Comédie de Roland Topor, mise en scène de Véronique Febvre, avec Flora Madelain, Gérard Ancellet, Brigitte Buendia, Christophe Gontier et Jean-Pierre Gendron.
L’insolite histoire d’une jeune traductrice qui, pour arrondir ses fins de mois, loue le dessous de sa table de travail à un cordonnier immigré et clandestin.
"L’hiver sous la table" de Roland Topor est une pièce insolite et poétique mais également caustique comme l’auteur qui portait un regard acéré sur le quotidien de ses contemporains et qui rend avec elle hommage à son propre père, artiste polonais devenu maroquinier à son arrivée à Paris, pour faire vivre sa famille.
En courts tableaux tendres et amusants, Véronique Febvre nous en propose une version très réussie. Avec beaucoup d’intelligence, elle a su diriger ses comédiens pour créer une alchimie qui opère au fur et à mesure que les liens se tissent entre les personnages et que les différents ressorts dramatiques apparaissent.
Certes Flora Madelain, semblant sortie d’un film des années 60 avec son allure de femme-enfant à la Bardot, en fait parfois un peu trop .Mais son énergie et son naturel emportent le morceau et finissent par nous la rendre sympathique ; Gérard Ancellet en grand escogriffe timide et maladroit rend Dragomir terriblement attachant et la réussite du spectacle doit beaucoup à sa composition.
Brigitte Buendia et Christophe Gontier dans les rôles des amis sont parfaits tous les deux et Jean-Pierre Gendron est absolument jubilatoire en éditeur snob et sarcastique.
Une fable plus profonde qu’il n’y paraît sur des sujets graves comme l’immigration et la précarité mais contée comme une fantaisie légère et jouée avec beaucoup d’entrain et de générosité par une formidable compagnie à découvrir. |