Spectacle
déambulatoire conçu et mis en scène
par Laurent Vacher, avec Laurent Lévy, Benoit
Di Marco et Pierre Hiessler.
Ce spectacle s'inspire d'écrits de Giordano Bruno, prêtre
dominicain du XVIe siècle qui sera excommunié
puis exécuté par l'Inquisition qui le jugera hérétique
en raison de ses prises de position sur la description de l'univers.
Son approche philosophique et scientifique, ainsi que ses pratiques
divinatoires et son intérêt pour la magie, ne s'accordent
pas avec le dogme de l'Église Catholique. Inspiré
par les travaux de Galilée et de Copernic, il mène
une réflexion sur un univers composé d'une multitude
de planètes, et dont la Terre ne serait pas le centre.
Spectacle déambulatoire, Laurent Vacher invite les
spectateurs à se déplacer avec leur chaise dans
trois lieux au sein de l'Observatoire de Paris et à s'installer
pour suivre cette histoire qui a pour ultime décor la
grande salle Arago. Les acteurs, tour à tour, Giordano
Bruno ou membres de l'inquisition, déambulent entre les
chaises des spectateurs, et reviennent sur les pérégrinations
à travers toute l'Europe du personnage central de cette
pièce ainsi que sur son histoire personnelle et intime.
Ce spectacle, avant de traiter d'astronomie, parle de la position
de celui qui refuse de se soumettre au dogme. On peut regretter
alors que le texte reste si près d'écrits qui
datent du XVIe siècle, car alors qu'on fête les
20 ans de la chute du mur de Berlin, ou que l'économie
mondiale traverse une grave crise, on se rend bien compte que
les dogmes restent toujours aussi vivaces dans des domaines
qui touchent la vie quotidienne de chacun. Mais le texte n'aborde
que les questions de scolastique et d'approches différentes
des choses de la nature par Giordano Bruno et le Pape Clément
VIII. Austère, on peine à suivre cette pensée,
surtout que le sujet s'en révèle depuis bien longtemps
clos.
Le fait de jouer cette pièce au sein même de
l'Observatoire de Paris est une très bonne idée,
cependant on regrettera que la hauteur des plafonds offre peu
de confort acoustique, même lorsque les voix sont amplifiées.
Enfin, le fait que les acteurs jouent au milieu des spectateurs
a un effet pervers. Lorsqu'on ne peut suivre visuellement l'action
parce que les acteurs échangent leurs répliques
dans votre dos, et que le petit pliant de toile sur lequel on
est assis ne permet pas de se retourner, on tend à se
laisser aller à la rêverie entre les hauts murs
de cet impressionnant bâtiment et à perdre le fil
du texte.
Au sortir de cette pièce, pour laquelle des prodiges
ont été réalisés au niveau des lumières,
le spectateur aura appris de nombreux faits sur la vie de Giordano
Bruno, se sera baladé dans l'Observatoire de Paris, mais
le texte, très éloigné des considérations
contemporaines, n'aura pas forcément permis d'ouvrir
une réflexion plus poussée quant aux thèmes
abordés. |