Après un passage sulfureux à la Vapeur pour promouvoir Monsters In Love le printemps passé, le
groupe Dionysos revenait à nouveau en terre dijonnaise avec cette fois-ci un nouvel album à
présenter et une renommée scénique à défendre.
Pour cette prestation au Zénith, deux questions restaient en suspens. D'une part, les critiques en
demi-teinte sur La Mécanique du Cœur allaient-elles affecter le statut de Dionysos comme meilleur
groupe rock français sur scène et d'autre part, l'interprétation de ce dernier opus aux allures
conceptuelles et tiré du livre du même nom s'avèrerait-elle dans le même esprit sur la galette et sur
la scène ?
L'entrée éclatante de Mathias Malzieu et sa furie bondissante dès les premiers morceaux allaient
nous rassurer pour le premier point et sur la tournure de la future soirée : elle serait longue et énergique.
Pour commencer, Dionysos plante son décor : horloge tournante, sons de tics et de tacs,
engrenages en ombres chinoises... Une atmosphère digne d'une mise en scène de Tim Burton remplit la salle. Le public écoute avec attention l'histoire racontée par Malzieu et s'imprègne de ses
paroles pour les transformer en images.
Puis les horloges s'arrêtent et laissent place à "Song For Jedi" qui fait sauter la foule d'un seul
homme jusqu'au fin fond du Zénith.
L'ambiance retombe pour laisser à nouveau place à l'écoute de
"La Mécanique du Cœur" et cette alternance entre tubes (si on peut les nommer ainsi) et titres du
dernier album continuera jusqu'à la fin de la soirée sans se court-circuiter, donnant l'impression de
vivre deux concerts en un.
Pour parler du dernier album, l'absence des nombreux invités, indispensable dans leur rôle pour
la Mécanique du Cœur, ne se fait pas ressentir pour le concert, laissant place à l'interprétation
musicale plutôt qu'au jeu des personnages.
L'ambiance de la fosse restant à son habitude compacte et dansante, quelques slammeurs se
perdent sur la marée de bras tendues avec pour apogée le saut de Malzieu dans la fosse sur "Ta
Gueule le chat" montrant le chemin au tromboniste lui aussi obligé de sauter pour accomplir son
bizutage de nouvelle recrue.
Détendu et usant d'humour jusqu'à la demande des rappels, Malzieu est à l'image du groupe,
maîtrisant son concert sans être pollué par la folie des années passées, parfois trop foutraque, leur
prestation se bonifie avec le temps à n'en pas douter.

Jeudi soir dernier, pendant que quelques millions de français roupillaient devant une apparition
présidentielle, une poignée de bourguignons résistaient ; sautant, dansant, rigolant, s'amusant aux
rythmes rock d'un groupe qui conforte aisément son titre de meilleur groupe rock français sur
scène. Mais si chaque année les prestations sont meilleures, qu'en sera-t-il l'année prochaine ? |