Réalisé par Dany Boon. France. 2007. Avec : Kad Merad, Dany Boon, Zoé Félix.
L'affiche annonce d'emblée la couleur. On va rire aux éclats en assistant à la rencontre improbable entre un directeur de bureau de poste muté dans le Nord et la chaleur et l'humanité des Ch'tis. Kad Merad en perd sa cravate, Dany Boon, visiblement bien émeché, éclate de rire en tenant son fier vélo.
Les portraits semblent tellement retouchés et propres que l'on dirait la grande époque des affiches dessinées. La bande-annonce en rajoute une couche sur les clichés, exposant quasiment tous les gags du premier quart d'heure et laissant entrevoir qu'on allait changer d'avis sur les gens du nord. Petite comédie sans prétention qui fera son gros quota d'entrée dans le Pas de Calais et un petit peu ailleurs, pensait-on.
Et pourtant notre petit gars du Nord, fidèle à sa région, est parvenu contre toute attente à exploser tous les records de fréquentation. Exit La Grande Vadrouille, le nouveau Bourvil est ch'ti. Même Asterix et son imbuvable potion magique n'ont pas fait le poids face à la joyeuse bande de postiers de Bergues que des familles entières vont voir et revoir dans tous les cinémas français. Il fallait bien sauter le pas et se faire une idée de la raison de l'engouement du public pour cette comédie écrasant tout sur son passage et redorant apparement le blason d'une région souvent méprisée.
Une fois la séance terminée, la raison de ce succès semble simple. Bienvenue Chez Les Ch'tis est une comédie populaire comme on n'en fait plus, ou plutôt comme on en faisait beaucoup mais il y a bien longtemps. A l'époque des Bourvil ou Fernandel, où un petit sujet faisait un grand film avec de l'humour simple, souvent très gros, parfois lourd mais qui plaisait à toutes les générations. L'époque des histoires de benêts et de bourgeois, d'accents régionaux, avec une scène de cuite par-ci, une amourette par-là, et surtout sans les montages frénétiques à la Poiré, ni le côté populo-trash des productions Besson. Un film tout simple sur des gens tout simples où les gentils gagnent à la fin. Le succès de ce film montre que cette recette fonctionne toujours en 2008.
Dany Boon n'échappe pas aux clichés, aux gags ultra prévisibles (running gag de l'autoroute) et à un scénario cousu de fil blanc où l'on sait dès la première seconde que le gros méchant qui ne connait pas le Nord versera sa petite larme quand il devra le quitter. On le sait d'ailleurs dès la première demi-heure puisqu'il devient très (trop ?) rapidement accro aux baraques à frites et passe le reste du film à essayer de retenir sa femme loin de son nouveau bonheur. Zoé Félix est, malheureusement, horripilante, dans son rôle exagéré de petite bourgeoise prisonnière de ses préjugés. Et puis il y a le festival de l'accent Ch'ti, du parler Ch'ti, qui amuse quelque peu mais devient rapidement fatiguant de part les efforts répétés en longueur par les acteurs pour amuser avec la mécompréhension de Kad Merad, toujours très bon. Camping d'Onteniente était une pénible immersion des sketches de Duboscq dans un univers de campeurs beaufs, Bienvenue Chez Les Chtis est le voyage, en moins pénible mais peut-être plus plat, dans le pays fétiche des skecthes de Dany Boon.
La recette semble simple, on prend un gros cliché, on le transforme en comédie proprette en évitant toute réflexion superflue (on n'est pas chez Dumont) et quand de bons acteurs sont au rendez vous, ça marche. Ca ne laisse pas un grand souvenir, juste quelques sourires mais ça marche. A quand un long-métrage sur les Bretons bourrus mais sympas ou les Alsaciens, leur munster, leurs flammenkuches et leur bonne humeur avec de gros morceaux d'accent dedans ? En attendant l'arrivée d'ersatz régionaux de ce film, saluons donc la réussite de Dany Boon qui, par son talent, a réussi le hold up du siècle avec un film finalement très banal et pas souvent drôle. |