Au Musée d'Orsay, en cinq espaces, deux époques, 1900-1933 et 1966-1974, et une scénographie pétulante de Mattia Bonetti, le commissaire de l'exposition, Philippe Thiébaut, conservateur en chef au Musée d'Orsay, propose avec "Art Nouveau Revival" un retour vers le futur à la redécouverte voire à la réhabilitation du style Art Nouveau.

Le style Art Nouveau reste pour la grande partie du public lié à quelques édifices barcelonais emblématiques comme les maisons de Gaudi, les auvents et rambardes du métro parisien de Guimard et les affiches de Mucha.

Dès lors, il apparaît souvent comme connoté et vernaculaire alors que né à la charnière du 19ème et du 20ème siècle dans la mouvance anglaise de Arts & Crafts, il essaima de manière internationale, des Etats Unis, une exposition sur le verrier Tiffany est actuellement en cours au Musée du Luxembourg, à la Russie, et s'imposa pas dans tous les arts.

L'Art Nouveau se conjugue à tous les temps

L'exposition proposée ne se prétend ni exhaustive ni démonstrative mais plutôt réflexive.

Elle invite simplement le visiteur, à travers un parcours chronologique, à déambuler au milieu d'un certains nombres d'oeuvres, des arts décoratifs aux arts graphiques, pour prendre la mesure d'un engouement récurrent chez l'homme moderne et l'homme contemporain.

Et sans doute susciter une réflexion sur l'histoire du goût et de l'esthétique de l'ornemental vivant qui resurgit après chaque purge moderne.

Pour éphémère qu'il fut, et s'achevant avec le style Nouille, le style Art Nouveau a connu des résurgences inattendues notamment dans les années 70 avec le psychédélisme et le flower power des mouvements hippies, années qui redeviennent d'actualité avec la mode vintage.

En effet, qu'est-ce qui relie les meubles-tiges d'Hector Guimard, les femmes-tables d'Allen Jones, le graphisme bucolique des pochettes d'albums pop et des affiches de films des années 70 et l'utérine cellule cafeteria d'Olivier Mourgue si ce n'est ce goût pour la courbe, relief de forces en mouvement, et une prédilection pour les formes organiques au sens large du terme propices à l'expressivité plastique.

Chassez la nature, elle revient au galop.

Du dessin organique au biomorphisme, du psychédélisme à l'anamorphisme, les artistes, les graphistes et les designers reviennent toujours aux fondamentaux.

Ainsi, dans la salle consacrée au design organique, le podium exposant un bel ensemble de sièges toutes années confondues illustre de manière éxubérante les filiations et parentés.

Il en va de même dans celle consacrée au naturalisme avec la confrontation entre la girandole "Coloquintes" de Emile Gallé et l'ensemble de miroirs aux branchages créé par Claude Lalanne pour l'appartement de Yves Saint-Laurent.

En événements collatéraux, ne ratez pas la conférence du 3 décembre 2009 intitulée "Modern'style surréaliste, une esthétique du dégoût", qui s'annonce passionnante, dispensée par Jean-Louis Gaillemain, qui était le commissaire de l'excellente exposition "Design contre design" qui s'est tenue en 2007 au Grand Palais ainsi que le festival de films psychédéliques "Décors et délires" qui se déroulera en janvier 2010.