Aujourd’hui, il y a du lourd sur la grande scène : Ghinzu, Franz Ferdinand et Prodigy, desquels il faudra peut-être partir avant la fin pour profiter de The Ting Things, sous le chapiteau, et la pluie ?
Une petite pluie a le bon goût de tomber avant les concerts, tassant la poussière en nous épargnant la célèbre bouillasse paléolithique, attendue jeudi avec de violents orages…
Nous arrivons après que les troupes belges se sont emparées de la grande scène, fantastique Ghinzu, capable de ce bruit énorme et pourtant mélodieux que nous adorons.
Le temps de prendre trois photos, et on nous interdit l’appareil au téléobjectif trop voyant.
Dommage pour vos yeux. Allez, c’est la musique qui importe, et les sombres musiciens la déroulent joliment.
Pour leur final, ils ont caché l’orchestre philharmonique de Nyon sous la scène, et nous donnent un bon gros "Blow" qui dure longtemps, John Stargasm finissant déhanché, debout sur son clavier.
Nous les aurions bien rappelés, mais bon, on ne badine pas avec l’horloge en Suisse, une heure c’est une heure, le staff technique se fait siffler.
Autour d’une bière, à portée d’oreille, le suédois mais néanmoins francophone Peter Von Poehl a l’air calme et gentil.
Sans trop savoir où nous allons, nous rejoignons le chapiteau de la bande à Pascale Picard. Tabernacle, c’est au Québec que nous arrivons, et à l’accent bien prononcé.
Choc des cultures, la belle se demande si en Suisse aussi on a la chaire de poule. Oui, et c’est qu’elle nous la donnerait presque. Elle alterne des ballades poétiques et un rock énergique, avec une sympathique attitude. Elle est marrante sa bande, avec son Mathieu assis et concentré sur sa guitare qu’il gratte à merveille. Agréable aussi, un peu de Beatles ou de Portishead ici ou là…
Bon. Comme prévu, aujourd’hui, c’est l’assaut de la grande scène. Nous effectuons donc une habile manœuvre de contournement pour rejoindre les Franz Ferdinand, ces archiducs qui déclenchèrent une guerre mondiale.
Les Écossais se déchainent devant les drapeaux gallois et irlandais qui flottent dans le public depuis hier. Ils déroulent une pop saucée de rock qui a son public mais peine à nous toucher. "Take me out", d’ailleurs je me barre, n’en déplaise à ma logeuse, ici à Nyon, qui est écossaise... On lui dira qu’on avait trop faim. D’ailleurs, que pourrais-je manger de typique Jean-Victor ? Des "macaronis de chalet" bien sûr ! C’est un peu comme une tartiflette, avec des pâtes à la place des pommes de terre, mais les nôtres manquent singulièrement de lardons… Nous ferons mieux demain.
On repart de l’autre côté du Paléo, vers le Thomas More Project, au Détour : deux vidéastes et cinq musiciens créent un univers visuel et sonore unique, très électronique, garage. Un peu le thème de la soirée, cet électro-rock, lourd ou subtile.
Je me demande si je n’aurais pas dû zapper les archiducs pour venir plus tôt découvrir cette bulle d’inspirations… Voyons voir…
Bon dieu, ils ont mis Ghinzu à leur place sur le podcast du festival, mais leur Myspace confirme l’impression, c’est tout bon. Jean-Victor s’est éloigné de quelques pas, les oreilles trop pleines. Eh oui mon pote, il faut mettre des boules Quies quand on veut faire des photos !
Ce soir, tout le monde parle des Young Gods, groupe genevois qui a connu un beau succès en Angleterre, il y a longtemps. Ils ont, paraît-il, un show inspiré de Woodstock.
Nous passons complètement à côté, littéralement, séparément, sans être happés, ni l’un ni l’autre, pour nous retrouver, sans nous concerter, au Club Tent, devant Bonaparte, dont les délires nous scotchent. D’abord, la scène a l’air d’un bordel, qui nous rappelle l’excellent Gogol Bordelo qui avait clôturé le festival il y a deux ans.
Et puis nous commençons à comprendre ce que nous voyons : quatre ou cinq musiciens déguisés servent un punk vigoureux et moderne, pendant que trois ou quatre danseurs leur tournent autour en changeant de costume : un corbeau, un lapin, une ballerine, un squelette, que sais-je ? Elle crache même le feu, et prend des photos.
Finalement, nous sommes dans leur univers déjanté, complètement, au pays des merveilles, le public suit, à fond, ça bouge. Et le lendemain, je me souviens de quelques rengaines, "you know too much, too much, too much".
Après cette prodigieuse surprise, il faut une nouvelle fois s’armer pour revenir vers la grande scène, s’en prendre plein la figure. Nous nous faufilons, au plus près, qui est déjà loin. On ne tarde pas à ranger l’appareil-photo : ça brasse, ça pousse, ça serre, et ça s’écrémera joliment dès les premiers beats des guerriers tatoués.
The Prodigy n’a plus besoin de rien pour soulever une foule qui les connait par cœur. En noir et blanc, "Firestarter", ils mettent le feu au paléo. C’est la folie absolue, d’une génération qu’ils ont marquée (à part Jean-Victor), et qui commence à vieillir. Plus vite qu’eux ? Je ne sais pas…
De leur dernier album que j’ignore pour l’instant, rien ne me stupéfait à première écoute : ni "Invaders must die", ni "Warrior’s dance", même si on reste dans le big violent beat qui assure. Finalement, nous avons du mal à respirer dans ce champ de mines, et les choses se calment, toutes proportions gardées. Nous apprendrons plus tard au bar du canal qu’ils avaient "des box en plus des autres"… C’est vrai qu’on l’a senti, leur son écrasant.
Pour finir cette deuxième journée, nous opérons un changement générationnel et nous faufilons jusqu’à The Ting Tings. Les teenagers sont là, nous aussi. Avant de rejoindre sa batterie, Jules commence par nous faire une petite démo de JamMan pour nous montrer comment ils vont remplir le Chapiteau, en duo.
Et puis Katie déboule, en short et collant à paillettes, la casquette vissée sur son joli minois, la guitare en bandoulière comme si elle ne la quittait jamais. Et c’est parti, pour une heure de concert parfaitement rodé, terriblement efficace, avec ces mélodies inoubliables, "Great DJ, Shut up and let me go", jusqu’au final flamboyant, "That’s not my name" !
Le duo de Manchester marquera notre mercredi, juste derrière le cosmopolite Bonaparte.
Aujourd’hui, nous attendons l’orage, ce qui ne me dérange pas pour les grandes scènes : Amy Macdonald et Moby… Nous devinons aussi un thème reggae derrière le reste de la programmation, ce qui n’est pas ma tasse de thé, mais pourrait attraper Jean-Victor. Moi, je pousserai vers les plus reculées des scènes où j’ai repéré deux ou trois originaux… |