Belle représentation en nombre pour l'Amérique latine à cette 53ème Biennale Internationale d'Art Contemporain de Venise .
Outre l’Uruguay, le Brésil et le Venezuela jouissant d’un pavillon national, les autres pays d’Amérique latine sont présents à l'artillerie de l'Arsenal pour le Chili et réunis, pour les autres, en une exposition collective, l'Istituto Italo Latino-americano, au sein de l’Arsenal, l’Argentine ayant investi la Libreria Modadori place San Marco à l'exception de Thomas Saraceno installé au Pavillon de la Biennale.
Foisonnante Amérique latine au milieu du gué
Rien d’étonnant à ce que la scène artistique latino-américaine soit foisonnante pour ce continent mosaïque de pays qui ont connu un siècle de chaos politique et qui abordent le 3ème millénaire sous le signe des mutations dans des fortunes diverses avec des artistes impliqués dans la vie de la cité tout en exaltant, pour certains, leurs racines d'avant l’inévitable ère de la globalisation.
Hommage
est rendu à Lygia Pape, une
des artistes pionnières du néo-concrétisme
brésilien, qui ouvre l'exposition générale
de la Biennale avec une installation faite de bandes de fils
de cuivre "Tteia" datant de 1979.
30 années après, sa compatriote Delson Uchoa, avec sa palette chromatique très colorée et lumineuse s'inscrit dans sa filiation avec une référence aux arts décoratifs folkloriques de son pays.
Avec
son memento mori "The Promised Land (te quiero, mucho,
poquito y nada)" au seuil du pavillon uruguyaien, Raquel
Bessio jette un regard sans concession sur le processus
de modernisation engagé qui s'accommode mal des valeurs
intrinsèques nationales.
Même réflexion pour le cubain Carlos Garaicoa qui, avec "City double", quatre tables avec des maquettes de bâtiments géométriques en carton rouge, représente une ville idéale et utopique bien éloignée encore de la réalité de son pays.
En parallèle à une représentation soucieuse du monde, telle la métaphorique "Galaxy"de l'argentin Tomas Saraceno qui séduit au Pavillon de la Biennale, la critique socio-politique est une composante récurrente pour les artistes latino-américains présentés.
Ainsi l'installation conceptuelle interactive du Paul Ramírez Jonas, "Paper Moon (I Create as I Speak)", qui oeuvre dans les thématiques du politique associées aux médias et le "Kukulkan" du guatémaltèque Dario Escobar composé de pneus de vélo suspendu.
Et ne ratez pas l'oeuvre présentée par la dominicaine Raquel Paiewonsky, "Otros mutantes" composée de poupées hybrides, monstrueux avatars génétiques ou jouets fétiches, évoque "la colporteuse de chimères" Annette Messager.
Mais Ivan Navarro, qui représente le Chili, est sans doute l'artiste qui rallie tous les suffrages avec son triptyque "Treshold".
Entre
design et sculpture, jouant avec les références
minimalistes et les effets d'optique, à la croisée
des chemins de Dan Flavin et Bruce Neuman, il recontextualise
les objets du quotidien dans une fonction politique.
Ainsi après sa chaise électrique en lumière noire dénonçant la peine de mort, "Death Row", constitué par treize portes en aluminium avec des néons de couleur différente, matérialise le couloir de la mort avec la même impression de fuite vers l'infini que pour "Bed", sculpture circulaire apposée au sol qui démultiplie sans fin le mot écrit au néon.
Les parisiens pourront dès le 5 septembre 2009 découvrir à Paris ses dernières créations à la Galerie Daniel Templon.