Pendant des années, Dylan Carlson a nourri les nombreuses biographies parues suite au suicide de son ami feu Kurt Cobain.
Carlson était connu pour être le dealer de la rock star la plus torturée des années 90 (son pote Kurt, toujours), mais il est surtout devenu célèbre après avoir vendu à Cobain l’arme avec laquelle ce dernier s’est fait sauter la cervelle…
D’ailleurs à l’intérieur d’un des albums de son groupe, Earth, on pouvait voir Carlson s’exhibant avec ses potes en train de faire joujou avec leurs guns…
L’intérêt de cette chronique se bornera sur le fait qu’en dépit d’être fortement lié à l’histoire de Kurt Cobain, Carlson jouait à l’époque dans un groupe appelé Earth. Le groupe, signé sur Sub Pop, nourissait un amour immodéré pour Black Sabbath et incarnait avec leurs collègues des Melvins la branche "lourde" de Sub Pop.
Earth 2, Special Low frequency Version reste une des pierres angulaires du "Drone" , ou de ce qui deviendra après le Doom Métal. L’idée de Carlson est à la base très simple : jouer la musique de Black Sabbath de la manière la plus lente possible.
Une des autres particularités de cette musique était les fréquences incroyablement basses générées par les guitares… Sans un groupe comme Sun O))), fans jusqu’au point de choisir leur nom en hommage aux amplis utilisés par leur héros.
La musique de Earth n’aurait pu être jamais connue le regain d’intérêt dont elle jouit aujourd’hui… La nouvelle livraison de Carlson, The Bees Made Honey In the Lion Skull, est sans aucun doute son album le plus accompli à ce jour. Le groupe s’éloigne des riffs mastodontes joués à deux à l’heure pour se diriger vers une musique plus apaisée.
La répétition des motifs est toujours une des bases de la musique de Earth, mais la matière sonore est largement dégraissée, plus fluide. "Omens And Portents I" jette les bases d’une musique qui doit plus à Ennio Morricone qu’à Sabbath. Ce que Earth perd en matière (les gros riffs) est compensé par une instrumentation plus étoffée : piano, orgue. La musique évoque aussi les grands espaces, les canyons baignés dans un cagnard infernal, d’où la filiation avec Morricone.
Carlson a passé dix ans à faire son deuil sur la mort de son ami Kurt Cobain. The Bees Made Honey In The Lion Skull sonne comme l’œuvre d’une personne apaisée, sorte de catharsis idéale d’un garçon en combat perpétuel avec ses démons…
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