Intime du Velvet Underground et leader jadis des Modern Lovers
avec lesquels il a enregistré un éponyme chef d'ouvre absolu,
Jonathan Richman profitait, en 2003, des Festins d'Aden pour
donner son concert quasi-annuel à Paris.
Simplement accompagné d'un percussionniste jouant debout - pour simplifier
un Maureen Tucker, la finesse en plus -, il se présente devant
un Café de la Danse plein comme un oeuf avec pour tout instrument une
guitare sèche.
C'est après un court premier titre en français que résonnent
alors ces paroles désormais mythiques " some people try to pick
up girls and get called assholes this never happened to Pablo Picasso he could
walk down your street and girls could not resist his stare and so Pablo Picasso
was never called an asshole" ("Pablo Picasso"). Même
débarrassée de son habillage truffé de pédales fuzz
et d'orgues saturés, son ode au peintre espagnol reste définitivement
un des morceaux les plus marquants de l'époque pré-punk.
Par la suite, il ne reviendra que deux fois, vers ce répertoire qu'il
reniait déjà en 1976 ("Girlfriend" et "
Someone I Care About ") : pas de " Roadrunner"
ni de " I'm Straight " donc. En plus d'être un excellent guitariste (" Egyptian Reggae
", hanté par Hank Marvin), Jonathan Richman est également
un grand showman qui n'hésite pas à esquisser quelques pas de
danse derrière son micro ("Dancing In A Lesbian Bar"
) histoire d' agrémenter visuellement sa restation. Fasciné par
l'étude des langues étrangères, il s'exprime entre les
titres, dans un français impeccable, expliquant par la même, le
message de ses chansons traitant quasi-exclusivement d'amour ou alors déclinant
en anglais, français, italien, espagnol et hébreu. une dispute
entre une fille voulant vivre avec son temps et un garçon à la
morale solidement réactionnaire. Peu avant un titre (pseudo improvisé
?), en forme de déclaration anti-guerre en Irak, il se fend d'une reprise
terrassante de beauté de Charles Aznavour ("J'aime
paris au mois de mai"). Pourtant, le plus frappant était de constater que derrière le
musicien se cache un homme brillant par une désarmante sincérité
et qui s'est avéré tout au long du show véritablement touchant.
Et ce ne sont pas les multiples rappels qui le démentiront.. |