Pour préparer la visite de l'exposition "Renoir au XXème siècle" et/ou en prolonger le plaisir, les Editions de la Réunion des Musées Nationaux et le Musée d'Orsay procèdent en co-édition à la publication d'un imposant catalogue éponyme.

Ce catalogue imposant et indispensable, à double titre donc, dans la partie "Beaux livres" de la bibliothèque de l'amateur d'art dans la mesure où il constitue la première publication sur l'œuvre tardive de Renoir, est de facture classique en deux parties.

La partie "catalogue" comporte la reproduction pleine page des œuvres exposées accompagnée, outre des indications techniques spécifiques y afférant, d'un commentaire analytique très circonstancié et détaillé permettant de situer l'œuvre tant dans le contexte artistique de l'époque que dans l'évolution de celle de Renoir ainsi que d'une mise en résonance avec les œuvres des maîtres anciens et, le cas échéant, de la "petite" histoire du tableau quand il s'agit par exemple des portraits de ses enfants.

La partie "essais" regroupe de nombreux essais qui dressent un beau panorama d'études et de réflexion.

En premier lieu, des essais "généralistes". Celui de Sylvie Patry conservateur du patrimoine au Musée d'Orsay et commissaire de l'exposition, qui sous le titre "Renoir et la décoration", traite de la conception renoirienne de l'art pictural pour tient à la finalité décorative de la peinture, y décelant "une pratique et une esthétique de combat contre la vulgarité et la laideur de son temps".

A la charnière du thématique, Claudia Einecke, conservateur au Los Angeles County Museum of Art, se penche plus particulièrement sur les portraits en costumes et déguisements.

Ceux-ci lui semblent révélateurs de la novation introduite par Renoir entre le réalisme impressionniste qui prétend à la vérité objective et l'idéalisme en trompe l'oeil de la peinture académique d'où une forme de modernité qui intérèsse les avant-gardes du début du 20éme siècle.

S'agissant des essais purement thématiques, Isabelle Gaëtan, chargée d'études documentaires au Musée d'Orsay, se penche sur l'œuvre graphique de Renoir et Emmanuelle Héran, conservateur du patrimoine, sur Renoir sculpteur.

Puis des essais analytiques qui abordent l'œuvre tardive de Renoir sous des angles différents. D'une part, au regard du passé, avec Guy Cogeval, président du Musée d'Orsay, par référence avec "la chair en crue" de Rubens et John House, professeur au Courtauld Institute de Londres, qui analyse l'œuvre tardive de Renoir, caractéristique d'un "classicisme intemporel" d'un dépositaire du legs pictural du 18ème siècle, comme le prolongement de la tradition européenne de la figure.

Mais également Renoir dans ce début de siècle face à ses contemporains.

Ses homologues tout d'abord :Emmanuelle Héran, conservateur du patrimoine qui signe également un essai sur Renoir sculpteur, analyse les influences croisées avec Maillol dont il partage le goût pour le même type physique féminin;

Laurence Madeline, conservateur du patrimoine au Musée d'Orsay, s'attache à la crise renoirienne de Picasso, Roger Benjamin, universitaire australien, délivre les clés de l'amour de Matisse pour les oeuvres tardives de Renoir, et Sylvie Patry analyse les rapprochements avec les nabis.

Quant à Virginie Journiac, conservatrice des musées de Cagnes-sur-mer, elle voit entre la demeure de renoir Les Collerettes à Cagnes un pendant à la maison de Monet à Giverny.

Enfin, Renoir face à ses contemporains marchands d'art et collectionneurs avec l'essai de Monique Nonne et celui de Martha Lucy, chercheur à la Barnes Foundation, qui se penche plus précisément sur le Renoir tardif dans deux des plus importantes collections de Renoir celles de Albert C. Barnes et Léo Stein.

Le catalogue se clôt par un bel album chronologique de photos de Renoir in situ.