Une
des dernières expositions françaises présentant
des oeuvres de Valerio Adami, considéré comme
un représentant majeur de la Nouvelle figuration, était
l’exposition thématique et collective consacrée
au vrai faux mouvement de la Figuration narrative qui s’est
tenue en 2008 au Grand Palais où étaient exposées
ses grandes toiles à l‘acrylique aux couleurs saturées,
affiliation que, au demeurant, il ne cautionne pas dès
lors que pour lui la peinture ne relève ni de l'illustration
ni de la narration mais de la rhétorique.
Chez son galériste, à la Galerie
Daniel Templon, il présente un des aspects de
son travail sans doute moins connu du grand public que sont
ses dessins préparatoires et qui ne revêtent le
caractère ni d’études, ni d’esquisses
ou d’ébauches qui concourent à l’élaboration
d’une œuvre, mais des dessins achevés extrêmement
précis, le canevas, la matrice ("le moi du tableau
est dans le dessin"*) qui sera repris in extenso sur la
toile avec la mise en couleur, outil représentatif de
l’allégorie.
"Le dessin a été la discipline de ma vie"*
Dans
ces dessins qui datent des trois dernières années
se retrouvent les thématiques fondamentales et récurrentes
du peintre, du souvenir de voyage à la mythologie, dont
chaque toile représente un épisode d’une
vaste fresque autofictionnelle qui ressortit à la fois
au journal de voyage et au carnet intime.
Sans craindre une tautologie qui en l’espèce est
particulièrement signifiante, les dessins très
graphiques de Valerio Adami révèlent non seulement
la virtuosité et la maîtrise du trait, parfois
éclipsés par sa volubilité chromatique,
mais également le secret de l’acte primordial de
sa création picturale qui est un acte d’écriture.
Ce
trait noir géométrique à la mine de plomb
qui imbrique la ligne droite, une ligne résolument cubiste,
et le trait noir qui évoque à la fois celui des
expressionnistes qui cerne la forme mais également le
plomb sertit le verre des vitraux et le maillage de la mosaïque,
reconstitue le travail de reconstruction mnésique fait
par l’artiste puis dans la représentation.
Une représentation en deux dimensions, sans chair ni
ombre, "dessins sans ombre ni angoisse, où la lumière
et l'obscurité sont enfermées ensemble dans la
ligne*".
Ces dessins, "entre dessin et dessein"*, révèlent
que Adami est avant tout un dessinateur qui s'inscrit dans la
tradition classique du dessin italien et qui porte en lui une
dimension bien évidemment symbolique et poétique
mais également spirituelle et métaphysique. |