Ça fait du bien parfois de chroniquer un artiste que la plupart des gens connaissent. Forcément il y a moins ce frisson de la découverte d’un groupe obscur, méconnu, poète maudit ou autres visionnaires incompris. Pourtant disserter sur un disque dont l’auteur a déjà vendu plusieurs millions d’albums va me permettre une socialisation accrue. Enfin je pourrai parler de quelqu’un qui passe à la télé ou à la radio.
De chroniqueur de disques inconnus dont seuls les plus curieux sont friands, je vais peut être même accéder à la gloire (somme toute relative) dans mon microcosme. Alors merci à toi KT et attaquons de suite.
KT Tunstall a été propulsée sur le devant de la scène en 2004 avec son premier effort Eye to telescope. Plusieurs singles et quelques millions d’albums vendus plus tard, arrive enfin Drastic Fantastic, le très attendu deuxième album.
Un second disque est toujours beaucoup plus risqué qu’un premier. On a un élément de comparaison et on s’attend forcément à une évolution, une prise de risque qui fera s’affirmer l’artiste. Et il faut bien avouer que l’on est souvent déçu si ce dernier ne se renouvelle pas. Alors attend-on trop d’un deuxième album ?
Pourquoi finalement ne pas accepter qu’il suive tranquillement la trajectoire du précédent.
Il faut dire que la métisse sino-écossaise au joli minois avait fait fort avec son premier opus. Plein de fraicheur, il comportait quelques tubes bien sentis comme "Suddenly I see" ou "Black horse and cherry tree".
Récompensée d’un Brit Awards en 2006, la demoiselle à la voix rauque avait alors rapidement conquis le public avec des rythmiques et des mélodies accrocheuses. Pour nos lecteurs males, il faut cependant préciser que KT n’est pas la blonde élancée qui arrive dès que l’on chantonne "ouh, ouh !".
Nous ayant (sûrement) mal habitué, on attend de cet album des tubes, comme s’il y avait obligation. Ne changeant pas une équipe qui gagne, Steve Osborne (Doves, Suede, Placebo ou autres U2), se remet aux manettes pour Drastic Fantastic. Le son garde un côté live, pas trop arrangé et met en avant les guitares et la voix de KT.
Malgré une pochette disco quelque peu ringarde (KT, le regard droit, découvrant joliment ses jambes tout en tenant une guitare décorée façon boule à facette) l’intérieur du livret surprend et donne dans le comic art.
Et l’intérieur du disque est (heureusement) lui aussi en contradiction avec la pochette. L’ensemble est efficace, les rythmiques toujours simples et percutantes, les mélodies joliment trouvées, le tout restant indéniablement dans un registre pop folk. Le radiophonique "Hold on" reprend la rythmique stunstallcadé qui avait fait le succès de la belle et "Hopeless" enfonce le clou en poursuivant dans la voie brit-pop. Puis le tempo s’accélère quelque peu pour "I don’t want you now" tandis que les arpèges de "White bird" ramènent à une ambiance doucereuse.
Et Drastic Fantastic étant finalement bien pourvu, les entraînants "If only" et "Funnyman" sont calibrés pour devenir de nouveaux singles. Enfin la belle dame se donne également le temps de la ballade et conclue avec "Paper Aeroplane", une note de délicatesse sur des nappes d’harmonium.
Le résultat est là. De la pop folk classique très bien menée, avec la voix rauque et les mélodies accrocheuses de KT. Malheureusement l’effet de surprise qui avait profité au premier album s’est dissipé. Ainsi l’innovation n’est pas à l’ordre du jour, ce qui donne des chansons qui passent bien mais ne laissent pas trop de traces.
Reste un album très écoutable et appréciable. C’est joliment carré, très efficace.
De la musique du moment pour passer de bons moments.
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