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puce Peter Doherty - Marie Flore
L'Aéronef  (Lille)  dimanche 31 octobre 2010

Il y a quelques années, il aurait pu y avoir quelque chose d'ironique à assister à un concert de Pete Doherty le soir d'Halloween, la veille de la Toussaint. Revenu d'entre les morts qu'il a certainement cotoyé de près au cours de ses années sombres, des Libertines aux Babyshambles, le rocker pour jeunes filles un peu rebelles s'est racheté une conduite en même temps qu'il a retrouvé le "r" qui manquait à son prénom. Dans la plus pure tradition anglaise (Syd Barret...), Peter Doherty s'est ainsi offert un album fragile, en déséquilibre, léger, insaisissable, d'une beauté que les seules techniques d'écriture et de composition n'auraient jamais permis d'atteindre. Ceux qui ont déjà été hanté par "Salome" ou "A little death around the eye" doivent savoir de quoi je veux parler.

On était donc curieux de voir ce que l'ex-bad boy de la brit pop pouvait désormais donner sur scène. On n'a pas été déçu. Premier constat : le public reste majoritairement composé de minettes, quoique parfois les minettes soient devenues vieilles. Adolescentes flétries, en quête des vertiges passés, jamais revenues des Libertines.

Deuxième constat : si Peter Doherty n'était pas Peter Doherty, s'il s'appelait, par exemple Robert Planchard, et qu'il jouait sur scène comme il a joué hier soir, il aurait été hué, à n'en pas douter. Voilà : Peter Doherty est Peter Doherty, et il le sait.

Ainsi peut-on lire sur sa page Myspace : "I’m really curious to find out what people honestly think, particularly critics, because in a way you can kind of bank on certain people’s opinions. You know that if someone’s into you then they’re into you, whereas critics are gonna look at it less subjectively". Tout est dit : pas besoin de se fatiguer pour les fans, on peut compter sur leur appréciation. Le pire, c'est que le concert lui donne raison.

Tout fonctionne sur cette illusion fondamentale : qu'il pourrait exister quelque chose comme le talent et que Doherty en serait fort pourvu. Comme s'il suffisait de faire, faire n'importe quoi, n'importe comment, sans y réfléchir, juste faire, et que cette chose magique appelée talent fasse que ce n'importe quoi serait n'importe quoi mais génialement. Doherty lui-même doit y croire ou s'en moquer, pour jouer ainsi.

Les titres joués proviennent de tout le répertoire de l'artiste, un peu sans queue ni tête, peut-être, et l'on peut dire tout au moins que les titres finement ciselés de Grace / Wasteland, son album solo, ne retrouve pas sur scène l'alchimie délicate qui les rendait si délicieux. On a parfois l'impression d'assister à un gâchis incomparable, ou plutôt comparable seulement aux sessions catastrophiques que Syd Barret tint avec les membres de The Soft Machine et dont on peut encore par exemple entendre des échos sur le très documentaire Opel.

N'importe quoi, peut-être aussi, l'intervention des deux danseuses "classiques" sur une demi-douzaine de titres, qui viennent dérouler autour du chanteur leurs arabesques parfois approximatives, tout en jouant à déchirer une version pré-découpée de l'union Jack, clou d'un spectacle certainement trop grandiloquent pour être honnête. Des danseuses sur scène, Hawkwind l'avait fait aussi, mais encore faudrait-il s'interroger sur le lien qu'il resterait à faire entre l'expression corporelle et l'expression musicale, la gratuité n'étant pas gage de qualité...

Bien sûr, Doherty connaît son affaire et il sait alterner les moments d'errances avec les instants de grâce, provoquer gentiment le public ou s'effacer derrière ses invités ; il sait se rendre insupportable, poseur, dandy affecté, pour l'instant d'après retrouver une candeur non feinte dans le plaisir à faire chanter joyeux anniversaire par tout le public à l'intention de Marie Flore, qui avait assuré sa première partie et qu'il avait rappelé sur scène le temps d'un duo. On lui reconnaîtra tout au moins cette authenticité : d'avoir osé se mettre en danger, seul et nu, et d'avoir affronté ce danger jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à l'échec. Peter Doherty se cacherait-il dans sa propre ombre, gigantesque ? On entretiendrait volontiers la légende du rock éternel à penser que tel est le prix à payer pour les beautés d'un album précieux.

Des premières parties de la soirée, on n'avait jamais entendu parlé, pour être honnête. Et c'était pour Marie Flore une grave erreur.

Dotée d'une voix proche de celle de Chan Marshall (Cat Power), la chanteuse parisienne vient de livrer son premier mini-album. On regrettera sur scène hier l'absence de ses musiciens, pour un set acoustique qui aura eu un peu de mal à s'imposer aux fans d'un autre, véritable gageure, malgré l'aplomb et la belle assurance affichée, par-delà une fragilité plus jouée qu'assumée.

On ne manquera cependant pas, à la première occasion, de se précipiter la voir sur sa propre scène.

De l'autre première partie, on n'aura pas retenu le nom, perdu dans le brouhaha d'une salle de concert.

Et ce n'est peut-être pas plus mal, puisqu'il y aurait surtout beaucoup de mal à en dire. Comme Peter Doherty seul en scène armé d'une guitare acoustique, il chante parfois à côté du micro, affiche une arrogance aux airs de simplicité, et délivre des compositions aux trajectoires parfois incertaines. Mais son nom n'est pas Peter Doherty.

 

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En savoir plus :
Le Myspace de Peter Doherty
Le site officiel de Marie Flore
Le Myspace de Marie Flore
Le Facebook de Marie Flore

Crédits photos : Cédric Chort (Toute la série sur Taste of Indie)


Cédric Chort         
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