Spectacle conçu et réalisé par François Raffinot, avec Jean-Michel Fête, Sylvie Granotier, Franck Picart et Audrey Yvars.

Dans le cadre du festival Etrange Cargo, François Raffinot a conçu un programme en trois temps. Trois performances dans trois espaces de la Ménagerie de Verre, un concept à la fois original et fort audacieux.

Les spectateurs nombreux sont invités à former des groupes. Une fois composés, en voilà un qui va monter à l’étage, un autre qui sera conduit dans une sorte de cave et le troisième, lui, va rester au rez de chaussée.

Immédiatement, tous se posent des questions et se demandent à quoi ils vont bien pouvoir assister. Ce suspens est une des premières étapes de ce parcours qui permet au spectateur de devenir à se façon acteur quelque part de ce qu’il va se passer…

Trois fois vingt minutes, trois versions de personnes en conversation avec leurs doubles, trois espaces, et trois performances. Le thème abordé par François Raffinot est donc celui du double selon des angles différents. Ce qui est fascinant dans son travail est que les trois visions, bien qu’elles soient autonomes, se croisent par des sons, par des interventions, qui renforcent l’idée de conversation.

La première version est un tête à tête extrait de "Persona" de Bergman. Celui-ci se déroule dans un endroit sombre, avec une ambiance assez pesante comme lors d’un interrogatoire assez costaud. Les deux comédiens Anja Hempel et Jean-Michel Fête rentrent parfaitement dans leurs personnages ambigus. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit pas véritablement d’une conversation mais plutôt d’un monologue. Un même texte repris par l’un puis par l’autre dans des versions toutefois différentes mais qui explosent par leur sincérité et leur presque réalité ou pas d’ailleurs.

La seconde performance se passe dans une salle de danse, vaste et propice à l’entière expression corporelle. En effet, un solo de danse s’opère… Frank Picart, reproduit ou plus exactement pervertit, des indications gestuelles enregistrés sur le vif lors d’un de ses cours donné à des danseurs. Le plus étonnant est qu’il suit ses propres directives, parfois très réalistes, et puis d’autres beaucoup moins, voire absurdes.

La dernière version et/ou performance se fait presque à l’entrée de la Ménagerie de Verre, sur un trampoline plus exactement. Cette fois, c’est Audrey Yvars qui la réalise. Un effet miroir de ses gestes, renvoyés sur le sol, permet un jeu d’inversions. En clair, le spectateur voit l’inverse de ce qu’elle effectue sur le trampoline, une sensation étrange et peu banale.

Ces 3 X 20 minutes ont été conçu pour nous renvoyer nos propres images ou doubles. Comment vivre en harmonie avec son propre moi ? Ou comment vivre avec soi-même tout simplement ? Des questions auxquelles vous trouverez certainement des réponses en allant explorer ce travail à la fois actuel et nécessaire.