Lorsque le premier album des américains de Tapes 'n Tapes voit le jour en 2006, c’est toute la presse spécialisée qui, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, se met à encenser les quatre compères.
Le terme de "relève" du rock indé est prononcé à plusieurs reprises. Les Tapes ’n Tapes seraient les successeurs désignés des Pavement, Talking Heads et autres Violent Femmes.
Et à juste titre ! The Loon fait désormais partie des albums qui comptent, s’offrant ainsi la légitimité de se faire une petite place douillette dans votre discothèque idéale (probablement déjà bien remplie, mais bon quand on aime…). Si ce n’est pas encore le cas, l’écoute de certains titres comme "Cowbell", "Jakov’s Suite" ou encore "Insistor" devrait suffire à vous en convaincre.
Voilà. Avec tout ça, le quatuor de Tapes n’ Tapes a largement de quoi se friser les moustaches mais c’est sans compter l’énorme responsabilité qu’implique la réalisation d’une telle prouesse musicale… surtout quand arrive l’heure du deuxième album.
Walk It Off, sorti le 8 avril dernier, a donc été posé avec émotions dans la platine puis écouté religieusement. La première impression est une sensation de lourdeur. La finesse et l’imparabilité des compositions qui avaient fait le succès du groupe ont, ici, en grande partie disparu. L’urgence et la fraîcheur évidente du premier album ne transparaissent également que très peu, au profit d’une écriture plus grossière et d’une production peut-être trop présente.
Est-ce ce qu’on appelle la maturité faire fi du détail pour être exclusivement dans une espèce d’efficacité détachée ? La production ayant été confiée à Dave Fridmann (Mercury Rev, The Delgados, pourtant…), on est en droit de se demander jusqu’à quel point son implication a pu influencer ce nouveau projet. Heureusement, certains titres comme "Hang Them All" (premier single), "Conquest", "La Ruse" nous rappellent aux bons souvenirs de The Loon, même s’il leur est difficile à eux seuls de convaincre complètement.
Leur premier EP ainsi que leur premier album du quatuor étaient de pures auto-productions. Peut-être serait-il bon de rendre les commandes aux quatre de Tapes n’ Tapes pour le troisième opus ? Dans l’espoir de les retrouver pleinement.
PS : Malgré tout, je ne peux que vous encourager à aller les voir au Nouveau Casino le 3 juin. La scène étant pour Tapes n’ Tapes, le lieu d’expression de leur vraie nature, celle des dignes successeurs… |