Le dernier week-end des concerts FNAC Indétendances commence par une soirée sur la thématique festive avec quatre talents de la chanson française aux multiples influences.
Les réjouissances débutent sous les yeux d’un public s’étoffant au fil des minutes avec Karimouche, un beau brin de femme dont la prestance remplit la scène dès les premières secondes.
Energique et expressive, cette Lyonnaise, dont le vrai nom de scène est la contraction de son identité Carima Amarouche, nous livre des textes drôles et attendrissants, relatés tels des histoires.
Elle maîtrise l’art de l’expression vocale et jongle entre le style parlé ou chanté dans un genre mélodieux, rap ou raggamuffin.
De sa voix puissante au timbre singulier, avec laquelle elle joue pour se montrer tour à tour douce ou en colère, fragile ou menaçante, Karimouche conte à la première personne et avec une gestuelle théâtrale des situations inspirées de la vie quotidienne, puis elle nous chante son "pot pourri de comptines Berbères".
Ses deux compagnons, Lyonnais eux aussi, Jean-Pierre Caporossi au clavier et Kosh au Human Beat Box, qui domine par ailleurs la rythmique de bruits de bouche, donnent le tempo à ces histoires.
Complices, face-à-face, ils se livrent à des duos de notes saccadées et de beats et se lâchent par moments sur leurs instruments pour faire danser la belle, pieds nus malgré le sol chauffé par le soleil, et lui laisser le loisir de nous faire une démonstration de danse orientale.
C’est une belle découverte pour le public parisien et la seule déception de cette première partie est de savoir que l’album de Karimouche ne sera disponible qu’à partir de janvier prochain.
En deuxième partie, le groupe Flow, composé de la chanteuse Flo (Florence Vaillant) et de ses musiciens, arrive face à un parvis de l’Hotel de Ville déjà bien rempli.
Les textes inspirés de l’artiste précédente laissent place aux discours engagés du groupe qui a déjà acquis une certaine notoriété.
En introduction, tel qu’ils disent être leur habitude, le groupe nous berce avec une comptine : "une souris verte" cette fois-ci. Peut-être pour faire appel à la part innocente qui veille en nous et mieux nous sensibiliser à ce qui suit.
Deux guitares acoustiques toujours synchro et une contrebasse donnent le ton aux premières chansons dont les messages sont sans équivoque.
Le groupe milite en faveur de plus de paix et de moins de violence, et dénonce la part de superficialité de ce monde. De sa voix rauque, Flo est touchante de sincérité. Passionnée, elle met toute son énergie dans ses textes.
Pour détendre un peu l’atmosphère, le groupe joue le titre "Pouffiasses", entre portrait et caricature des femmes. Mais ils reviennent aussitôt à des valeurs plus sérieuses avec "Shalom" qui réclame de la paix pour tout le monde.
La guitare électrique prend place sur les derniers morceaux pour finir sur une note un peu plus rock et une dernière tentative de mobiliser énergiquement la foule (dont une partie est encore avachie sur le tapis bleu géant) avec "Ca dégénère".
Lorsque La Ruda arrive sur scène, un public fan les attend de pied ferme. Le groupe, dont la composition instrumentale est plus étoffée que les précédents, livre immédiatement une explosion de sons comme ils savent si bien le faire.
Leur énergie inonde le Parvis, de gentils pogos prennent place et des slammeurs circulent au-dessus de la foule.
Avec pas moins de trois cuivres, deux guitares, une basse et une batterie, les musiciens se défoulent sur des morceaux rock avec des relents de ska ou de swing.
Les solos de saxophone ou trompette agrémentent le rock de leurs notes enjouées. La fête bat son plein sur les morceaux endiablés de leur cru.
Le chanteur Pierrot ne lâche pas son micro, tel Elvis Presley, et les textes coup de poing fusent pendant trois quart d’heure, presque sans répit entre les morceaux.
Lorsqu’il entonne "Trianon" et "Le prix du silence", le public est déchaîné. Force est de constater qu’après tant d’années de concerts et festivals, La Ruda sait toujours brillamment faire la fête, car après tout, comme ils le disent : "surtout ne pas oublier que la vie est belle".
Enfin, le trio La Rue Ketanou vient clore les festivités et adoucit l’atmosphère avec ses chansons aux rythmes tsigane, folk ou reggae et auxquels viennent se mêler à l’occasion des sons orientaux ou bretons.
Au son de l’accordéon de Florent Vintrigner, ainsi que des percussions et de la guitare acoustique de Mourad Musset et d’Olivier Leite, ils reprennent leur répertoire et font chanter la foule, en commençant par "A Contresens", en passant par "Impossible", "Germaine", "Maitre Corbeau" et en finissant "Les Cigales" et "Les Mots".
Les textes célèbrent l’amour, l’amitié et d’une manière plus générale la vie. Le tout dans un esprit festif et une chaleur communicative que le public, conquis d’avance et fidèle au groupe, redemande dans un rappel et obtient avec un dernier morceau supplémentaire "Tu parles trop".
En somme, la fête est bien réussie et on repart de là bien satisfait d’avoir découvert ou re-découvert cette part de la chanson française.
Il ne reste plus qu’à réussir à se frayer un chemin jusqu’au métro à travers les milliers de personnes encore bien agitées. |