Les îles Féroé font partie de ces lieux mystérieux dont nous avons tous plus ou moins entendu parler (il y a encore peu, l'équipe de France de football a d'ailleurs affronté l'équipe nationale) mais que nous aurions bien du mal à situer sur une carte. Près du pôle nord ? Est ou Ouest ? Et on y parle quelle langue ? Quel est la capitale ? Bref, il faut le reconnaitre, on ne s'intéresse pas plus aux îles Féroé qu'on ne s'intéressait à l'Islande, par exemple, avant l'explosion de ces groupes de rock, Björk en tête et du tourisme bobo écolo.
En vérité, ces petites îles situées entre Ecosse et Islande sont rattachées au Danemark. Ces quelques 50 mille habitants probablement charmants au demeurant sont surtout connus pour massacrer des dauphins, chaque année lors d'une grande fête, leur corrida à eux sans doute. Peu glorieux comme pratique qui va comme il se doit chercher des justifications dans la tradition ancestrale...
Heureusement, Budam, artiste du cru pourrait bien exporter la culture des îles d'une bien plus agréable façon avec ce premier album au titre, je vous l'accorde, bien peu optimiste de Stories of Devils, Angels, Lovers and Murderers.
Avec son physique d'acteur et sa voix de crooner, Budam raconte donc ses histoires de diables et d'amours de sa voix terriblement envoutante qui ne manquera évidemment pas de nous rappeler fortement un certain Nick Cave (et ses Murder Ballads...) et encore plus Tom Waits et ses talents de conteur.
De "Snake charmer" dont ses airs de musique tsigane ne tardent pas à nous charmer à "Gabriel's song", magifique duo avec une voix féminine rappelant largement celle de Björk, tout l'album est une réussite, alternant chansons très noires, mélodies de cabaret plus joyeuses, jazz et ballades romantiques. Piano et cordes sont à l'honneur, tout comme quelques cuivres qui ne sont pas sans rappeler nos Jack the Ripper nationaux ("Clap Hands").
Comme si ces chansons aussi envoûtantes que sa voix ne suffisaient pas, Budam est également un sacré bon songwriter et ses textes sont beaux et poétiques, souvent sombres et émouvants, plein de vérités et de mensonges comme il aime lui-même à le souligner, comme un héritage de son père, acteur, et de sa mère, auteure.
Ces histoires que nous raconte Budam enchantent.
Il jongle parfaitement avec les ambiances et les styles, faisant naître de cette juxtaposition un style lui-même.
On remarquera notamment "Da Da Da Die" et sa fanfare, "Clap Hands" et son piano dissonnant, ou encore le très sensuel "Do that thing", très jazz et très cosy, sur lequel on entend de très suggestives respirations (bonjour Mademoiselle...).
Budam se frotte même au maître Leonard Cohen le temps de "The Funeral", superbe. Il sait aussi se faire plus minimaliste mais tout assi touchant comme sur le très cinématographique "Balthazar and the Angel", ballade au piano verbeuse mais superbe.
Ni folk, ni pop, ni chanson réaliste, Stories of Devils, Angels, Lovers and Murderers est un recueil de chansons sombres, touchantes et un disque brillant ! Dont acte. |