20h30 : Bertrand Louis entre dans une salle aux trois-quarts vides et vient s'installer au clavier.
Costume noir, chemise brillante, lunette design, demi-santiags aux pieds, il entame directement son concert avec "Je balaye" de son album 2 et enchaine avec "20h00".
L'éclairage fixe sur le clavier Roland et Bertrand Louis devant rappelle d'une certaine manière un William Sheller au piano qui aurait la voix d'un Thomas Fersen. D'ailleurs, il n'hésite pas à nous suggérer d'imaginer un piano à queue, sinon "ce serait comme baiser avec une capote", précise-t-il. On ne le sent pas très à l'aise, devant ce public qui applaudit timidement entre chaque chanson.
Nous apprenons que son prochain album, Le Centre Commercial, qui raconte l’histoire d’un tueur en série, sortira fin février 2010 dont "La putain publicitaire" est issue.
Bertrand Louis se lève et prend sa guitare pour "Le Cirque" puis "Scène de crime". Il revient au clavier pour "On n'est pas à l'abri d'un succès" et sort une liasse de billets. "Je vais faire en sorte que vous m'aimiez plus vite" dit-il et jette les billets dans la salle. Le public ne réagissant pas, il ajoute : "ne vous battez pas, il y en aura pour tout le monde". Après ce flop, Bertrand Louis enchaine avec une dernière chanson au clavier et quitte la scène au bout de 40 minutes de concert.
La salle se vide à nouveau, sans doute l'appel impérieux de la cigarette. On doit supporter Supertramp en guise de musique d'attente.
Petit à petit, une centaine de personnes viennent s'éparpiller dans la salle, donnant la sensation d'un Européen plein. La moyenne d'âge du public oscille entre 35 et 45 ans.
Sur scène, le clavier a disparu laissant place à deux musiciens de chaque côté de la scène : un guitariste à la gueule de Brad Pitt barbu et aux cheveux longs et un multi-intrumentiste (clavier noir, clavier marron, contrebasse, guitare, cloche, cymbale et autres percussions).
Eric La Blanche arrive, s'installe au devant de la scène, seul face au micro et entame directement "Je suis content", tiré de son dernier album Imbécile Heureux. A l'écoute de "Je renvoie", le public se réveille et tape dans les mains.
Un jeu d'éclairage vertical à la manière d'une pluie de lumière apporte un caractère effrayant au visage du chanteur sur "Le Forcené" dont les paroles traduisent bien l'atmosphère : "je n'ai pas choisi la haine, toute seule elle est montée".
On ne changera pas d'ambiance avec "La Balançoire" ou "Un Monsieur sans histoires", pour laquelle Eric prend sa voix d'outre-tombe.
Jusqu'ici, les chansons se sont enchainées sans jamais un mot adressé au public froid et transi. Enfin, on nous parle de la Conférence de Copenhague qui se tiendra dans 10 jours en se demandant ce qui va en sortir. Le constat qu'il ne nous restera pas grand chose permet une magnifique transition pour introduire "Effondrement". Les paroles parlent d'elles-même : "on vivra de rien du tout, quand on s'aime on s'en fout, notre amour c'est déjà beaucoup" ou "tu sais le monde peut bien s'écrouler, ça ne m'empêchera pas de t'aimer".
Puis vient une autre maginifique chanson d'amour, hommage : "La Mort à Johnny", issu de son précédent album La Blanche - Disque d'or. La salle qui s'est réveillée participe enfin.
Eric nous explique qu'il a eu l'occasion de faire la rencontre d'un psy. Pendant les séances, le psy lui demandait : "racontez-moi votre enfance". Lui, qui n'avait pas très envie, inventait des histoires ou racontait celles que ses grand-parents lui contaient. On apprend que la cause de ces séances provient d'une relation amoureuse avec "La Folle". C'est alors que l'on assiste à la sortie de la contrebasse qui donne un côté théâtral à la situation.
La folle, on aurait pu croire qu'elle était présente dans la salle : elle était là, grande, longue, avec ses cheveux blonds qu'elle enroule autour de ses doigts tel un toc, vautrée dans son fauteuil, jambes écartées, avec ses bottes marron. Les yeux remplis de larmes, elle renifle, pleure, puis éclate subitement de rire, surprise par le jeu de scène du chanteur.
Eric nous invite ensuite à un séminaire d'entreprise à la campagne avec "Allongé dans un pré en automne", Puis enchaine avec "Imbécile heureux", morceau qui met tellement sa voix sensuelle en valeur.
Il présente ses deux musiciens : Nicolas Deutsh qui a également réalisé les arrangements sur son dernier album et son guitariste qui, à l'appel de son nom, improvisera un solo de guitare à la Hendrix. Eric ne manquera pas d'ajouter : "un imbécile heureux..."
Nous aurons droit à "Alcoolique", morceau sur lequel il se jettera à genoux depuis le fond de la salle, pour un magnifique final. Eric aime bien en faire un peu trop...
Les trois musiciens quittent la salle et reviennent pour un premier rappel. Eric nous parle alors de deux types de chansons d'amour : celles qui finissent mal et celles qui commencent mal. C'est alors qu'il fera l'éloge de sa bien aimée, en empruntant parfois la voix de Nougaro : "Ma bite".
Il remercie ensuite Thibaut Derien, le photographe qui a collaboré à la réalisation du livret et qui expose ses oeuvres actuellement à l'Européen. Il enchainera avec une reprise improbable de Jean-Pierre Mader : "Macumba". Pour cette chanson qui tient tant à coeur des musiciens, Sylvain Gontard qui a joué sur le dernier album viendra accompagner les musiciens sur scène avec sa trompette.
Au second rappel, les deux musiciens arrivent seuls, Eric arrivera ensuite pour chanter "Mon ennemi" et sera rejoint par le trompettiste.
Un ultime remerciement pour celui qui a fait des lumières magnifiques ce soir.
Au deuxième rappel, la folle se sera calmée puis endormie, tombant de fatigue. Son visage semble alors apaisé. Elle se réveillera lorsque les lumières de fin de concert surgiront et disparaitra... |