Le
Musée National d'Art Moderne
sis au Centre Pompidou présente
un nouvel accrochage thématique des œuvres de ses
collections modernes et contemporaines sous le titre "elles@centrepompidou"
soit un espace de 8.000 m2 consacrés aux oeuvres des
artistes-femmes qui n'ont réellement accédé
au monde l'art qu'au 20ème siècle.
Cette initiative muséale fait déjà couler beaucoup d'encre, et ce un peu
à tort et à travers, malgré les précisions
apportées par la commissaire Camille
Morineau, conservatrice audit musée.
En effet, elle insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une
exposition au sens classique du terme mais d'une monstration
des oeuvres appartenant aux collections du MNAM. Ce qui n'empêche
pas, par ailleurs, d'en avoir choisi le mode opératoire
qu'elle qualifie de "narration thématique".
Ainsi cet accrochage, qui commence par un clin d'oeil avec
l'œuvre de Agnès Thurnauer qui brouille les genres
en féminisant le nom des artistes-hommes et masculinisant
celui des artistes-femmes ("Portraits grandeur nature"),
se déroule selon un parcours chrono-thématique
décliné en 7 chapitres reposant sur le paradoxe
que l'on retrouve dans tous les arts concernant l'existence
d'un art féminin, à savoir l'artiste a-t-il un
sexe, qui débouche sur la dimension politique de la représentation.
Accompagnée de cartels explicatifs abondants, la présentation
claire et didactique adoptée s'inscrit totalement dans
la mission du musée qui est, comme le rappelle Camille
Moreau, de "mettre à jour l'histoire et son explicitation".
Le musée au féminin
L'histoire des artistes-femmes commence au niveau 5 avec le
chapitre des "Modernes" qui atteste de la présence
des artistes-femmes, pendant la première moitié
du 20ème siècle, dans toutes les disciplines et
toutes les avant-gardes : Germaine Richier, Sonia Delaunay,
Frida Kahlo, Claude Cahun et Charlotte Perriand, pour ne citer
que les plus emblématiques.
Le visiteur pourra apprécier la belle salle consacrée
aux "Réflexives" avec, entre autres, les peintres
Marie Laurencin, Maria Blanchard, Suzanne Valadon et Nathalie
S. Gontcharova.
De
même pour la salle des "Abstraites" (de gauche
à droite Joan Mitchell, Shirley Jaffe et Helen Frankentaler).
Au niveau 4, la seconde moitié du 20ème siècle
se décline en 6 périodes qui commencent avec les
années 60 placées sous le signe des femmes artistes,
actrices et témoins de l'Histoire, qui s'engagent dans
la cause féministe.
C'est "Feu à volonté" inspiré
par les tirs de Niki Saint Phalle soeur aînée des
Guerilla Girls newyorkaises.
A
éviter pour les prudes, la salle "Génital
Panic" avec, notamment, les oeuvres de Elke Krystufek,
Evelyn Axell et Betty Tompkins où le corps sexué
sans ambiguité est representé comme moyen de revendication
et de réappropriation du corps.
Pour certaines, le corps devient le lieu du discours, comme
pour Orlan, objet-sujet de performance avec Sirgit Landau, et
pour d'autres, telles Gina Pane et Sophie Calle, l'art est un
moyen de narration autobiographique ou autofictionnelle.
Autre aspect avec "Face à l'histoire" où
l'on retrouve Annette Messager et
Eva Aeppli.
Le
panorama est large et il ne faut pas rater la double salle dédiée
à "Extrême tension" du chapitre "Eccentric
abstraction" où les artistes-femmes, dont Eva
Hesse, Silvia Bäclhi,
Yayoi Kusama et Lee
Bontecou, prospectent de nouvellles voies à partir
de stratégies inexplorées.
En collaboration avec l'INA, le Centre Pompidou a mis en ligne
un
site très documenté qui permet, notamment
grâce à un plan interactif et à une fresque
chronologique, de préparer utilisement la visite.
Par ailleurs, cet accrochage, programmé pour une année
avec la présentation de nouvelles oeuvres en janvier
2010, s'accompagne de très nombreux évenements
collatéraux conférences, lectures et films. |