Comédie
musicale de Oscar Castro et Pierre Barouh avec la Troupe du
Théâtre d'Aleph et le 18 Latin'Actors.
Les spectacles d'Oscar Castro, fondateur et directeur du
Théâtre Aleph, auteur, comédien et metteur en scène, sont toujours
un régal pour le spectateur qui a "osé" s'aventurer au delà du
périphérique en y laissant les codes et les registres de la posture
théâtrale pour rejoindre à Ivry ce lieu unique d'amour du théâtre
et de convivialité prônant un théâtre qui est comme la vie, qui
se vit, s'éprouve et ne s'enseigne pas.
Jusqu'en juillet, le Théâtre Aleph met à l'affiche une reprise exceptionnelle de "La maison accepte l'échec", spectacle co-signé Oscar Castro et Pierre Barouh qui n'avait jamais été repris depuis sa création en 1987.
Au Théâtre Aleph, le spectacle, en l'occurrence sous forme de comédie musicale alors même que musique et danse font toujours partie intégrante de ses créations, aborde une thématique universelle et intemporelle, en l'espèce l'argent, qui s'inscrit dans un cadre plus large qui, non seulement met en abime le théâtre, mais l'inclut dans la sphère politique.
Un homme de théâtre latino-américain de seconde zone, un peu escroc et beaucoup dans la mouise, animateur d'un stage de formation théâtrale un tantinet folklorique pour des amateurs tous aussi illuminés les uns que les autres qui préparent leur spectacle de fin de session basé sur le roman "Cet ans de solitude", doit impérativement renflouer ses caisses. Aussi imagine-t-il de justifier une soudaine augmentation de tarif par l'extension du stage à une hypothétique initiation au travail de la caméra avec un de ses amis cinéaste à la petite semaine qui filmera le spectacle.
Cela donne une sorte d'épopée épique et baroque qui conduira à la représentation du spectacle répété dans une sorte de chaos dans lequel les protagonistes, des hommes et des femmes ordinaires qui ont envie de réaliser leurs rêves subissent une sorte de transmutation magique en vrais personnages de théâtre.
Le spectacle, qui résiste à toute velléité d'étiquetage et
de comparaison, est nimbé de ce réalisme magique tout aussi
présent dans le roman de Gabriel Garcia Marques que dans l'oeuvre
de Fellini dont les références truffent le spectacle, ce qui
imprime à ce dernier une singulière esthétique flamboyante.
Il est également divertissant ce qui n'est pas la moindre de
ses vertus pour qui a envie de vivre pleinement ce moment de
partage où, pour le coup, c'est un théâtre qui montre l'homme
à l'homme.
Oscar Castro prête sa verve et sa truculence, plus vraies que nature, au coach dilettante et ses"vaches à lait" sont totalement incarnés par les acteurs professionnels de la Troupe du Théâtre d'Aleph et les élèves-amateurs du 18 Latin'Actors. Et puis, après le spectacle, inutile de camper devant l'entrée des artistes : ils vous attendent à la sortie de la salle pour vous convier à partager avec eux le plat de l'amitié ! |