Le Musée de l'Orangerie revient dans l'actualité muséale avec une très jolie exposition intitulée "Les enfants modèles" conçue par Emmanuel Bréon, conservateur en chef du patrimoine, directeur du Musée de l’Orangerie, qui trouve son origine tout simplement dans le goût de ce dernier pour les portraits de famille.
Donc pas vraiment de propos muséographique, si ce n'est qu'elle est consacrée au registre particulier des portraits d'enfants, mais un voyage au pays de l'enfance et de l'intime avec des enfants modèles ne sont pas des modèles comme les autres puisqu'ils sont, en outre, les propres enfants du peintre ou à défaut de ceux d'amis proches.
Exposition plaisir également qui bénéficie de surcroît d'une scénographie originale de Nathalie Crinière qui ordonnance les oeuvres à partir d'un dispositif central cruciforme qui isole quatre mini-espaces, dont l'un est consacré à la présentation de jouets qui distrayaient les enfants pendant les séances de pose, et d'une gamme de couleurs judicieuses qui animent les cimaises.
La chronique picturale des jours heureux
L'exposition
propose de se pencher sur la production la plus intimiste des
peintres et des sculpteurs qui ont choisi leurs enfants comme
modèles, en feuilletant en quelque sorte leur album de
famille, avec en parallèle une promenade à travers
l'art du 20ème siècle en remontant même
un peu en deçà avec Paul Gauguin et Berthe Morisot.
C'est également l'occasion de réviser son histoire de l'art en se rappelant, comme l'indique l'historien d'art Jean-Marc Irollo dans le catalogue de l'exposition, que le véritable portrait d'enfant n'est apparu qu'au 17ème siècle et qu'il a connu un véritable essor au 19ème siècle.
Portrait
de l'enfant, portrait de la mère et de l'enfant dans
la thématique de la femme à l'enfant ou de la
maternité chère par exemple à Mary Cassatt,
portraits de famille, toutes les déclinaisons sont présentes
et s'inscrivent totalement dans les choix et les conceptions
artistiques du peintre ou du sculpteur.
A côté des peintres célèbres qui croquèrent à l'envi leurs enfants tels Picasso, Pierre-Auguste Renoir ou Maurice Denis, le public peut découvrir des artistes moins connus comme Louis Bouquet, Lucien Jonas ou Albert Braïtou-Sala qui représentent avec beaucoup de tendresse leur famille.
Car
même si ces portraits s'inscrivent également, et
naturellement, dans l'œuvre d'un artiste avec ses choix
et ses conceptions picturales, ils sont toujours empreints d'amour
parental et vont au-delà du souci de la simple représentation.
A côté des portraits de bébés joufflus et des jeunes enfants plus ou moins sages, certains portraits de pré-adolescents sont particulièrement troublants comme le portrait de la fille de Tamara de Lempicka, le fils d'Yves Brayer ou la belle nièce alanguie de André Derain qui va au-delà de l'apparence.
Portrait psychologique, instantané de villégiature de bord de mer ou scènes de la vie quotidienne illuminent les cimaises.
Pour
ceux qui sont intéressés par le côté
"people" de l'exposition dans la mesure où
certains de ses enfants sont devenus des personnages célèbres
et des personnalités publiques tels Pierre et Catherine
Arditi ou Jean-Marie Rouart, Numa Vilano
Lazaro a réalisé un court métrage
dans lequel ces derniers évoquent leurs souvenirs émus
ou terrifiés des séances de pose.