J’ai finalement réussi à imaginer quelle aurait été la sensation d’être à un concert des Jefferson Airplane en 1970, année de ma naissance : un délire de couleurs et de sons, des divagations musicales hallucinogènes qui, ensemble, amplifieraient les effets de l’alcool et des drogues de l’époque. En d'autres termes : un vrai trip.
Et j’ai réussi cela en écoutant l’étrange et curieux Remember des Fiery Furnaces. C’est que, de la première à la dernière musique, je n’arrive pas à cesser d’évoquer les Jefferson Airplane, que ce soit dû à l’exubérance musicale, pleine d’improvisation qui marque tout l’album, ou bien à l’affinité entre la voix d’Eleanor Friedberger, des Fiery Furnaces, et celle de Grace Slick, des Jefferson Airplane.
Remember, premier disque live des Fiery Furnaces, est musicalement très bon, mais son écoute n’est pas facile. Durant plus de deux heures de "medleys", on a l’occasion de constater la virtuosité et la créativité du groupe qui réinvente constamment ses propres musiques, en nous présentant plusieurs versions d'un même morceau ("Single again", trois fois, et "Clear Signal From Cairo", deux fois). Ils changent substantiellement les oeuvres originales et collent, dans une même composition, des parties de plusieurs autres. C’est donc une édition d’auteur, dans la mesure où elle résulte de la sélection et collage de moments tirés de plusieurs spectacles donnés par les Fiery Furnaces entre 2005 et 2007.
En résumé, c’est un disque précieux que je n’écouterai pas au quotidien, mais que j’emmènerai sur l’"île déserte" de la fameuse question (ou bien pour mes voyages vers l’abstraction de la réalité). |