Drame de Shakespeare, mise en scène de Gilles Bouillon, avec Babacar M’Baye Fall,
Christophe Brault,
Emmanuelle Wion,
Alain Payen,
Xavier Guittet,
Alice Benoit,
Mathilde Martineau,
Marik Renner,
Samuel Bodin,
Solal Bouloudnine,
Gaëtan Guérin et
Bertand Fieret.
Tout dans cet "Othello" monté par Gilles Bouillon concourt à faire de ce drame de la jalousie, tragédie cultissime de Shakespeare, une réussite éblouissante et magnifique.
Dans la scénographie épurée de Nathalie Holt, qui éclabousse la scène du rouge de la passion au blanc du linceul, les superbes lumières de Michel Treuil sculptent l'espace, fouillent les ténèbres des âmes noires et illuminent les superbes scènes, d'une sensualité époustouflante, des amants aux coeurs purs.
Gilles Bouillon porte au plus haut degré de la puissance dramatique le verbe de Shakespeare dans une fort belle traduction d’André Markowicz, une mise en scène puissante et subtile qui exacerbe les passions et une distribution judicieuse qui entoure les figures principales.
Christophe Brault, excellent, est le grand ordonnateur de ce double drame de la jalousie, celui de la jalousie amoureuse et celui de la jalousie envieuse, dont il distille le poison avec un machiavélisme remarquable et un art consommé de la manipulation. Son arme, la parole, car c'est un comédien diabolique et polymorphe qui connait tous les masques et vampirise ses victimes par sa connaissance des mots qui flattent leurs bas instincts ou attisent leur faiblesse.
Loin du cliché du fourbe ténébreux, il fait preuve d'un talent magistral pour naviguer dans toutes les nuances de la perfidie et brosser un Iago malfaisant et pathétique.
La faiblesse du colosse solaire à la chance insolente qu'est Othello, figure majestueuse bénie des dieux, homme à l'âme noble et vertueuse, guerrier conquérant et amant heureux, remarquablement incarné par Babacar M’Baye Fall, c'est son honneur. La simple évocation de l'infidélité potentielle de Desdémone suffit à contaminer son esprit sans espoir de salut.
Sous les traits d'Emmanuelle Wion, elle aussi très juste, à la fois séduisante, ardente et émouvante, Desdémone, n'est pas une jeune première mièvre mais une femme rayonnante, amoureuse, faisant preuve d'un caractère affirmé qui sait braver la loi du père et la loi de la cité mais ne saura déjouer le piège tendu.
Car la tragédie nouée ne connaîtra pas d'atermoiement. Ce spectacle intense et fascinant à l'esthétique soigneusement peaufinée est une pure merveille !
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