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Studio Davout  (Paris)  3 septembre 2009

Avec le recul et toutes proportions gardées, la cavalcade Murat 2003-2005 (Lilith, Parfum d’Acacia, Bird On A Poire, Mockba, 1829, 1451) peut être vue comme l’équivalent de la chevauchée Dylan grande époque (63-66) : deux albums par an, des chansons insensées, productivité et qualité allant enfin de pair, rythme infernal laissant la concurrence sur le carreau !

Mais cette profusion n’a pas été sans conséquences : bombardé d’une nouveauté tous les 6 mois, le public a eu du mal à suivre et les ventes s’en sont ressenties, obligeant l’artiste à freiner ces cadences infernales… Ses récents albums ont donc été distribués à des intervalles plus "décents" (tous les 12 ou 18 mois). De façon pragmatique, ce rythme plus régulier vise à maintenir un niveau de ventes acceptable, en accentuant la promotion d’une œuvre sur le long terme, plutôt qu’enchaîner illico sur une autre.

A défaut de saturer encore le marché des ventes, l’inextinguible Jean-Louis a donc compensé par une visibilité accrue sur internet, offrant comme à la belle époque de son site personnel (98-2000) des inédits à foison, histoire d’entretenir la flamme avant chaque nouvelle livraison. C’est ainsi que l’on a pu découvrir une douzaine de raretés, entre Tristan (mars 2008) et Le Cours Ordinaire Des Choses (à paraître fin septembre 2009).

Il y eut d’abord deux morceaux issus des sessions de Tristan, "La Prière" et "Au Précieux Monde Sans Nom", offerts via l’Opendisc : pour beaucoup, ces inédits auraient mérité de figurer sur l’album, en remplacement de certains titres un peu faiblards ("Dame Souveraine", "Les Voyageurs Perdus") de la deuxième face.

Puis, dans la foulée nous sont parvenues des bribes de la BO du film Coupable (Laetitia Masson) : sur les 45 minutes de musique enregistrée pour le projet, très peu ont surnagé ; hormis la chanson "Dieu des Amours" et 4 ou 5 instrumentaux (audibles dans le film), on a découvert le magnifique "Carthage", unique inédit survivant (jusqu’à présent) de ces sessions secrètes.

En 2009, alors que sa tournée solo était en cours et qu’on annonçait (déjà !) le nouvel opus, le chanteur nous a encore régalé de quelques démos sur son MySpace : "Mille Morts", "Avril", "Joli Mois de Mai", "Tout Dépend du Sniper", "Cabri C’est Fini"…

Ces éclats d’inspiration spontanée (sitôt écrit enregistré mis en ligne), pour la plupart mineurs au regard du corpus muratien classique, valent quand même leur pesant de cacahuètes : on y entend l’artiste érotiser plus librement que d’habitude ("Avril", "Joli Mois de Mai"), déconner ("Cabri C’est Fini") ou chanter la mémoire de récents disparus (Bashung, la journaliste Anne-Marie Paquotte), dans une formule musicale solo épurée, simplicité mélodique qui nous change de son blues-rock habituel.

Dans la foulée de ce regain de visibilité sur le web, les promoteurs du nouvel album (Le Cours Ordinaire des Choses, sortie le 21 septembre) ont eu l’excellente idée de convier une vingtaine de blogueurs "culturels" à une présentation originale des nouvelles chansons. Rendez-vous était donc pris jeudi dernier, au studio Davout, pour une étrange cérémonie : l’artiste dans la cabine de son studio fétiche, égrenant ses derniers-nés seul à la guitare, tandis qu’on l’écoutait de derrière la vitre, groupés dans la cabine de l’ingénieur son.

Au départ, à dire vrai, on n’était pas forcément chaud sur le concept du disque : Murat enregistrant à Nashville nous semblait marcher sur les traces des sinistres Hallyday ou Mitchell, qui dans les années 70 ou 80 avaient déjà enregistré des galettes "back to the roots" dans le Tennessee… Qui plus est, on sait depuis le Live 95 (et son pendant Mademoiselle Personne) que Mu-Mu n’a pas besoin de se frotter aux rednecks pour obtenir des merveilles américanisantes de son cru, avec harmo, steel guitare et tout le toutim…

Ce parti pris dépouillé était donc plutôt excitant : présentées dans une nudité extrême et débarrassées des enluminures nashvilliennes (nashvilaines ?) sur lesquelles nous avions déjà un a priori, les chansons ne pourraient plus tricher sur leurs qualités réelles… et l’on allait voir ce qu’on allait voir !

On n’a pas été déçu.

A l’évidence, même s’il est parti enregistrer sur des terres plus exotiques, Murat n’a pas viré sa cuti : les versions intimes de ses chansons restent en tout point fidèles à sa veine chanson-blues-rock développée depuis Le Moujik. Prenant le temps qu’il faut pour installer chaque titre à coup de riffs électriques exponentiels, il en propose des versions proches de l’os, ralenties et très solennelles : impression de pénétrer l’intimité créatrice, d’entendre ces chansons comme elles devaient être au moment de l’écriture, joyaux encore bruts avant le grand ripolinage du studio Ocean Way.

Certaines s’imposent d’emblées, d’autres nécessiteront plusieurs écoutes : "Comme Un Incendie", choisi en single radio avant-coureur, est déjà un petit classique en soi puisqu’il a été présenté en amuse-gueule pendant la dernière tournée.

Dignes rejetons des "Revolver Nommé Désir" ou "Contentement De La Lady", "La Tige d’Or" et "16H00 Qu’Est-ce Que Tu Fais" sont de nouveaux sommets turgescents : le premier sur un mode métaphorique et gracieux, l’autre jouant sur la crudité du langage quotidien, martelé sur une musique répétitive emballante.

"La Mésange Bleue" et "Taïga" font partie de ces chansons qui, à la manière des "Dordogne", "Col de la Croix-Morand" ou "Voleur de Rhubarbe", intègrent le sentiment amoureux dans une évocation de nature, chacun se nourrissant mutuellement au jeu des comparaisons. Comme d’habitude, l’univers textuel est puissamment évocateur sans que l’on saisisse bien où l’auteur veut en venir… chacun est libre de se faire son idée, et c’est sans doute mieux ainsi.

Dernier grand moment : "Chanter Est Ma Façon d’Errer" connecte à nouveau le chanteur avec un héritage culturel très ancien, évoquant la triste figure d’un "chevalier errant" et traçant un lien avec certaines de ses chansons les plus courtoises…

Sur le coup, les autres titres proposés ne nous ont pas autant marqués… mais ce n’est que partie remise : il nous faudra un peu plus de temps pour les appréhender et faire connaissance. Cela dit, les quelques sommets évoqués permettent déjà d’affirmer que l’album sera un assez bon cru.

En conclusion : si ce mini-concert solo a aussi mis en avant certaines complaisances de Murat (interminables joutes guitaristiques, propension à glisser des "notes bleues" partout, y compris quand la mélodie se défend très bien toute seule !), on a quand même savouré l’expérience.

Il nous sera sans doute difficile de redécouvrir ces chansons dans leur habillage mainstream : le goût est souvent forgé par la première version entendue… et les amateurs de Murat ont coutume de se déchirer pour savoir si, oui ou non, les enregistrements officiels trahissent la pureté des démos, ou si les réinterprétations live transcendent ces mêmes morceaux, gna gna...

Idéalement, il faudrait sortir l’album avec, en bonus, l’enregistrement "nu" des chansons telles qu’elles nous ont été présentées. En somme : une version Nashville pour grand public et une autre épurée pour spécialistes maniaques… afin que tout le monde soit content !

Blague mise à part : au bar du studio, on a eu l’occasion de discuter 5 minutes avec l’artiste. On ne retranscrira pas ici les questions et commentaires des autres intervenants (ça les regarde). Personnellement, on lui a glissé deux mots (en aparté) au sujet des inédits qui nous ont tant fait saliver...

Après nous avoir expliqué son mode de fonctionnement au jour le jour, il nous a révélé que le très beau "Tout Dépend Du Sniper" (mis en ligne au mois de juin) figurait bien sur la liste des morceaux pour Nashville… avant d’être supprimé à la dernière minute (damned ! ç’aurait pu devenir un classique). Et sur un mode plus positif : il est toujours question d’une réédition en tirage limité (peut-être par correspondance) de certaines raretés de la période EMI…

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Jean-Louis Murat


Nicolas Brulebois         
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