Voilà une petite soirée sympa comme on les aime au Fil. Une centaine de personnes qui brave le froid et la neige pour se réchauffer dans "le club" au Fil, une petite scène au fond du bar, de la bière belge, Sharko, Joy… Une soirée pour nous rappeler que le Fil est aussi une salle qui s’ouvre aux événements locaux et qui nous offre alors des pauses plus intimistes appréciables, entre d’énergiques Fatals Picards et autres déments Sansévrino…
La Belgique s’invite donc au Fil pour un soir, à l’occasion du festival stéphanois "Made in Belgique". Un festival sur toute la ville pour mettre la culture Belge à l’honneur et cette soirée au Fil pour se rappeler à quel point la Belgique fait bouger la musique et le rock en particulier : dEUS, Ghinzu, Vénus, pour ne citer qu’eux et tous les groupes amenés dans leur sillage.
Ce soir justement, c’est un peu de Vénus qui nous revient à travers son leader Marc A. Huyghens, accompagné d’une percussionniste – choriste et d’une violoncelliste, pour nous faire découvrir Joy son nouveau groupe. Le concept épuré saisit son public dès les premières notes lui faisant vite oublier la neige et la salle encore peu remplie.
Le groupe nous soulève vers d’aériennes ambiances, portés par des arrangements de cordes oniriques. Flânant aux croisements d’imaginaires gospels elfiques irlandais ("Flesh") et de cascades mélodiques ("Empire" en début de concert), nous sommes souvent ramenés à terre par de violentes claques électriques ("Flag") pour mieux reprendre notre envol.
Puissante et planante, la musique de Joy a vraiment ce petit quelque chose qui fait que l’esprit est happé par ce va-et-vient entre apesanteur et vigueur.
A la fin de "Chains", dernier morceau du set, chacun peut apprécier l’émotion qui persiste aux sourires satisfaits qui se multiplient.
Très vite le changement de plateau s’effectue et David Bartholomé, le chanteur de Sharko rentre sur scène pour expliquer, usant de son humour bien connu, qu’il va laisser la place à une jeune chanteuse qu’il a connu sur le Net.
Cette frêle invitée, jeune demoiselle au charme timide, s’est fait connaître sur la toile à travers les vidéos de ses reprises aux arrangements de ukulélé simples et surtout grâce à sa voix chaude et sensuelle.
Cette jeune inconnue, répondant au nom de Morgane, Chipswow, ou Scampi ! sur le net, originaire de Saint-Étienne est donc propulsé sur scène par David ! La Belgique nous fait découvrir les talents régionaux !
Timide à la voix prometteuse, Morgane-Scampi-Chipswow interprète quelques reprises – dont "Dance, Dance, Dance" de Lykke Li, assez réussi – et présente quelques compositions. Elle terminera par une reprise de… Sharko avec le titre "Excellent", l’occasion pour le groupe d’entrer en scène pour l’accompagner et prendre la suite.
Pas si facile pour Sharko. La salle n’est pas franchement pleine, le public pas franchement prêt à recevoir le rock teinté de dance et énergique du groupe. Mais Sharko a plusieurs atouts : 10 ans de scène, 5 albums, de nombreuses tournées avec les plus grands (Muse, Vénus ou Ghinzu justement…), un son puissant, un jeu de scène vivant…
Le set démarre donc simplement et sans se presser, le groupe ramène dans son sillage la salle. David assure avec cette voix solide dans les graves et si reconnaissable quand elle monte dans des registres plus haut, toujours fiable. Rajoutant quelques touches d’humour bien contrôlées dans le jeu de scène, le public se décontracte et se rapproche.
Sharko le capte définitivement avec un "Excellent" dynamique qui colle littéralement les cinquante inconditionnels à la scène. Le reste du concert ne viendra pas démentir cette réussite et le groupe continuera à faire monter l’énergie et la température de la salle. Le dernier album Dance on the Beast sorti en 2009 faisant la part belle aux morceaux dansants et festifs, ses titres fonctionnent bien en live et viennent parfaitement appuyer des standarts bien accueillis comme "Sweet protection".
L’expérience a donc payé, en témoigne les chants du public sur la dernière chanson, sans cesse plus forts, motivés par un David particulièrement débridé : "No contest, I am the best !".
Histoire de ne pas retrouver l'hiver tout de suite, le public a rappelé plusieurs fois Sharko qui a tout naturellement terminé par trois morceaux non prévus au programme, le batteur laissant sa place au chanteur pour prendre la basse. Mais comme les meilleurs histoires belges ont une chute réussie, après une dernier morceau généreux Sharko a regagné sa loge sous les applaudissements – bien mérités, laissant à chacun le choix de retrouver soit une bonne bière belge soit une neige glacée bien de chez nous ! |