Spectacle
solo de Nouara Naghouche, co-écrit et mis en scène
par Pierre Guillois.
Alsacienne/Algérienne, Nouara Naghouche,
jeune femme arabe issue de l'immigration, française d'Alsace,
comme elle se présente, possède une énergie
et une générosité empathiques qui érigent
son spectacle-témoignage en plaidoyer exemplaire pour
les femmes victimes expiatoires tant d'une culture que des hommes.
Petite bonne femme ronde en jogging, aux cheveux courts, la
trentaine passée mais le visage juvénile et très
mobile, elle a co-écrit avec Pierre
Guillois, qui l'a mise en scène, un one woman
show classique, au titre explicite, constitué de sketches
pour lesquels elle a puisé autant dans son autobiographie
que dans la vie de sa cité au coeur d'une zone défavorisée.
A travers des portraits hauts en couleurs, ironiques, cocasses
ou graves, elle porte la parole de Zoubida, Nouara, Yasmina
et de toutes les autres femmes des classes populaires qui sont
soumises, enfermées, violentées, réduites
à l'état d'objets, objet domestique et objet sexuel,
bouc émissaire des hommes sombrant dans la rage, l'alcool
et la violence. Et dès lors, Arabe, Français ou
Alsacien, c'est du pareil au même.
Dans ce spectacle, il n'est pas question de rupture ni de remise
en cause d'une culture. La priorité est donnée
à la parole comme premier levier d'accès à
la visibilité de celles qui sont maintenues dans une
certaine invisibilité qui arrange tout le monde. Nouara
Naghouche a compris que la parole est une arme. Et elle a pris
les armes avec détermination. |