Avec la mode vintage, l'art nouveau suscite un regain d'actualité. Simultanément à l'exposition "Art Nouveau Revival" organisée par le Musée d'Orsay, qui met en lumière la filiation des seventies avec l'art nouveau, le Musée du Luxembourg ouvre ses portes à la première rétrospective consacrée à Louis Comfort Tiffany qui fut le chantre de l'art nouveau outre Atlantique et une réputation universelle et inégalée en son temps.

Organisée en collaboration avec le Musée des Beaux Arts de Montréal et élaborée par Rosalind Perpall, qui y est conservateur principal des arts décoratifs anciens et modernes, cette exposition réunit une sélection d'œuvres significatives du peintre devenu architecte d'intérieur réputé surtout pour la novation technique, unique en son temps, apportée au travail du verre.

Elle revêt par ailleurs un caractère exceptionnel dans la mesure où elle présente non seulement un nombre important d’oeuvres inédites provenant de collections privées mais également, parmi l'activité principale de la production de Tiffany qu'étaient celle de vitraux, quatre des vitraux d'une église qui ne doivent d'être visibles qu'en raison de leur dépose pour travaux en cours dans l'édifice religieux.

Les pièces de taille très différentes, des bijoux aux vitraux, sont présentées dans une scénographie judicieuse et très élaborée conçue par Hubert Le Gall qui connaît bien la configuration du lieu qui s'apparente à une bonbonnière.

Eclairages étudiés pour révéler les transparences colorées, présentation sur podium ou tables des luminaires, vitrines géométriques aux lignes droites pour exalter les courbes et arabesques des objets décoratifs et grand tapis à l'inspiration florale créé spécialement par Hubert Le Gall pour l'exposition, motif que les visiteurs pourront retrouver sur des tapis et une moquette disponibles à la vente, concourent à leur mise en valeur attractive.

Tiffany : la magie du verre

Peintre de formation passionné pour le verre dans lequel il veut retrouver la texture et le rendu de la peinture, notamment ceux des impressionnistes, Louis Comfort Tiffany, bénéficiant des fonds de son père, le célèbre argentier et joaillier Tiffany & Co, réunit chimistes, ouvriers verriers et dessinateurs pour se lancer dans la production de verres composites qui renouvellent la technique et l'esthétique du verre.

En créant des verres nouveaux comme le verre drapé, en inventant un procédé pour traiter le verre comme du tissu, le verre fracturé, le verre confetti ou le verre favrile, un verre irisé par des sels métalliques à la manière des verres de l'Antiquité, il surpasse ses contemporains européens Gallé et les artistes de l'Ecole de Nancy.

Artiste sachant s'imprégner des courants artistiques contemporains, et notamment du mouvement esthétique américain et de l'arts and crafts anglais et saisissant les opportunités résultant de deux événements économiques porteurs, la relance du commerce du vitrail religieux et l'avènement de l'électricité, il devient un spécialiste du vitrail religieux, qui constitue le point d'orgue de l'exposition, qu'il impose, en tant qu'architecte d'intétrieur réputé, en version profane dans les riches demeures privées.

Il en recycle les rebuts dans la création notamment de luminaires de style Art Nouveau qui comble son goût pour la botanique qui fera l'objet d'une production de masse, mais dont le travail est particulièrement soigné tant en termes décoratifs que techniques, qui sont de véritables petites merveilles. Toute la faune et la flore se donne rendez-vous pour illuminer les salons.

Célébré et reconnu internationalement, il ne cessera de poursuivre sa quête de la beauté.

Ses ateliers continuent d'expérimenter le verre en fusion d'une densité de couleur éclatante à partir duquel il créera des objets décoratifs, notamment les fameux vases irisés "favrile", continuant à travailler sur le rendu de la matière, avec la série des vases "lava" ou la série "chypriote" et des bijoux d'une extraordinaire modernité.