Le Centre Pompidou consacre un vaste espace muséographique à l'exposition rétrospective consacrée à Pierre Soulages, exposition tout simplement intitulée "Soulages".
Des brous de noix de ses débuts aux polyptyques monumentaux, Soulages c'est 60 ans de peinture, 1 500 toiles, une notoriété immédiate et internationale unique, une oeuvre exclusivement consacrée au travail sur la polyvalence chromatique du noir pour une inextinguible quête de la lumière, la figure phare de l’abstraction en France.
L'intérêt de cette exposition, outre, bien évidemment, son caractère rétrospectif est notamment de montrer pour la première fois un grand nombre de toiles récentes de Soulages, qui sont pour l'essentiel détenues par des collectionneurs privés, au sein d'un accrochage unique.
Soulages : Le noir est lumière
Dans une scénographie en black & white cube réalisée par Nathalie Crinière et Katia Samari, sont présentées plus d’une centaine de toiles, dont des inédits, dont l’installation et l’éclairage ont été élaborés en étroite collaboration avec l'artiste lui-même, afin de créer un univers sensoriel spécifique pour chaque salle.
Les
commissaires de l’exposition, Alfred
Pacquement, directeur du Musée National d’Art
Moderne, et Pierre Encrevé,
linguiste à l’EHESS, biographe et auteur du catalogue
raisonné de Pierre Soulages, ont conçu un parcours
chronologique et didactique balisé par des citations
de l'artiste.
Tout au long de son chemin qui l'a mené vers le noir absolu, Soulages a exploré tous les composants de la peinture, le format de la toile, du format anthropométrique pour se confronter au spectateur au monumental pour l'absorber, son accrochage, classique ou en suspension, le support, verre, papier, toile, et de la matière, du goudron à la pâte acrylique en passant par l'huile et les résines, qui devient de plus en plus dense soumise à toutes les techniques pour accrocher la lumière.
Travail
sur le geste aussi, de la linéarité brisée
des débuts aux jambages et bouclages graphiques de la
période du noir et du blanc.
Car les toiles de Soulages n'ont pas toujours été monochromes.
Avant le basculement dans le noir total, "l'outrenoir" comme il le nomme ("J'étais au delà du noir, dans un autre champ mental"), il a expérimenté la couleur qui apparaissait sous le raclage des aplats noirs et les toiles bipgmentaires.
L'exposition,
superbe, se clôt sur la salle des monumentaux polyptyques
installés en lévitation, suspendus en résonance,
qui structurent l'espace, le rythment de manière à
la fois fascinante, intrigante et inquiétante.
Parce que "l’art est toujours une question de champ mental" dixit Soulages.