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Black Tambourine  (Slumberland)  avril 2010

Il aura fallu vingt ans et deux rééditions pour installer Black Tambourine au panthéon du rock alternatif américain. Il y a encore peu, le groupe était seulement connu par quelques geeks poppeux, collectionneurs obsessionnels et assidus de labels obscurs... Aujourd'hui on ne compte plus les chroniques dithyrambiques et les adjectifs élogieux à propos d'un groupe qui, de son vivant, a intéressé environ 25 personnes. "The wrong persons at the wrong time"...

Cette expression semble coller à la peau des Black Tambourine. Pendant leur courte carrière, de la fin des années 80 au tout début des années 90, le groupe était un peu hors sujet dans leur ville native de Washington DC. Alors que le rock américain vénérait les grosses guitares et se préparait à l'explosion grunge, les Black Tambourine jouaient un pop nerveuse, mélodique, noyée dans des guitares en buisson d'épine, une formule largement utilisée par les groupes anglais The Jesus And Mary Chain, ceux du mouvement C86 (dont le Wedding Present faisait partie) ou encore par le shoegazing naissant (Ride, My Bloody Valentine).

Seulement voilà, le groupe passe relativement inaperçu et se sépare. Deux des membres iront rejoindre la formation Velocity Girl qui profitera de l'intérêt grandissant et général pour le label Sub Pop. En 1999, le label des Black Tambourine, Slumberland, sort Complete Recordings, une réédition des quelques morceaux enregistrés par le groupe. Malheureusement à l'époque, la formule basique et spontanée de la pop jouée par le groupe ne fait plus recette et cette réédition passe inaperçue. Il faut dire que l'on est en pleine folie post-rock et les morceaux doivent être longs, "réfléchis". Bref à l'époque, mieux vaut citer Steve Reich et le krautrock allemand que la noisy pop britannique.

Heureusement 2010 et la fameuse crédibilité indé arrivent. Par la grâce d'un revival noisy pop, de quelques girls (les Vivian, les Dum Dum), des The Pain Of Being Pure At Heart, Black Tambourine récolte enfin le bénéfice du révisionnisme si fréquent dans le rock indépendant. Les tant redoutés Pitchfork ne tarissent pas l'éloge de "la séminale formation". Cette réédition permet de juger sur pièce des indéniables qualités du groupe. Les fans de The Pain Of Being Pure At Heart, des Vivian Girls, Dum Dum Girls y trouveront clairement leur compte. Le groupe alterne morceaux immédiats, naïfs, typiquement Twee Pop ("Drown", "We Can't Be Friends", "Throw Aggi Off The Bridge") et moments plus mélancoliques et sombres ("Pack You Up" et le magnifique "Black Car"), à rapprocher de la pop bruitiste sous tranxène de My Bloody Valentine. Plus que les dispensables démos et deux reprises de Buddy Holly et de Suicide, cette réédition restera surtout l'occasion de récupérer une version vinyle des aventures sonores et soniques de Black Tambourine.

 

En savoir plus :
Le Myspace de Black Tambourine


Julien P.         
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