Ce début de soirée au Café de la Danse commence de façon plutôt paisible. La salle remplit doucement ses gradins lorsque entre en scène, la première partie de Narrow Terence pour un set coloré, pas vraiment transcendant, ni même original dans un répertoire hésitant entre pop et folk, entre Arcade Fire et Brian Molko. Bref, les Sugar Plum Fairy, formation minimaliste incluant clavier/basse/batterie nous ont offert une prestation tout à fait honnête sur une scène parsemée de boules blanches réceptionnant, tels des écrans lumineux, les images projetées. Hypnotisant ! Un seul regret me vient alors : c’est au moment où le chanteur/pianiste entonne les dernières compos du trio que le public semble se laisser embarquer ! Ce petit manque de synchronisation est l’unique grain de sable qui enraille une mécanique déjà bien huilée.
Puis vient alors, un groupe qui semble attendu par une horde de fans. Narrow Terence est un groupe français qui, depuis 2002, a visiblement acquis la reconnaissance d’un public plutôt expressif. En effet, on parvient facilement à capter chez ce groupe le réel plaisir de partager sa musique, d’occuper les lieux, de sentir les échos généreux de l’auditoire. Ils avaient alors, au Printemps de Bourges, été projetés dans la catégorie "Découvertes", comme ces belles trouvailles qui méritent un petit coup de pouce !
Cette formation polyvalente, jouant sans cesse au jeu des chaises musicales, s’amusant d’un instrument, puis d’un autre, a su insuffler à la salle une énergie immédiate. Cela, tout simplement en proposant des compositions nuancées et pleines de force. Pour résumer : mélangez les influences de plusieurs continents du globe (riffs sud-américains imprégnés de surf music, de folk, de rock et de métal), secouez le shaker avec une pointe d’humour entre les morceaux et vous obtiendrez un live euphorisant, intelligent, un patchwork d’une belle cohérence. Tout naturellement, on décerne une mention spéciale à "Cave in hell" qui diffuse une mélodie envoûtante, d’une voix susurrante. L’émotion est également palpable quand la talentueuse violoniste se met au micro accompagné de l’un des chanteurs, pour une ballade consacrée à l’histoire d’un homme qui perd son meilleur pote et sa petite amie en partance pour un week-end en Espagne. La trahison, portée à son plus haut degré par l’harmonie des deux voix, n’avait jamais semblé aussi douce.
On sent dans l’âme du chanteur principal, armé d’un timbre plus rauque, de fortes inspirations métal. Entre batterie, guitares, violon sinueux, voix tranchantes, compos enlevées, nos tympans frétillent. C’est donc à l’unisson, sous la pression de la "Mexican wave" que le groupe revient pour achever son set en beauté avec un rappel. Il attaque l’instrumental contestataire "Narco Corridos" après un petit préambule déclamé avec malice et ironie. Les pédales fonctionnent, le son de la guitare se distord, le violon suinte de nervosité. Le Mexique est sur le pas de la scène, à portée d’oreille. Quoi qu’il en soit, rien ne nous empêche de faire l’apologie des talentueux trafiquants de musique ! En somme, une soirée 100% pur jus, hautement réussie. |