Cela faisait longtemps qu'un album de Fridge était attendu. Depuis 2001, avec Hapiness en fait (je ne compte pas la réédition de EPH) Six ans d'attente. Et il est là. Il est vrai que Kieran Hebden a sorti de son coté des disques sous le nom de Four Tet. Un autre de ses projets, Tongues, est sorti très récemment avec le batteur Steve Reid. Adem Ilhan quand à lui, vient de sortir un album avec d'autres musiciens (Franz Ferdinand entre autre) Love and Other Planets. Sam Jeffers lui se contente, apparemment avec talent, d'être web designer.
Bon allez, il faut que je me lance, j'ouvre donc la boite. Le CD est jaune comme un soleil, euh normal vu le titre. Allez, j'arrête de faire le fan béat et je le mets sur la platine. Dés les premières notes, on reconnaît la patte des trois anglais. Pas de doute, c'est bien eux. Ce son si particulier, ces circonvolutions mélodiques, cette rythmique qui vous fait tourner la tête.
Le deuxième morceau, Clocks, porte la marque de fabrique "percussions de Kieran Hebden" Le trio n'a rien perdu de sa capacité à composer des mélodies alambiquées, appuyées par une ribambelles de sons bricolés, tous apportant leur pierre à l'édifice Fridge. Nous retrouvons ici la formule qui a tant plu sur les précédents albums.
Le summum est atteint par une trilogie commençant "Drums of Life", titre court, annonçant "Eyelids". Une formidable envolée de percussions et guitare, un crescendo qui se poursuit avec "Oram" dont la rythmique complexe apporte une fraîcheur qui viens trancher. Ce titre est tortueux, un imbroglio de percussions allégées par une harmonie enfantine qui n'enlève rien à la qualité de l'ensemble. Ces anglais vous prennent, vous font monter, puis vous lâchent pour mieux vous faire remonter. Le talent est là, tout en demi mesure.
"Insects" reprends les expérimentations et les mélanges de genre puisque tout le morceau est tenu par une petite guitare à la simplicité et à l'efficacité redoutables, encore une fois. Elle est soutenue par une kyrielle de sons aux accents orientaux.
"Lost Time" se rapproche d'une chanson que n'aurait pas renié un groupe de Post Rock, s'essayant à un chant, si je puis dire d’un meumeument (mais si vous voyez ce que je veux dire) en retrait. La fin de l’album nous ramène sur terre avec un morceau qui ne semble jamais vouloir s’arrêter, simplement composé mais grand moment de quiétude musicale.
La magie des mélanges de genres et de sonorités montre que les petits secrets de ces jeunes gens sont toujours d'actualité. La machine Fridge n'a pas pris une ride en six années de silence. Certes ils ne se sont pas arrêtés et ont encore avancé, un petit peu plus loin que pour leur dernier opus. |