Comédie loufoque de John Buchan et Alfred Hitchcock, mise en scène de Eric Métayer, avec Eric Metayer, Andréa Bescond, Christophe Laubion et Jean-Philippe Bèche.
Eric Métayer, comédien et metteur en scène, a pris le pari de porter sur scène "Les 39 marches" la comédie loufoque d'espionnage de John Buchan passée à la postérité grâce au film éponyme réalisé par Alfred Hitchcock.
Quand on sait qu'il s'agit d'une invraisemblable course-poursuite à travers l'Angleterre, dans laquelle un homme accusé à tort est poussé à la fuite pour échapper à la police et prouver son innocence, avec une multiplicité de lieux, d'un cabaret londonien à la lande écossaise via le train, et de personnages tous plus ahurissants les uns que les autres, le pari s'avère particulièrement insensé.
Et pourtant, comédien frégoli spécialiste des multirôles, moliérisé en 2008 pour son seul en scène performatif dans "Un monde fou" dans lequel il interprétait plus d'une centaine de personnages, Eric Métayer relève le défi avec la collaboration de Gérard Sibleyras, pour l'adaptation sans contextualisation qui conserve donc le charme suranné de codes des années 30, et de trois comédiens capables d'assumer ces changements à vue qui l'accompagnent sur scène.
Un défi amplement réussi qui aboutit à un spectacle époustouflant mené à train d'enfer, avec une mise en scène inventive, foisonnante de trouvailles, de gags et d'effets visuels qui repose complètement et quasiment uniquement sur le jeu et le savoir-faire des comédiens à créer l'illusion, notamment cinétique, de l'action et du mouvement.
Cela relève véritablement du tour de force, ici totalement maîtrisé, qui laisse pantois et fasciné le spectateur, même celui connaissant l'intrigue, devant une vélocité qui renvoie aussi au meilleur du burlesque du cinéma muet.
Christophe Laubion est irrésistible en héros bellâtre et naïf à la sexualité un peu molle, dans la lignée des Errol Flynn, le seul presque "condamné" à ne jouer qu'un seul rôle du fait de son omniprésence. La sculpturale Andréa Bescond est impressionnante dans ses métamorphoses, de la danseuse de revue à l'ingénue pas si ingénue que cela en passant par l'espionne dietrichienne et la fermière délurée.
Quant à Jean-Philippe Bèche
et Eric Métayer, toujours aussi
vibrionnant, et bien ils font tous les autres rôles, de
la silhouette au grand rôle, de l'espion sous le réverbère
au méchant traître en passant par le tenancier
d'auberge écossaise relookée provençale,
ce qui relève de la performance.