tout bonnement irréel : guitare sèche reprise à l’aide de deux micros aboutissant à des conditions acoustiques déplorables (à dix mètres de la scène, l’accompagnement est à peine perceptible), des compositions incroyables massacrées (dans la voix et surtout dans le jeu) tandis que notre homme lit les paroles sur un cahier posé devant lui (il n’hésitera d’ailleurs pas à stopper une chanson le temps de tourner la page). Après une bonne demi-heure à la six-cordes, le temps est venu de passer au piano (dont il joue à hauteur de la poitrine) pour des titres toujours sublimes enjolivés de quelques soli pour finir (hum).

Il va de soi que devant un parterre pas forcément composé d’initiés, Daniel Johnston n’a pas rallié à lui tous les suffrages, mais qu’importe, certains ont eu cette vision : Daniel ‘God’ Johnston est un mythe vivant proche de la béatification.

Pour ce qui est de la suite, les Delgados (au quatuor original s’est ajouté un quatuor à cordes ainsi qu’un clavier) réaliseront le concert parfait dans la lignée de celui de la Boule Noire en février dernier.

Evoluant entre passages mélancoliques et envolées lyriques, le groupe interprète à la perfection, loin de son Ecosse natale, la magique pop orchestrale de ses efforts studios. Porté tour à tour par la voix de Alun Woodward et de la charmante Emma Bollock, le combo gratifie de nombreux extraits de ses deux dernières livraisons ("The Great Eastern" et "Hate") : "All You Need Is Hate" ou "Coming In From The Cold" avant de clore ces cinquante minutes de prestation par la plus belle chanson du monde, à savoir "No Danger".

Vêtu de son traditionnel bonnet de laine vissé jusqu’au-dessus des yeux (même durant la balance en plein cagnard), Badly Drawn Boy se présente seul, des guitares et un clavier disposés autour de lui, contrairement aux Festins d’Aden où il évoluait en groupe. Histoire de se mettre le public dans la poche, il s’attaque d’emblée au "I Want You Back" des Jackson 5. Exercice difficile et risqué que celui de la prestation solo car l’artiste s’y rend vulnérable mais Damon Gough (aka BDB), connaît son sujet – il est vrai que sa maîtrise de l’instrument joue en sa faveur- , commençant un morceau par-ci, le finissant quelques minutes plus tard, après en avoir joué un autre.

Côté répertoire, il pioche un peu dans tous ses disques, joue "Something To Talk About" extraite du film "About A Boy", tape une reprise de "Let The Sunshine In", dévoile quelques inédits, appelle son tour manager pour l’accompagner au clavier et termine son set par sa plus belle chanson, "Once Around The Block", tirée de "The Round Of Bewilderbeast", son premier effort avant de quitter la scène le sourire aux lèvres, comme le public d’ailleurs …

Sans bouger le moindre orteil, l’occasion se présente ensuite de voir Echo & The Bunnymen. Pas d’attente particulière, juste l’occasion de découvrir un vieux dinosaure qui a connu son heure de gloire dans les années 80. Musicalement, la surprise est plutôt bonne, les tubes attendus ("The Cutter" et "The Killing Moon") sont joués mais la jeu de scène et l’attitude du chanteur Ian McCulloch finiront par noircir le tableau. Possédant un ego qualifié en euphémisme de démesuré, il passe le plus clair de son temps à se plaindre de l’intensité des projecteurs braqués sur lui afin qu'elle soit diminuée. Personnage assez incommodant mais sympathique prestation tout de même …

Qu’attendre d’une prestation de Placebo en 2003 après deux albums studio inégaux et décevants au possible comparés à leur incroyable premier disque éponyme et surtout à "Without You I’m Nothing" de 1998 ? L’ombre du concert de Muse de l’an passé plane en ce vendredi soir, mais fort heureusement l’issue sera toute autre.

En effet, après un court instrumental introductif, Brian Molko et ses compères sortent d’emblée le grand jeu avec "Allergic" (leur titre le plus performant) et le désormais classique "Every You, Every Me". L’efficacité dont le groupe fait preuve dans l’interprétation est tout bonnement surprenante : Brian Molko, telle une puce derrière son micro, Stefan Olsdal, assurant le spectacle en plus de la consistance du son Placebo et Steve Hewitt bourrinant derrière ses fûts. Un best of des deux derniers albums, étrangement très efficace, constituera le reste du set : "Taste In Men", "Slave To The Wage", "Special K", "Black Eyed" de "Black Market Music" ainsi que "This Picture" et "The Bitter End", leur dernier simple de "Sleeping With Ghosts ".

Une relecture de "Pure Morning" conclura en beauté cette prestation d’une redoutable efficacité dont personne ne les croyait encore capable. Un premier semblant d’explication pourrait être la vitalité insufflée à certains titres dont les versions studios manquaient cruellement ou bien encore ce son si caractéristique qui trouve toute son ampleur sur les planches, comme lors de leur passage au Zenith en mars 2001.

1h30, c’est sans la moindre minute de retard que les anglais de Blur, accompagnés par trois choristes, pénètrent sur la grande scène verte de Benicassim : arborant lunettes noires ainsi qu’un t-shirt estampillé ‘Peace’, Damon Albarn cristallise, dès son entrée, l’attention des spectateurs – près de la scène, l’hystérie collective étant proche–. L’entame du concert est la copie carbone de celui du Bataclan en mai : une mise en jambe avec "Ambulance", du bien consistant avec "Beetlebum" suivi de l’hymne de toute une génération "Girls And Boys" sur lequel Damon se débarrasse prématurément de ses binocles teintées.

Après "Gene By Gene", il semble évident que Blur se présente en 2003 sous la forme d’un hydre à deux têtes : une machine de scène connaissant ses classiques sur le bout des doigts et une autre menée par un charismatique Mr Albarn à la guitare, faisant la part belle à son backing band pour jouer les chansons souvent magnifiques de "Thinktank". Après avoir copieusement arrosé les premiers rangs à l’aide d’une bouteille d’eau, Damon annonce une vieillerie, à savoir "For Tomorrow" extraite de "Modern Life Is Rubbish", leur meilleur disque sorti voilà dix ans, rien à redire, le public nage en plein bonheur.

Un peu plus loin, les premières notes de "Tender" sont accueillies par quelques sifflets bientôt étouffés par les hurlements des midinettes en pâmoison vexées d’un tel sacrilège envers leur hymne absolu : même si souvent décrié, force est de reconnaître que le groupe assume sa discographie.

La suite du show fera la part belle à leur dernière livraison pour une interprétation consécutive de ses trois meilleurs extraits : "Caravan", "Out Of Time" et surtout "Crazy Beats " réalisant la transition parfaite avec "Song 2". Les deux minutes de ce single de 1997 resteront probablement comme les plus marquantes de ce festival : Alex debout sur son ampli, Simon Tong sortant de sa torpeur habituelle, Damon en contrebas de la scène - se faisant par la même occasion arracher son bracelet dans un larsen déchirant - face à un public, illuminé par les projecteurs, pogotant à 40 000.

Surprenante est l’interprétation, tout comme à Paris, de "Trimm Trabb" extrait de "13" avant les grands classiques que sont "The Universal" et "To The End". Après un tonnerre d’applaudissements de plusieurs minutes, le groupe revient clore le set en beauté en interprétant deux titres du dernier album "On The Way To The Club" et "We’ve Got A File On You" avec son final ravagé qui voit Dave Rowntree balancer les toms de sa batterie au milieu de la scène.


Avec 75 minutes d’une prestation quasi-parfaite alternant régulièrement classiques et extraits de "Thinktank", Blur démontre, s’il était encore nécessaire, que le temps ne semble avoir aucune influence. Peut-être la météo est elle plus clémente et l’air moins pollué à Londres ou au Mali qu’à Manchester ?? Le mystère reste entier …

Setlist : Ambulance / Beetlebum / Girls and boys / Gene by gene / For tomorrow / Good song / Tender / Caravan / Out of time / Crazy beats / Song 2 / Trimm trabb / Battery in your leg / The universal / To the end --- On the way to the club / We’ve got a file on you

Il convient de remercier les organisateurs d’avoir programmé Beth Gibbons en fin de soirée, histoire de terminer en douceur une journée aussi dense. En aparté de Portishead, la dame vient présenter son projet solo (enfin presque étant donné que l’ex-Talk Talk Paul Webb (aka Rustin’ Man) a cosigné le disque). Même si le répertoire diffère notablement de celui du groupe de Bristol, la voix de la chanteuse, d’un statisme impressionnant, arc-boutée sur son micro plane toujours loin haut au-dessus ("Mysteries" ou "Show"). Superbe réussite à attribuer également aux vieux briscards l’accompagnant ainsi qu’aux éclairages parfaitement dans l’ambiance.

Samedi 9 août

Même si sur le papier, cette deuxième journée apparaît comme la moins attractive des trois, la qualité de la programmation sur les scènes secondaires fait qu’au final, elle s’avèrera d’un niveau similaire.

La première bonne surprise de la journée s’appelle Camera Obscura, combo écossais proche de Belle & Sebastian (dont Stuart Murdoch a d’ailleurs produit le dernier album). Du mythique groupe de Glasgow, Camera Obscura garde un penchant appuyé pour les mélodies tuantes mais avec un parti pris nettement plus rock très agréable en cette fin d’après-midi. Après "Biggest Blues Hi-Fi ", un nouveau disque, dont de nombreux extraits furent joués en milieu de set, s’apprête à sortir.

 

A suivre dans les bacs …

 



L’ambiance retombe ensuite avec la performance de Tahiti 80. Malgré quelques titres sympathiques relativement ensoleillés ("Heartbreak " notamment), la pop de nos quatre français s’avère à la longue un brin ennuyeuse voire quelque peu pompeuse. Un concert déclenchant le trémoussement des demoiselles mais qui nous a malheureusement laissé de marbre … les goûts et les couleurs …

Alors que le mouvement semble s’essouffler, quel bilan tirer de la "New Wave Of Rock’n Roll" deux ans après la sortie de "Is This It ?" ? Probablement le même que sur la Britpop en 1996 ou sur le grunge en 1992 : l’apogée est passée mais de bonnes surprises peuvent encore se produire sachant que seules les premières formations apparues semblent pouvoir (bien) résister aux outrages du temps. Initiateurs (involontaires ?) du mouvement, les Strokes se devront de tracer la ligne à suivre avec la parution de leur deuxième album le 21 octobre.

Et les Raveonnettes dans tout ça ? Ils assurent sévère, c’est incontestable, pas de tromperie sur la marchandise. Originaires du Danemark, ils démontrent une fois de plus l’excellente santé de la scène rock scandinave (Hives, International Noise Conspiracy, Flaming Sideburn …). Il est de bon ton d’associer au duo composé de Sharin Foo (physiquement un mix entre Hotel des Kills et Nicolas Zinner des Yeah Yeah Yeahs) et Sune Rose Wagner (Debbie Harry jeune) celui des Cramps (Lux Interior et Poison Ivy), ce qui est somme toute assez limitatif, une certaine imagerie plus années 80 (Jesus And The Mary Chain au hasard) se dégageant également, tout comme l’influence de certains pionniers du rock ("Everyday" de Buddy Holly sera d’ailleurs reprise en ouverture du show).

Pour le reste, le groupe se présente sous la forme d’un combo rock classique (deux guitares - basse - batterie) où le duo tient les vocaux. Même si d’une redoutable efficacité, leur répertoire manque cruellement d’épaisseur, de nombreuses similitudes existant entre les titres au point qu’il sera impossible de dire tel ou tel titre n’a pas été joué plusieurs fois. Après un show excellent mais émaillé de nombreux problèmes techniques, le quatuor danois offre un long final ravagé, incluant un simulacre de cassage du matériel : ces jeunes n’ont décidément pas l’audace des Pete Townshend et consort … ni peut-être le compte en banque il est vrai …

L’occasion d’applaudir Donovan, troubadour mythique des 60’s dont l’influence ne cesse de se faire ressentir, prend le pas sur la prestation des prometteurs gamins de The Coral (qui joueront aux Inrocks en novembre, tout comme les Raveonnettes d’ailleurs). Donovan Leitch n’est malheureusement pas venu tout seul mais avec un backing band dont il dirige, comme un petit tyran, les ultimes réglages avant le début du show. Même avec des arrangements pas toujours à la hauteur des versions originales, il serait dommage de bouder son plaisir de voir interprétés par leur créateur les mythiques "Sunshine Superman", "Hurdy Gurdy Man", "Lanela" ou encore "Catch The Wind".

Notre homme, pas encore totalement sclérosé, profite même d’une telle opportunité pour glisser quelques nouveaux morceaux avant l’incroyable final : "Mellow Yellow" et le magistral "Season Of The Witch" dont Mike Bloomfield et Al Kooper avait déjà enregistré une phénoménale version dès 1968.

Comme de bien entendu et dans la plus pure tradition sixties, Donovan présente tour à tour ses musiciens, chacun y allant d’un court solo. Après avoir remercié son monde, il s’éclipse pour revenir achever le travail avec "Atlantis", interrompue puis recommencée pour cause d’accordage défaillant. Prestation gagnant en groove ce qu’elle perd visuellement ou au niveau des arrangements : 7/10.

Pour cause de Death In Vegas blindé (l’organisation reproduit l’erreur de Belle & Sebastian en 2001) au Fiberfib.com, force est de se rapatrier sur la grande scène pour applaudir les gentils écossais de Travis. Pas grand chose à attendre sur le papier, mais au final la mayonnaise prend presque entre interprétations de leur nouvel album à paraître et leurs précédents succès : "Sing", "Writing To Reach You" et surtout l’incroyable "Why Does It Always Rain On Me ?", avant lequel le chanteur avait judicieusement mentionné qu’il pleuvait visiblement moins à Benicassim qu’en Angleterre (!). Surprenant est également le jeu de scène du groupe tout en bonds de kangourous, un brin forcé et surtout en décalage avec la musique (comme si les Hives interprétaient Simon & Garfunkel).

Il va de soi que dans pareilles circonstances, le naturel revient au galop plus souvent qu’à son tour illustré notamment par les déclarations nunuches d’entre morceaux du chanteur (qui ne se limite malheureusement pas à des considérations météorologiques) du genre ‘la guerre c’est pas bien’ ou dans le même style ‘nous vivons vraiment dans un monde de merde’. A vouloir essayer de s’extirper de leur cocon ‘pop anglaise inoffensive et bien polie’, les Travis perdent toute crédibilité (pour les raisons sus-citées) et frisent le ridicule. Dommage car la bonne surprise de ce concert était musicale …

Après avoir trimbalé sur les routes d’Europe un show solo acoustique frisant la prosternation (certains ne se sont toujours pas remis de son passage au Grand Rex en avril dernier), Beck reprenait cet été la tournée promotionnelle de son dernier-né, le sous-estimé et trop souvent décrié "Sea Change". C’est donc cette fois-ci accompagné de son groupe que le petit-fils de Al Hansen prend la scène verte d’assaut pour se lancer dans "Mixed Buziness" tiré de "Midnite Vultures". Complètement survolté (de même que son guitariste), les piles chargées à bloc, il bondit, exécutant avec une folle dextérité des pas de danse directement hérités de James Brown ou Bo Diddley.

Première partie de concert interprétée façon funk : "Get Real Paid" ainsi que "The New Pollution", "Novocane" ou encore "Nicotine & Gravy". Visiblement en manque de communion avec le public (relativement frileux malgré la canicule), Beck s’inquiète à deux reprises devant le peu d’enthousiasme du bon déroulement des opérations. Après deux titres de "Sea Change" et la sublime "Nobody’s Fault But My Own" exécutée seul à l’orgue, le californien effectue un magistral retour au source avec le tiercé gagnant : "Loser" (seul titre qui déclenchera une longue ovation), "Hotwax" et "Beercan" avant de proposer un invraisemblable medley d’où l’on semble distinguer Tatu ... Autre sommet avec la chanson suivante, extraite de son chef d’œuvre de 1996, "Odelay", "Where It’s At".

Il faudra patienter quelques minutes pour que les musiciens ne réapparaissent vêtus de blanches combinaisons de pompiers phosphorescentes pour délivrer une décoiffante version de "Devil’s Haircut" qui voit la scène se transformer en une piste de cirque d’où seul Beck subsiste, triturant un clavier en se roulant par terre. C’est alors qu’il se relève et quitte la scène comme un voleur, sans un remerciement ni un regard pour le public, accentuant par la même cette impression de malaise précédemment ressenti. C’est effectivement animé d’un sentiment de déception relative que l’on rentre se coucher sans voir JJ72, mais il faut avouer que rétrospectivement, cette performance apparaît comme tout à fait réussie : verdict définitif cependant le 23 août à Reading.

Setlist : Mixed bizness / The new pollution / Novocane / Minus / Get real paid / Nicotine and gravy / The golden age / Lonesome Tears / Lost cause / Nobody’s fault but my own / Loser / Hotwax / Beercan / Rock your body (Justin Timberland) / Crazy in love (Beyonce) / Hot in herre (Nelly) / Erotic city (Prince) / Where it’s at --- Devil’s haircut

Dimanche 10 août

Que les bons moments passent vite … le festival touche déjà à sa fin, et comme l’an passé, cette dernière soirée sera des plus épuisantes vue la tapée de groupes passionnants prévus à l’affiche.

La kyrielle de français présents cette année à Benicassim (assurément plus de 5000) prouve leur chauvinisme aigu en répondant présents à l’appel de Katerine au Fiberfib.com. Loin de la musique minimaliste de ses débuts et visiblement pas trop imbibé ce soir, Philippe Katerine et son groupe (guitare – basse – batterie – clavier) proposent une relecture très easy listening dans l’esprit de son répertoire, comme si Bertrand Burgalat se chargeait de l’interpréter. Le moment le plus drôle restera, comme il était hautement prévisible, son exécution de "Je Vous Emmerde", featuring les messages ‘bien chargés’ éructés par son magnétophone portatif.

Les occasions de voir sur scène Black Box Recorder n’étant pas légions, une telle opportunité ne devait être manquée sous aucun prétexte. Rappelant parfois Garbage pour le concept et formé de Sarah Nixey au chant autour de Luke Haines (The Auteurs) et John Moore (The Jesus And Mary Chain) tous de blanc vêtus, Black Box Recorder vient de sortir "Passionaia" un des disques les plus passionnants de cette année, dont l’auditoire mériterait de s’agrandir. Emaillé d’une multitude de petits pépins techniques, leur set peinera à démarrer avant que leur classieuse pop sophistiquée ne trouve sa vitesse de croisière.

Pléthore de concerts cette année pour Joey Burns et John Convertino avec Calexico, qui après une tournée en Europe et aux USA ce printemps, trimbalent leur musique aux influences cosmopolites aux quatre coins des festivals estivaux. Se présentant dans la même configuration qu’à l’Olympia en avril dernier, le combo commence par un medley de deux titres extraits du fantastique "The Black Light" datant de 1998 ("Frontera" et "Trigger"). Même si majoritairement porté sur les chansons de "Feast Of Fire", leur dernière livraison ("Across The Wire", "Not Even Stevie Nicks" ou "Black Heart"), Calexico n’oublie pas pour autant ses pépites passées :"Stray" et "Minas de Cobre ".

Cette fin d’après-midi à Benicassim offre des conditions ainsi qu’un cadre proches de la perfection pour cette musique truffées d’influences mexicanisantes, toutes trompettes et mariachis en avant. Comme à son habitude, le groupe joue "Alone Again Or" de Love, composition hors du commun et hors du temps, probablement la mieux accueillie de la setlist, que Calexico a réellement su la faire sienne (cf. le final remodelé). Même si on peut déplorer l’impasse réalisée sur leur deuxième opus ("Hot Rail"), ce concert restera sans conteste comme le meilleur de ce dimanche.

Setlist : Frontera/Trigger / Across the wire / Quattro / Jesus & tequila / Stray / Minas de cobre / Woven birds / Not even stevie nicks / Alone again or / Black heart / Crystal frontier / Güero canelo

Vient ensuite le moment de se diriger vers la grande scène pour applaudir Hoggboy, emballant combo sheffieldien – sous l’aile de Richard Hawley – récemment aperçu au Café de la Danse en première partie des mythiques Seeds de Sky Saxon ou au Nouveau Casino en début d’année.

Pantalons serrés, bousons de cuir – ce qui par ce temps relève soit de l’exploit, soit du masochisme – ces jeunes mauvais garçons, possédant la putain d’attitude, s’avèrent très efficace dans l’interprétation des titres de leur album "Or 8 ?" : mentions spéciales à "Upside Down" et "Don’t Get Lost". Ils n’apportent évidemment rien à l’édifice rock’n rollien mais leur synthèse de l’histoire (disons du post-punk sous influence sixties) mérite l’attention.

Changement radical de climat avec les islandais de Mum au FIB Club. En effet, le climat sombre, nébuleux, voire un peu torturé a du mal à prendre compte tenu des conditions climatiques mais après quelques titres tout s’arrange. Même si proche de celle de leurs compatriotes de Sigur Ros, la musique de Mum comporte une touche électronique établissant un lien invisible entre post rock et musique électronique. Décidément quel drôle de pays que l’Islande …

Déjà présents l’an dernier sur la grande scène, la prestation des Super Furry Animals restait comme une des plus déjantées vues avec celle du Beta Band. A l’occasion de leur sixième album "Phantom Power", nos cinq gallois frappent plus fort encore. Musicalement d’abord, incluant passages electro voire techno dans leur noisy pop - psyché. Visuellement ensuite avec une première pause au milieu du set qui voit le groupe s’éclipser pour laisser la place à deux yetis venant s’acharner sur des tambours disposés de chaque côté de la scène. Bien peu de choses comparé au final délirant qui voit cette fois les cinq musiciens revenir dans le même apparat pour un titre bruitiste et brutal : peut-être l’image du FIB 2003 ? en tout cas au moins deuxième après "Song 2 " !

Abonné au festival de Benicassim et pour la quatrième fois présent à l’affiche, Suede restait sur une décevante apparition karaoké l’an passé sur le début de la tournée de "A New Morning", leur dernier-né. Après une année passée sur la route, le groupe revenait au meilleur de sa forme pour dispenser une prestation d’un tout autre niveau. Commencé tambour battant avec "So Young" en deuxième position, le show atteint sa vitesse de croisière quelques titres plus tard (époustouflant "She’s In Fashion") avant de voir l’intensité retomber quelque peu au profit d’interprétation de chansons récentes ou inédite ("Attitude").

L’orientation ouvertement très rock choisie (avec deux guitares) permet de défricher efficacement les tubes à la machette, confectionnant un appui sur lequel Brett Anderson peut asseoir son show. Et une chose est sûre, il ne se ménage pas, parcourant sans cesse la scène de long en large, sautillant sur place, un pied posé sur l’ampli de retour, descendant vers le public chanter les refrains.

Après une grosse demi-heure de show, le groupe entame l’ascension finale, sortant du même coup l’artillerie lourde "Everything Will Flow", "Can’t Get Enough", "Trash" et "Beautiful Ones", leur grand classique dont les ‘la la lala la la’ se poursuivront jusqu’au retour des londoniens…. Fatalement, le rappel sera d’un niveau inférieur avec un petit inédit ("Love The Way You Love It") et "Saturday Night" pour finir. Malgré le creux d’intensité du milieu du set, tout est bien qui finit bien : une seule petite heure aura suffit pour se réconcilier avec Brett Anderson et ses acolytes.

Setlist : Europe is our playground / So young / Animal nitrate / Filmstar / Lost in TV / She’s in fashion / The drowners / Metal Mickey / Obsessions / Attitude / Everything will flow / Can’t get enough / Trash / Beautiful ones --- Love the way you love it / Saturday night

Superstar ayant fait des musiques de pub son créneau de prédilection, Moby hérite de la lourde tâche d’assurer la clôture de cette édition 2003 de Benicassim mais surtout de jouer une heure avant les 2 Many DJs. A bien y réfléchir, il est vrai que l’anglais s’est forgé en quelques années un répertoire tubuesque devant lui permettre d’assurer une prestation de qualité. Et effectivement, nombreux furent les hits resservis depuis bien-sûr "Natural blues " et "We Are All Made Of Stars" en passant par "Find My Baby", "Why Does My Heart Feel So Bad", "Porcelain ", "Honey" ou encore "In This World", "Extreme Days", "Southside", "Sunday" sans même parler de la reprise de "I Wanna Be Your Dog" des Stooges.
Même si son show demeure assez jubilatoire, Moby n’est guère impressionnant (déjà par sa taille quoique son espagnol soit très correct) mais s’amuse beaucoup alternant grattage de guitare, percussions, scratchage de platine ou encore arpentage de scène. Dans ces conditions la véritable vedette du concert est son backing band, notamment la chanteuse délivrant une performance de premier ordre sur "Why Does My Heart Feel So Bad". Pas de quoi crier au génie, mais ce fut somme toute assez agréable …

Et voilà c’en est fini pour ce FIB 2003 (et accessoirement pour cette chronique), rendez-vous est pris début août 2004 à 80km au nord de Valence, avec une programmation d’un niveau similaire.

 

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