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Conférence de presse  (Printemps de Bourges 2007)  avril 2007

"Le Temps d’une chanson", c’est un album que vous avez fait pour le plaisir, pour rendre hommage à des auteurs ou pour l’amour des chansons que vous avez choisies ?

Juliette Gréco : Pour la totalité des choses. Je l’ai fait par amour pour les gens et aussi parce que ça représente des instants de ma vie très précis et c’est une illustration de certains événements qui me tiennent au cœur, au corps et à la mémoire.

Pouvez-vous nous parler de "La Chanson de Prévert" de Gainsbourg ?

Juliette Gréco : C’est une chanson que Serge a écrite pour moi. Je ne l’ai pas chantée à ce moment parce que je chantais déjà "Les Feuilles mortes" et que je tenais beaucoup aux « Feuilles mortes », c’était une chose que Prévert, et Cosma m’avaient demandé de chanter. J’étais très attachée à cette chanson, et c’est pour cela que je n’ai pas chanté "La Chanson de Prévert" à ce moment là parce que l’une annule l’autre.

Mais maintenant je reviens du Japon là, et j’ai chanté "La Chanson de Prévert" et en rappel, tout à fait à la fin, j’ai chanté "Les Feuilles mortes". Mais je ne le referai pas. Je l’ai fait parce que les Japonais sont eux aussi très attachés à Prévert. Donc je pense que de là où il est, Serge, parce que quand il était avec nous, il était triste et mécontent, fâché que je ne chante pas cette chanson ; et maintenant si il nous regarde....

Est-ce que le choix de ces chansons a été difficile pour vous ?

Juliette Gréco : Cruel ! Cruel ! Pas difficile, cruel ! Parce que il y en a bien d’autres, plein d’autres que j’aurais aimées chanter. Mais ça s’est terminé comme ça...

Et sur la couleur musicale de l’album, vous avez l’air vraiment satisfaite ?

Juliette Gréco : Si je n’étais pas satisfaite, je serais très ingrate. J’ai quand même parmi les meilleurs musiciens de jazz qui soient à New York, qui sont absolument magnifiques et avec lesquels Gérard Jouhannest s’est entendu comme s’ils appartenaient à la même famille. Ce sont des gens plein de simplicité, de tendresse humaine, d’amour de leur travail, d’enfance, de gaieté et de gravité. Moi, de me retrouver dans les bras de ces gens-là, c’était un grand bonheur.

Donc, c’est un album de reprises, et pour vous, que signifie l’interprétation ? Quelle en est votre vision ?

Juliette Gréco : C’est mon métier ! Je suis interprète et j’en suis fière. Je fais tout ce que je peux pour servir du mieux que je peux. J’essaie de comprendre ce que l’auteur a voulu dire, et si je crois comprendre, j’interprète dans ce sens-là. C’est tout ce que je peux dire. Je n’entends pas du tout trahir l’auteur.

Ce n’est pas une question de trahison...

Juliette Gréco : Si si si, pour moi, c’est grave. Il faut respecter ce qu’ils ou elles ont voulu dire. C’est un devoir absolu. En même temps, je pars avec de très bonnes intentions, mais je n’en fais qu’à ma tête.

Vous avez un attachement particulier au Printemps de Bourges ?

Juliette Gréco : C’est chaque fois une rencontre avec un public totalement différent, ce sont des gens heureux, ce sont des gens jeunes, joyeux, curieux, vivants. C’est une atmosphère très particulière le Printemps de Bourges, c’est très beau. C’est très rafraîchissant et ça donne beaucoup d’espoir.

Et de rencontres ?

Juliette Gréco : Oui, j’ai fait ça toute ma vie. Sauf au moment où les organisateurs de spectacles ont décidé que nous faisions "récital". "Concert", je trouve cela honteux, car le mot concert ne devrait être réservé qu’aux choses classiques. Juliette Gréco en concert, je trouve ça stupide. Moi je fais un tour de chant. Ce n’est pas un récital non plus, c’est un tour de chant, je chante des chansons.

Et quand je vois à l’opéra de Francfort, Juliette Gréco de telle heure à telle heure et "Thaïs" de telle heure à telle heure, ça me fait marrer. Mais je suis heureuse de chanter à l’opéra parce que c’est un bel endroit. Mais cela dit ce n’est pas normal, il y a un décalage. Il devrait y avoir un langage spécial. Un concert est un concert classique, je trouve ça absurde. On fait des tours de chants, on chante des chansons, restons simples.

Vous parliez tout à l’heure du Japon, vous l’appréciez beaucoup, pouvez-vous nous en parler ? Qu’est-ce qui vous plait dans le Japon ?

Juliette Gréco : J’y étais il y a quatre jours. Ce que j’en connais de plus clair et de plus réel, c’est le public, qui est un public formidable. Ce sont des gens qui savent très bien qui ils vont entendre et pourquoi. Notre langage et notre culture sont quand même aux antipodes mais ils prennent la peine de lire les traductions et ils savent très très bien ce qu’ils vont entendre.

Moi je connais le Japon depuis plus de quarante ans, et ce n’est plus du tout la même chose : il y a une vie traditionnelle d’un côté et américaine de l’autre. C’est un pays métissé apparemment et en réalité pas du tout parce qu’ils gardent des racines profondes et qui sont absolument indécrottables. Et ce n’est pas plus mal comme ça. Ils ont une culture et ils l’honorent et c’est une bonne chose. Ce sont des gens très étranges, très bizarres dans lesquels on peut trouver la plus grande des violences et la plus grande des douceurs.

Avec un amour de la nature remarquable et visible, un amour de la beauté remarquable et visible. Il y a pleins de choses bouleversantes et surprenantes. Il faut y aller pour voir, si vous avez la possibilité. Avant que ça ne soit devenu totalement occidental.

Evoquez-nous la culture St Germain des Prés, l’aventure américaine dans les années cinquante...

Juliette Gréco : Je n’ai pas tourné en Amérique. Je n’ai tourné qu’en Afrique et en Europe avec les productions américaines. Donc je ne connais que les hommes et les femmes américains, entre autres Ava Gardner : je n’ai aucun regret, avoir rencontré cette femme là, c’est quand même un cadeau du ciel.

Lors de la soirée des Victoires de la Musique, "la jeune génération" vous a rendu un hommage…

Juliette Gréco : Ils étaient délicieux ! Ils étaient formidables, absolument formidables ! Delerm en train de chanter "Déshabillez-moi", il était super, et Abd Al Malik, "Sous le ciel de Paris", c’était absolument superbe. Moi j’ai été complètement éblouie par ces gens là, j’ai beaucoup d’amour pour eux, et beaucoup de reconnaissance. Et donc c’était une grande émotion.

Et vous aimez travailler avec cette jeune génération, vous avez des projets ?

Juliette Gréco : J’ai travaillé avec Biolay et Miossec. je compte bien travailler avec Malik, j’aimerais bien. J’ai travaillé avec plein de gens jeunes… A condition que ça fonctionne de leur côté et du mien, je ne demande que ça, moi je suis là pour servir…mais servir ce qui me plait !

On a l’impression que vous avez beaucoup de curiosité…

Juliette Gréco : Oui ! Je suis curieuse comme un chat !

Est-ce que vous écoutez beaucoup d’autres interprètes ?

Juliette Gréco : J’essaie…Mais pour moi il y a beaucoup trop de choses qui déferlent, qui arrivent, qui passent et qui disparaissent. et ça me trouble. Mais en même temps il y a des gens comme Miossec ou Biolay, qui sont là et dont on a l’impression qu’ils ne passeront pas, et c’est très rassurant. Moi ça me rassure beaucoup parce que je les aime, j’aime tous ces enfants, ces jeunes qui arrivent. Mais je suis inquiète, très inquiète, je ne voudrais pas qu’on les ignore, qu’on les oublie ou qu’on ne fasse pas ce qu’il faut faire pour eux…

Qui nous conseilleriez-vous d’aller voir en concert ?

Juliette Gréco : Je ne donne jamais de conseil ! C’est la dernière des choses au monde que je me permettrais de faire ! Quand quelqu’un me demande ce qu’il doit faire, je lui dis ce que vous voulez, parce que c’est la vérité, je crois en ça. Il ne faut jamais faire ce que les gens vous disent de faire, jamais. Il faut faire ce qu’on veut faire et il faut aller jusqu’au bout de son désir et de sa passion.

Etes-vous "Over the Rainbow "?

Juliette Gréco : I wish I were. Parfois…Parfois un oiseau bleu est là. Je suis souvent la tête dans les nuages mais ce n’est pas bien d’avoir la tête dans les nuages, il faut avoir le courage de vivre.

Quelques pensées sur la "star academysation" de la musique de nos jours …

Juliette Gréco : La Star Academy, je n’y comprends rien…Je sais bien qu’on me dit que c’est comme le radio crochet d’autrefois. Ca me semble une affaire commerciale tout à fait remarquable. J’espère que ça donne aux gens qui ont du talent une possibilité et, mais ça je n’y crois pas beaucoup, pour ceux qui ont moins de talent et qui sortent de là à la fois comblés et très vite meurtris, ça je voudrais que ça cesse…

Parce que le goût de l’argent, le goût du succès, le goût de la reconnaissance du public, le goût des applaudissements, le goût de cette espèce de luxe mental et physique qui vous tombe dessus d’un coup, vous n’avez plus de responsabilités, vous êtes habillés, logés, nourris, cornaqués et tout à coup, plus rien, je ne trouve pas ça très humain…Ceux qui résistent à ça, qui ont vraiment du talent, qui passent à travers le feu, tant mieux ! Ca me rend heureuse, mais j’ai peur pour les autres, je suis une femme, je sais ce qu’est un enfant, et ces enfants là me font peur, j’ai peur pour eux…

Le secret de votre longévité…

Juliette Gréco : Mon mauvais caractère ! Savoir dire non, avoir le pouvoir de dire non et le garder, et le bonheur de dire oui !

 

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# 13 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher

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Du côté de la musique :

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"Rien ne presse" de Laurent Benitah
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Au théâtre :

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"Glenn naissance d'un prodige" au Théâtre Montparnasse
"Majola" au Théâtre Essaïon
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"L'odeur de la guerre" au Théâtre La Scala
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Du côté de la lecture :

"Bonheur d'occasion" de Gabrielle Roy
"Histoire de la guerre en infographie" de Julien Peltier, Vincent Bernard & Laurent Touchard
"Hurlements" de Alma Katsu
"L'armée allemande 1870-1945" de Benoit Rondeau
"Le paradis des fous" de Richard Ford
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"Les voisins" de Diane Oliver
"18 Barnfield hill" de Robert Goddard
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"Only lovers left alive" de Dave Wallis
"Amours manquées" de Susie Boyt
"Blackouts" de Justin Torres
"Emanciper ou contrôler" de Pascal Clerc
"Le débarquement de Provence" de Claire Miot
"Les présences imparfaites" de Youness Bousenna
"Seul restait la forêt" de Daniel Mason

Il est toujours temps d'aller au cinéma ou regarder un bon film :

nouveauté :
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"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

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"Karmapolice" de Julien Paolini
un DVD avec "Berlin boys" de David Wnendt
"Saravah" de Pierre Barouh
"La récréation de juillet" de Pablo Cotten et Joseph Rozé
"El profesor" de Marie Alché & Benjamin Naishtat
"Six pieds sur terre" de Hakim Bensalah
"Nouveau monde" de Vincent Capello
et toujours :
"La Gardav" de Thomas et Dimitri Lemoine
"Heroico" de Davis Zonana
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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