En liaison avec la 44ème assemblée générale de l'Académie Internationale de la Céramique, structure associative internationale pour la promotion de cet ancestral art du feu, les Ateliers d'Arts de France, la chambre syndicale des artisans d'art, impulse et déploie une action monstrative sans précédent autour de la création céramique contemporaine.

Pas moins de deux sites institutionnels, le Musée des Arts Décoratifs et la toute jeune Cité de la Céramique à Sèvres qui, depuis janvier 2010, a réuni la Manufacture nationale de Sèvres et le Musée National de la céramique, et de nombreuses galeries lui ont ouvert leurs portes.

Le Musée des Arts Décoratifs accueille 65 artistes au sein de ce "Circuit Céramique - La scène contemporaine française" orchestré de main de maître par Frédéric Bodet qui propose un mode opératoire particulièrement excitant.

Un passionnant circuit exploratoire, alerte et instructif

En effet, l'exposition débute, de manière classique, dans les salles consacrées aux expositions temporaires, et se poursuit sous forme d'un parcours marathonien puisque les oeuvres sont instillées au sein du fonds permanent des arts décoratifs qui, du Moyen-Age au début du 20ème siècle, investit deux niveaux.

Et surtout, il revêt le caractère d'une véritable jeu de piste, ne pas oublier de se munir du dépliant pour s'y retrouver dans un dédale parfois labyrinthique de salles, doublé d'une révision de l'histoire de l'art décoratif et d'une alléchante chasse au trésor dès lors que les pièces contemporaines y sont installées en résonance avec les objets d'un autre siècle.

Le 5ème étage, sont réunis des talents émergents dans une exposition tri-thématique : le corps et ses métamorphoses, le paysage imaginaire et l'objet revisité par le décor.

Particulièrement remarquables la puissance figurative de Elsa Sahal, l'expressionnisme hiératique de Aurélien Lam Woon Sin, le minimalisme "morandien" de Marit Kathriner, la sensualité des bustes à l'antique de Gustavo Lins et remarqués les sex-toys biscuit et or de Jeffrey Haines.

Ensuite, au fil des salles, toutes les potentialités du matériau sont explorées au gré des imaginaires et des savoir-faire, du conceptuel au figuratif, et chaque pièce in situ interpelle le visiteur.

Car Frédéric Bodet prend un malin, et intelligent, plaisir à varier les appariements en affinité et contrepoint.

Où se cache Michaele André Aschatt dans la chambre à coucher Louis Philippe ? L'usine de Marc Alberghina côtoie les meubles incrustés de nacre et les fleurs-mollusques de Grégoire Scalabre investissent le cabinet des fables.

Les extra-terrestres de Michel Gouery sont les gisants assis d'une autre dimension et le travail de Ruth Gurvich ressortit à l'exploration formelle évidente.

 

 

 

 

 

 

 

 

Une exposition exigeante et passionnante, exemplaire quant à son éclectisme et sa diversité, qui mérite de prendre son temps pour ne rien en rater.