Jennifer Gentle … quelle charmante créature se cache derrière ce mystérieux patronyme ?

The Midnight Room, nouvel album signé chez Sub Pop n'apporte aucune réponse à cette question … Si ce n'est que la belle Jennifer Gentle n'est pas une fille… ni un garçon d'ailleurs ! Non, Jennifer Gentle est le nom d'un groupe créé et mené d'une main de fer par Marco Fasolo. Un nom bien italien qui sent le mâle !

Et pour cause, Marco est bel et bien italien mais je vous rassure, ici, pas de violon, pas de ritournelle pizzaïolesque, ni de badinerie à l'eau de rose pour faire transpirer (?) les filles. Ouf, c'est déjà ça de pris. C'est vrai quoi ! On n'est jamais trop méfiant avec la pop italienne !

Marco, dans son studio installé dans une vieille baraque dans le nord de l'Italie, a créé, tel le savant fou, une sorte de monstre sonore avec ce disque. On imagine sans peine cette vieille baraque délabrée avec, à l'intérieur, un bric-à-brac d'instruments et d'appareils électroniques en tout genre.

Franchement inspiré des années 70, riches en champignons qui font rire et en musiques psychédéliques à fleurs, Midnight Room est un album riche… chiant, mais riche… Bon, "chiant" n'est peut-être pas le terme qui convient puisque malgré un certain agacement sur certains titres, je reviens toujours à ce disque… et pas seulement pour en faire la chronique (je connais des tas de médias très bien qui se contentent souvent de recopier la bio fournie par les maisons de disques, et parfois, au regard de la médiocrité de certaines productions, je les comprends, bref, là n'est pas la question comme dirait Monsieur Morel) mais parce que il y a dans ce disque des tas de choses surprenantes.

A commencer par l'intro quasi religieuse de "Twin ghosts" accompagné d'une sorte de clavecin éthéré. Drôle de façon de mettre l'auditeur en confiance que cette berceuse lugubre.

Ceux qui n'auront pas fait stop-eject et remis le cd dans sa boîte pendant ces 5 premières minutes seront tout de même récompensés par le non moins bizarre deuxième titre, "Telephone ringing" que l'on pourrait situer schématiquement entre cabaret décadent et pop psychédélique ! Cabaret pour les notes martelées et la scansion du chant (et cette voix, venue … de la fameuse créature Jennifer sans doute, est assez déroutante).

"Take my hand" prend une tournure un peu différente et le jeu de question/réponse entre les instruments et la voix est assez amusant, tout comme la chanson assez enjouée mais toujours aussi barrée avec des petits cris de gorets sur la fin du plus bel effet !

Alors que dire de plus de ces drôles d'élucubrations musicales ? Qu'il s'agit de pop avant-garde, baroque ou psychédélique ? Ou encore que c'est en dehors de toute mode et de tout canon de beauté musicale connus ?

Oui, on pourrait dire tout cela mais avant tout saluons le talent de Marco Fasolo pour avoir inventé à sa façon le uneasy listening ! Ou comment se torturer les méninges en écoutant de la pop ? A vous de trouver la réponse en écoutant ce décidément bien étrange The Midnight Room.