Chateau Brutal dans la petite Malterie de Lille ? Pourquoi pas.
Après avoir tourné dans pas mal de scènes françaises et belges, Chateau Brutal s’est fait remarquer par son côté bien gras sur scène, ou par la scène alternative "Brutal Palace" qu’ils ont initiée au festival Les Nuits Secrètes d’Aulnoye-Aymeries qui se distingue par le bruit, et l’ambiance qui en émane.
Mais plus d’électro de leurs débuts pour Chateau Brutal : pas assez fort.
Maintenant sur scène, c’est du gros rock sans pincettes qu’ils proposent maintenant, sans chichi, sans rond de jambe.
Sur scène on retrouve l’énergie et la puissance de ce duo, sans grande inventivité il faut le dire. Les mêmes débuts et les mêmes fins de morceau, un contenu qui sonne fort et qui joue vite en suivant la même recette, des paroles peu présentes mais dont on se passerait bien, le tout ponctué de quelques mots gras et je-m’en-foutiste entre deux morceaux.
Bref, on accroche, on n'accroche pas, en tout cas ça amorce la soirée et on n’en est que plus attentif au groupe suivant qui entre sur la petite scène de la Malterie dans une attitude bien différente.
Zëro entre en scène avec le morceau "The Opening", et c’est quand même autre chose. Ici, la puissance musicale est également au rendez-vous mais c’est la recherche de la perfection et de la rigueur qui prime. Les guitares n’apprennent pas à voler, chacun des quatre musiciens est parfaitement concentré sur son instrument dans une formation assez classique guitare, basse, clavier et batterie.
Le groupe, "nouveau départ à zéro" du groupe Bästard pour la majorité, a a priori bien évolué depuis ses débuts qui semblaient un peu décevants sur scène, le public de Bästard ne retrouvant pas son compte dans les premiers concerts plus calmes et moins puissants de cette nouvelle formation.
Mais depuis, le rythme s’est accéléré, les arrangements riches ainsi que la superposition des styles musicaux et des mélodies subtiles les ont fait monter d’un cran et le groupe a rencontré un nouveau public qui sait les apprécier. Il faut dire que leur dernier album Diesel Dead Machine est un petit trésor à déguster.
Et on est chanceux ce soir, car la setlist est en majorité importée de cet album, ce qui nous permet de profiter pleinement à plein volume de quelques unes de leurs plus belles créations telles que "Bobby Fischer", magnifique union des atmosphères agitées et du pointilleux de leur musique, "Pigeon Jelly" et son ascension progressive suivie d’une libération sonore hors du commun, ou encore "Enough... never enough", et son alternance entraînante du rythme.
Durant le concert, chaque musicien prend la place de l’autre hormis pour le batteur, et si cela permet de profiter du talent de chacun, ça casse un peu l’ambiance parfois, dommage. D’ailleurs, le groupe joue clairement pour lui-même sans trop d’échanges avec le public, ne serait-ce que visuels. Mais malgré tout, l’ambiance s’est bien installée et la voix caractéristique et reconnaissable du chanteur Eric Aldea teintée d’une tonalité assez fantastique peut suffir à faire le lien entre les deux côtés.
Un sentiment de liberté et une envie de s’évader, voilà ce qui transpire de ces compositions en majorité instrumentales. Une soirée comme on les aime. |