Douce chaleur pour cette édition 2008 du festival Primavera Sound 2008 à Barcelone. C'est avec ravissement qu'on retrouve les lieux toujours modifiés (ameliorés ?) d'année en année, qu'on reprend ses marques, sans subir la lourdeur du soleil catalan. C'est ainsi qu'une nouvelle scène - nommée Vice Jagermeister (sic) - a été montée au-delà du panneau solaire du site du Parc du Forum, au pied de la mer. Il y fait frais, c'est agréable en attendant le début des hostilités.
Le voyage a été dur mais il faut se rendre à la scène ATP pour voir Mount Eerie et ses Microphones sur scène, devant un public encore clairsemé : horaire pas vraiment espagnol et scène la plus lointaine du site.
Phil Elevrum est accompagné cette fois-ci et contrairement à sa mini tournée avec No Kids courant mai, de Julie, également bassiste d'Eric's Trip et qui jouera plus tard dans la journée, et de Fred, guitariste. Fred à l'electrique, Phil à l'acoustique.
Les trois compères sont très détendus, blaguant entre les morceaux et présentant de nouveaux titres à paraitre cette année. Morceaux revenant à ce qu'étaient les premiers titres de Mount Eerie. Puis Phil reste tout seul pour interpréter des morceaux du répertoire connu. On mentionnera tout particulièrement une version de "Appetite" forcément destructurée, tout seul à la guitare et un "I Hold Nothing" poignant.
Je quitte la scène très heureux pour retrouver la fameuse scène Vice et voir Enon sur lequel j'avais fait l'impasse lors de la tournée européenne du moment. Ma joie ne durera pas... Le son de la scène est purement horrible, criard, fuyant, lourd mais néammoins superficiel. Enon que je ne connais que par la description qu'on en fait : un mélange alléchant de Pixies ou de Blonde Redhead, est en fait un aggrégat de post-tout mal digéré. Ca part dans tous les sens, alternant le mauvais avec le pire. Je fuis.
Sur la petite scène CD Drome mise en valeur par rapport aux années précédentes, c'est-à-dire ne présentant pas que les artistes les plus confidentiels du festival, je retrouve Julie et ses Eric's Trip, groupe canadien du New Brunswick qui reprend cet été le chemin des tournées après une éclipse silencieuse. Phil Elevrum de Mount Eerie est là au premier rang pour soutenir ses acolytes. Le groupe est emmené par un sosie de J Mascis emascié et Julie qui prend la basse, dodelinant sans interruption de droite et de gauche. Ca fleure bon le rock indé 90's et je dois dire que je me régale.
Je dois à regret m'éloigner pour voir Public Enemy. O erreur. J'assiste à un quart d'heure de DJ set derrière des platines, une banderole "Bomb Squad" devant la table. Le principe est simple : on est des méchants, vous le savez, on se reforme mais ce n'est pas pour l'argent. Alors on arrangue le public, on va vous mettre le feu. On aime pas Bush. Le public lève les bras... puis les rabaisse. Et on recommence. Et puis tout de même le concert débute. Oui bon, Public Enemy, ça a eu du sens. Ca n'en a plus et la sauce ne prend pas. Et on se dit que c'est dommage d'avoir raté la fin de concert du vieux rock 90's d'Eric's Trip.
Retour à la scène CD Drome pour retrouver un autre vieux groupe qui m'a accompagné durant ma fin d'adolescence : Shipping News. Le groupe tournant à nouveau après un hiatus trop long, le public est nombreux devant la scène, des gars comme moi, des trentenaires heureux de retrouver ce frisson.
Le groupe est élégant, posé ; distant et charismatique comme un Slint. Le set se compose de nouveaux titres à paraitre ainsi que des meilleurs du répertoire connu. Se sentant bien, ils déclareront rester sur le site du festival pour toute sa durée et voient Public Enemy jouer face à eux, au loin. On est bien où on est.
Je me rends ensuite à la scène ATP pour Boris, non sans craintes. Je ne suis pas un spécialiste du groupe mais mes expériences avec leurs galettes me laissent dubitatives. Trop de tout.
Le concert me confirmera tout cela : des passages tendant vers le glam à la wah wah, d'autres vers le métal (merci aux amplis Sunn !). Le slam du batteur dans le foule ou sa propension à jouer au showman a la capacité de me laisser pantois. Et puis il faut le dire, même si le dernier morceau fut très bon, il faut savoir s'arrêter.
Apres un pause restauration (ah le jambon espagnol...), j'attends Explosions In The Sky que j'affecte particulièrement pour les avoir vu une petite dizaine de fois. Concert et tournée annulée l'an dernier au moment du Primavera, les voilà devant un auditoire fourni. La fatigue me rattrapant et le son de guitare de Munaf est si peu cristallin que je ne me trouve pas le courage de rester. Une déception sans doute plus personnelle que tangible, due à un son que je qualifierai "de festival", plus habitué que je suis au son ciselé de leurs concerts cosys dans les petites salles belges qui aiment à les accueillir. |