L'exposition "Alexander Calder - Les années parisiennes 1926-1933" co-organisée par le Centre Pompidou et le Whitney Museum of American Art de New York est consacrée aux années considérées comme décisives du séjour parisien de l'ingénieur en génie mécanique reconverti à la peinture et au dessin dont l'œuvre sera la plus innovante du 20ème siècle dans l'art de la sculpture.

En effet, Calder est passé à la postérité avec ses fameux stabiles et mobiles en résolvant, avec la suspension, le problème du socle et de l'attache au mur et en inventant l'anti-sculpture.

Sous le commissariat conjoint de Brigitte Léal, conservatrice au Musée national d'art moderne et de Joan Simon, curatrice au Whitney Museum of American Art, la monstration permet d'approcher la genèse de son oeuvre et revêt un caractère exceptionnel notamment par la présentation d'oeuvres inédites ou rarement exposées en dehors de leur lieu de conservation.

Ainsi en est-il du "Cirque" que Calder a créé à Paris et avec lequel il divertissait ses proches puis avec lequel il assurait des spectacles publics avec "le peintre Foujita à l'habillage sonore, qui constituent l'ancêtre des performances artistiques.

Cette oeuvre qui n'a pas quitté le sol américain depuis 1982 et se revèle aujourd'hui encore, même à jamais inanimée, fascinante.

Le film de Jean Painlevé réalisé en 1955 et filmant Calder en action permet néanmoins d'avoir une idée de son fonctionnement.

Un américain à Paris : de "Animal Sketching" au "Drawing in space"

A Paris, Calder s'installe délibérément à Montparnasse, lieu de convergence des avant gardes internationales, où il rencontrera notamment Mondrian dont le travail s'avèrera déterminant. Le plasticisme de Mondrian sera à l'origine d'un choc esthétique qui induira le télescopage entre le dessin dans l'espace qu'il pratiquait et le vocabulaire de l'abstraction-création qui le rapproche notamment de Miro.

Et c'est ce choc qui va orienter l'évolution d'une recherche dont il avait déjà formulé les prémisses dans son livre "Animal Sketching", publié en 1926, dont un exemplaire original est présenté au deuxième niveau de l'exposition et qui a judicieusement fait l'objet d'une réédition par les Editions Dilecta.

Cette publication se présentait un manuel didactique à l'usage de celui qui entreprend de dessiner et posait des fondamentaux, dont sa conception du mouvement comme vecteur de la réalité.

Calder invente la sculpture vide en remplaçant le crayon sur le papier par le fil de fer dans l'espace avec lequel il va renouveler l'art du portrait et de la caricature qui lui vaudra le surnom de "Daumier du fil de fer".


Au mouvement statique, succède le mouvement mécanique, avec un ensemble jouets mobiles créés en 1927, puis des mobiles motorisés.

Enfin, moment attendu du public, les mobiles à mouvement libre ("Object with red dics") voient le jour et l'exposition permet également de découvir une oeuvre inédite au nombre des mobiles sonores avec "Small Sphere and Heavy Sphere".

Les années parisiennes de Calder sont fertiles et le parcours chronologique de l'exposition riche d'un corpus abondant de plusieurs centaines d'oeuvres et de documents qui restituent la magie poétique de ce géant.