A quoi peut bien ressembler la vie après Herman Düne ? Ou plutôt sans Herman Düne ? Telle était la question existentielle à laquelle nous cherchions à répondre en allant découvrir le nouveau projet solo d’André Herman Düne, désormais rebaptisé Stanley Brinks.
Fidèle à ses origines, celui-ci avait choisi, pour sa première halte parisienne, Mains d’Oeuvres comme point de chute. Rien de franchement surprenant quand on sait que Herman Düne fut des années durant l’un des principaux animateurs du lieu. Le seul hic avec les concerts à Mains d’Oeuvres reste le trajet pour rallier Saint-Ouen. Qui plus est au plus fort d’une grève de la RATP. Une seule solution : se muer en Raymond Poulidor le temps d’une mémorable soirée en banlieue …
Après une longue période de disette, Mains d’Oeuvres donne à nouveau signe de vie, revenant même à l’avant-garde des salles parisiennes. Remarqué en ouverture de Josh Pearson l’an passé dans ces murs, H-Burns effectuait son retour à l’occasion de la parution du successeur de Song From The Electric Sky.
Originaire de Valence dans la Drôme, le garçon confirme en live son élogieuse réputation, distillant un folk classieux face à des spectateurs respectueusement affalés sur le sol. Pour la suite, inutile de présenter Jason Molina, mythique fondateur de Songs:Ohia et tête pensante de Magnolia Electric Co. Chapeau de cow-boy, moustache à la D’Artagnan, parties de guitare épurées, voix aérienne, songwriting de haut vol, Jason ne lésine sur rien pour épater la galerie. Le public lui réservera un triomphe franc et massif, reconnaissant pour cette escapade parisienne au milieu d’une si brève tournée européenne.
Les heures défilent et Stanley Brinks grimpe déjà sur scène. A la fortune et à la célébrité, André a préféré, comme le suggérait si justement Jeffrey, la bohème urbaine. Décision inattendue que de planter, à l’aube d’une reconnaissance inespérée, le groupe fondé avec son frère à la fin des années 90. Cependant, entre New-York et Berlin, l’aîné des frères Düne semble encore se chercher.
Chemise hawaïenne de rigueur mais débarrassé de ses sempiternelles lunettes teintées, André donne l’impression de vouloir se livrer, loin de l’image véhiculée auparavant. Simplement fier de pouvoir graver ici une nouvelle page de son histoire. Première surprise, le répertoire de Stanley Brinks diffère notablement de celui d’André, guitariste d’Herman Düne : l’univers est noir, le son dépouillé, le jeu de gratte râpeux, mais la voix demeure identique et toujours aussi superbe ; un voire deux titres n’auraient pas dépareillé sur le prochain Herman Düne mais pas davantage.
Tapi dans l’ombre à l’arrière de la scène, Jason Molina viendra même, l’espace de quelques titres, prêter main forte à André ; les souvenirs de la tournée de Will Oldham avec Matt Sweeney n’étant jamais très loin. A voir André ce soir, les raisons de son orientation de carrière ne sont jamais apparues si évidentes. Difficile en effet de l’imaginer reproduisant tous les soirs un set pop formaté, épaulé par une armée de choristes, dans une grande salle qui plus est ...
Sous nos yeux se présente le véritable André : une histoire à partager, une guitare autour du cou, les yeux dans les yeux avec quelques dizaines de spectateurs … Tout simplement. |