C'est la phrase qui revenait le plus souvent en croisant des connaissances dans le grand Parc Expo entre deux concerts de ces Transmusicales 2008 : "tu es allé à l'Aire Libre voir les groupes des îles Féroé ? C'est magique". Autant dire qu'il ne fallait pas quitter le festival sans avoir découvert ces deux groupes en résidence dans la salle de spectacles de Saint-Jacques de la Lande. Ajoutons à cela une invitation gastronomique pour mieux découvrir ce petit archipel et il n'en fallut pas plus pour mettrede côté la grande soirée eclectro du samedi soir pour découvrir en concert intimiste ces deux groupes, Budam et Orka (assisté par Yann Tiersen).
Un pianiste, un chanteur et une elfe. Un line up tout simple, sous de splendides éclairages, mettant en valeur le charme des petites histoires de Budam, aussi à l'aise sur les chansons tristes comme la terrible et magnifique Gabriel's Song que sur le récit en musique et en humour des Noces de Cana. Calmes, posés, devant une salle comble incroyablement attentive, les trois compères offrent au public un spectacle chanté, une vision intéressante de leurs îles entre chaud et froid. Avec la belle découverte d'un clown chantant.
10 jours de résidence pour une collaboration comme seules les grandes manifestations artistiques ont le secret. Mélanger l'inventivité d'un groupe des Iles des Moutons (Féroé) au talent du plus célèbre des ouessantins, il fallait y penser. Et la réussite est totale. On savait Yann Tiersen amoureux de ces rencontres et collaborations depuis le Monochrome de Dominique A ou l'album de Shannon Wright. Lui proposer de travailler avec l'équipe de Jens Thomsen, créateur d'instruments de musique, tombait finalement sous le sens et Jean-Louis Brossard ne s'y est pas trompé.
Le plateau est original, un mélange étonnant de classicisme et de modernité. Comme annoncé, tous les instruments sont fait maison, construits dans la ferme de Thomsen : une basse rudimentaire pour le concepteur, une sorte de harpe plantée dans un bidon pour le chanteur, une slide-guitare-néon incroyable accompagnée de sa batterie de pédales d'effets, des percussions faites de tonneaux, mais aussi un violon épuré spécialement créé par la tête pensante du groupe pour Tiersen ou la très originale flute de pan industrielle faite d'un compresseur d'air et de plusieurs bouteilles d'eau. Inédit, incroyable et pourtant ca marche. Dès le premier titre, on entre dans le monde d'Orka, très industriel, avec batterie metallique et crissements de meuleuse. Le chant est traditionnel composé principalement de poêmes dans la langue de ces iles proches de l'Islande. Une projection vidéo complète le show alternant les paysages nordiques et quelques court-métrage dont l'excellent Android 207 de Paul Whittington. Yann Tiersen n'est pas juste un invité du groupe, il fait partie intégrante de l'équipe, en retrait, fondu dans la masse musicale tantôt calme, le plus souvent explosive. Des applaudissements nourris et mérités salueront chaque titre par un public cherchant à percer le mystère de ces instruments peu conventionnels pour un concert qui ne le sera pas moins. Une incroyable réussite artistique. Et un sacré coup de projecteur sur les Iles Féroé qui, peu de gens le savaient, cachent de magnifiques et étonnants trésors. |