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puce Minsurar - Shannon Wright
L’Aéronef  (Lille)  mercredi 14 otobre 2009

Shannon Wright continue de captiver, sur disque comme sur scène. On a pu lui reprocher d’avoir adouci sa musique, débranché ses guitares, calmé son jeu après son terrible troisième album, Dyed in the Wood (2001). Mais il n’y a rien de plus vain, et plus facile, que de feindre la déception face à une artiste de cet acabit. Ce soi-disant défaut d’énergie ne masquerait-il pas, provisoirement, la réalité, alors que tout est mis en place pour poursuivre le travail, souterrain, de la défiance ? Seulement d’autres modalités sont utilisées pour exprimer la même chose, c’est-à-dire : saper les conventions musicales, les renverser, les réagencer.

Sur la scène de l’Aéronef, des folks-songs fougueuses, portées par le génie colérique, alternaient avec des ballades au piano, d’apparence calme, mais intenses, coupantes. C’est dans la retenue que la chanteuse parvient à s’exprimer avec justesse, comme si les instruments n’étaient qu’un prétexte, un accompagnement de son agressivité naturelle.

Si Honeybee Girls, le dernier album en date de Shannon Wright, présente un apaisement, sur scène l’américaine révèle ce qu’elle a toujours porté en elle : sa part de violence. Le public en est ressorti déstabilisé. Parce qu’une distance, imposée d’emblée entre la chanteuse et lui, se maintiendra : pas question que Shannon Wright ne sorte de son territoire ; elle reste seule, face à elle-même, et sait qu’elle ne pourra en découdre avec ses démons (conférer le magnifique "Death"…) ; que la célébrité est un leurre ; que ses concerts ne lui apporteront ni sagesse ni repos.

Ses débuts placés sous le signe du hardcore et du punk, on les perçoit jusque dans ses silences. Pour alimenter sa généalogie du Terrible, un piano suffit amplement. Mais pas celui de Yann Tiersen : je parle d’un piano qui serait comme une menace permanente ; un piano débarrassé de son lyrisme, de ses mélodies, et dont l’énergie surpasserait celle des guitares.

On sait depuis PJ Harvey que l’énergie procède moins du bruit que de cette capacité à retenir le cri, la colère. L’interprétation de titres comme "Hinterland", "Ways to make you see" démontre cette équation. Mais il y a aussi cette voix, guerrière, dictant son combat à tout le groupe, voire à la salle entière.

La question importante à se poser serait alors : de quel combat s’agit-il ? Celui d’une femme mise à nue dans le lieu d’une existence implacable ? D’une femme qui jamais ne collabore pas avec le manque de mémoire, capable de se laisser dominer par ses propres souvenirs, quels qu’ils soient (comme "Father" et son psychédélisme incantatoire qui a clôturé le concert) ?

A-t-on aussi besoin d’invoquer PJ Harvey pour désigner l’attitude intransigeante, l’austérité, la démarche sans concessions de Shannon Wright ? Bien sûr que non. La puissance de feu qu’elle amène reste évidente, perceptible, quand bien même elle serait d’un abord moins direct. Ces compositions se sont révélées roboratives, aucun doute à ce propos : elles nous avaient réellement manqué alors même que nous ne les connaissions pas.

Minsurar a ouvert la soirée en présentant un folk assez atypique, bien qu’il se situe dans le domaine du songwriting classique, versant jazz : la voix de Sophie Patricia Thibaud convoque les chants traditionnels d’Europe de l’Est, dans la lignée du Mystère des Voix Bulgares. Pour enrichir ses perspectives vocales, la chanteuse avait décidé d’aller en Bulgarie afin d'apprendre la technique du chant guttural, propre aux chanteurs de l'Est. Autant dire que l’exploration des ressources de l’expression vocale constitue pour la jeune femme l’élément central de son travail ; un élément qu’elle pousse d’ailleurs assez loin.

C’est la raison pour laquelle l’accompagnement musical ne se limite qu’à une guitare, sobre, et pour quelques titres à un piano assez discret, expressif. Une reprise de "Gotham lullaby" de Meredith Monk annonce aussi l’ouverture de Minsurar vers un caractère plus théâtral, procédant de la danse et de la performance chorégraphique.

On retient de ce concert ces multiples influences, tant littéraires que musicales, qui viennent se télescoper pour donner un projet plutôt passionnant et original, même si parfois on sent quelques grosses ficelles, utilisées – à tort – pour surligner ce qui fait la force de la formation. Je parle d’une posture mélancolique, sensuelle, un peu forcée, frôlant le cliché, comme celui du poète maudit qui en fait des tonnes pour qu’on comprenne bien qu’il est maudit. Les références de Sophie Patricia Thibaut ne nécessitent sans doute pas d’être exposées de cette manière, à ciel ouvert.

 

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Crédits photos : Cédric Chort (Toute la série sur Taste of Indie)


David Falkowicz         
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# 22 janvier 2023 : La culture ne bat pas en retraite !

La 59ème MAG à revoir, un concert et interview de Julie Gasnier en fin de semaine et des tas de découvertes à faire au travers de nos articles de la semaine, c'est le programme qui vous attend en ce début d'année mouvementée !

Du côté de la musique :

"Tout s'efface" de Cancre
"Schumann" de Fabrizio Chiovetta
"Translation Mao" de Gaspard Guerre
"Turn the car around" de Gaz Coombes
quelques news de Haylen, Archie Deep, Le Grand Mal, Rivière et Treponem Pal
"Agni Kunda" de Isil Bengi
"Daisy" 15eme émission de Listen In Bed à écouter sans modération
"Empire of dust" de Mojo Sapiens
"Peter Pan ou la véritable histoire de Wendy Moira Angela Darling" de Patrick Burgan
"Insomnia" de Sker
et toujours :
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"Rendez-vous"de Julie Cherrier-Hoffmann, Lucienne Renaudin Vary, Pierre Arditi, Frédéric Chaslin & Arièle Butaux
"C'est la vie qui veut ça" c'est la nouvelle émission à écouter de Listen In Bed
"Remember we were waiting for the snow" de Lunt
"Ecrans plats" de Monsieur Lune
"A.P.P. (Accumulation of Profit & Power)" de Muyiwa Kunnuji's Osemako
"Carnaval sauvage" de Nicolas Jules
Not Scientists, Bilbao Kung Fu, Grandma's ashes et Paradis minuit à découvrir
"Brutal pop II" de Sun

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Fin de partie" au Théâtre de l'Atelier
"Delphine et Carole au Théâtre des Quartiers d'Ivry
"Grief and Beauty" au Théâtre de la Colline
"Je pars sans moi" au Théâtre de la Colline
"Le syndrome de l'oiseau" au Théâtre du Rond-Point
"La Chambre des Merveilles" au Théâtre des Variétés
"Dans ce jardin qu'on aimait" au Théâtre de la Bastille
"La (nouvelle) Ronde au Théâtre des Abbesses
"Du bonheur de donner" au Théâtre Le Lucernaire
"Presque égal" au Théâtre des Quartiers d'Ivry
"NYX" au Théâtre Les Déchargeurs
"Rosemary Lovelace fait ça dvant tout le monde !" au Théâtre Montmartre-Galabru
les reprises :
"Dernier jour d'un condamné" au Théâtre Essaion
"Les Michel's" au Théâtre Essaion
et les autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Top Secret" à la Cinémathèque de Paris
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"Face au soleil - Un astre dans les arts" au Musée Marmottan Monet
"Walter Sickert - Peindre e transgresser" au Petit Palais
"L'encre en mouvement - Une histoire de la peinture chinoise du 20ème siècle" au Musée Cernushi
et les expositions à l'affiche

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en streaming gratuit :
"Les Fleurs amères" d'Olivier Meys
"Cutland - Le secret de Jens" de Govinda Van Maele
"The Singing Club" de Peter Cattaneo
"La Jeune fille à la perle" de Peter Webber
Les contes des quatre saisons d'Eric Rohmer
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et pour les cinéphiles "Le Mystère Méliès" d'Eric Lange
en salle pour le jeune public : "Neneh Superstar' de Ramzi Ben Sliman

Lecture avec :

"Demokratia : une histoire de la démocratie" de Paul Cartledge
C'est bientôt le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #50
"La dernière ville sur terre" de Thomas Mullen
"Le roitelet" de Jean François Beauchemin
"Roca Pelada" de Eduardo Fernando Vareia
et toujours :
"Petites dents, grands crocs" de Emilie Guillaumin
"Partout les autres" de David Thomas
"Nein, nein, nein !" de Jerry Stahl

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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