Cela fait longtemps que je ne suis pas allé aux Mains d'Oeuvres, à Saint Ouen, et c'est une queue assez nombreuse qui m'attend à l'entrée de la salle. Le concert de ce soir est complet, dans mon souvenir la salle est plus petite que la foule présente. L'attente nous aura permis de profiter des sérigraphies du collectif Arrache Toi un Œil, qui a réalisé une affiche à tirage limité, pour la venue du quatuor de Seattle.
L'ouverture est ce soir assurée par Russian Circles, découverts récemment lors de la sortie de l'album Station. La salle est plongée dans le noir complet, au premier coup porté sur la batterie, un spot halogène, situé sous l'instrument, s'éclaire, il sera le seul point d'éclairage de tout le set.
Au même moment, un torrent de fumigènes envahit la scène. Semblant sortir du spot, Dave Turncrantz disparaît presque complètement derrière la fumée.
Entrée en matière assez remarquable, Mike Sullivan appuie de ses notes de guitare, l'arrivée de ce maelström vaporeux.
Accompagnés à la basse par Brian Cook, membre de Theses Arms Are Snakes, le trio distille ses titres parfaitement, exécution impeccable et spartiate, pas de contact avec le public, noir complet entre chaque titre. Tout ceci semble ravir le public de connaisseurs, il y a de quoi, la prestation est quasi parfaite et relativement longue pour une première partie.
Les membres de These Arms Are Snakes mettent leur matériel en place, Steve Snere entre en scène affublé d'un ridicule chapeau de paille, et le concert débute entre deux essais de son, comme si de rien était, sans que l'on s'en rende vraiment compte.
Dès le départ, une chose me paraît évidente, Steve Snere est de la lignée des chanteurs cathartiques, de ceux qui une fois le micro en main, perdent toute notion de réalité. La ressemblance avec David Yow (ex chanteur de The Jesus Lizard de son état) dans son occupation de la scène, est frappante. Steve saute littéralement dans tous les sens, grimpe aux coursives tenant les spots, se jette sur un pilier pour mieux rebondir en sens inverse. Il est secoué de mouvements hasardeux et convulsifs, crache, hurle, disparaît derrière la batterie, pour resurgir quelques secondes plus tard.
Il vole carrément la vedette à ses compagnons et en ferait presque oublier la prestation musicale qui, au demeurant, est très bonne, quoi que fort bruyante (le sifflement dans mes oreilles ne s'est toujours pas arrêté à l'heure où j'écris ces lignes, mes bouchons acoustiques étant restés bien sagement à la maison) est de qualité.
Les titres s'enchaînent, certains du dernier album en date, mon seul point de repère dans la discographie du groupe, passent très honorablement à la scène. Ce n'est visiblement pas l'avis de certaines personnes dans le public, pas la majorité, certes, qui semblent ne pas apprécier. Reste que la prestation sera exécutée au pas de charge, les titres se succèdent presque sans pause, Le son étant à un niveau un peu élevé, il semble brouillon, en tout cas devant la scène. En attendant, pour une première sur scène, ce groupe est impressionnant et fort plaisant, enfin un groupe politiquement incorrect. |