Rares sont les formations à susciter autant de débats et de controverses que CocoRosie. Y compris au sein de leurs propres fans. Gage d’une indéniable originalité souvent doublée d’une grande qualité.
Des disques inégaux : l’onirique et magique La Maison De Mon Rêve précédent le classieux mais ampoulé Noah’s Ark. Des prestations en forme de montagnes russes : balbutiante (Guinguette Pirate 2004), ravissante (Route du Rock 2004), ensoleillée (Evreux 2005), ratée (Cigale 2005), pompeuse (Divan du Monde 2005) … ?? (Grand Rex 2007).
En effet, histoire d’éviter toute dépense inutile, mieux valait réserver la primauté du cru Coco Rosie 2007 à leur nouvelle galette : The Adventures Of The Ghosthorse And Stillborn. Précaution d’usage : à ceux que les deux premiers opus ont horripilé, inutile de poursuivre plus en avant la lecture de cette chronique, Ghosthorse And Stillborn conserve la ligne artistique de ses prédécesseurs sans rien perdre de cette volonté d’ouverture.
En intégrant musiques et instruments incongrus à une base folk. Tout d’abord, le groupe réédite ses tentatives d’approche du hip-hop sur les deux premiers titres. Mention spéciale à "Rainbowarriors", lequel devrait devenir le prochain coup de cœur de ces dénicheurs de talents que sont les programmateurs d’Europe 2.
Changement radical de registre avec "Bloody Twins" porté par des envolées lyriques de Sierra, à la limite du supportable. En plage quatre : "Japan", à la fois la plus jouissive et la plus détestable de la douzaine. Paroles engagées niveau collège, refrain de haute volée ("everybody, just hold hands"), porté par le magistral chant saccadé nasillard de Bianca.
Parmi les compositions suivantes, plusieurs n’auraient pas dépareillé sur la La Maison De Mon Rêve : "Sunshine", " Werewolf" ou encore "Animals". Lesquelles auraient incontestablement gagné à rester au stade bricolo folk lo-fi géniale tant la rythmique et le manque d’aspérités de la version finale s’avèrent pénibles.
Tristement, l’écoute des derniers titres s’effectue presque d’une oreille distraite. Dommage pour les collaborations avec Devendra Banhart (à l’écriture sur "Houses") et Antony (au chant sur "Miracle") …
Noah’s Art fut une grande déception. Au point de tourner temporairement le dos aux sœurs Casady. Néanmoins, celui-ci contenait une majorité d’excellents titres - souvent usés sur scène lors de la première tournée d’ailleurs - consciencieusement ruinés par une production trop lisse et propre sur elle.
The Adventures Of The Ghosthorse And Stillborn va plus loin encore. Autant dire que Valgeir Sigurðsson (Björk, Will Oldham) a su sublimer les démos enregistrées par les deux sœurs à Paris pour en faire des morceaux taillés pour radios ou les endroits branchés. Sans compter que seule une bonne moitié des morceaux s’avèrent vraiment réussis ...
En résumé, le nouveau CocoRosie s’avère artistiquement le moins réussi de la nichée. Mais risque néanmoins de connaître un succès public sans précédent. Comme trop souvent, le premier jet reste le meilleur ... |